Le carambolage politique à Québec: quand les oppositions en arrachent en fin de session
Auteur: Adam David
Le PLQ sous l’emprise des enquêtes et de la survie
On se souviendra de cette fin de session parlementaire comme d’une véritable réaction en chaîne, un gros carambolage politique qui n’a épargné personne à l’Assemblée nationale, même après le fameux face-à-face initial entre le gouvernement Legault et les médecins. Avouons que c’est surtout du côté du Parti libéral du Québec et de Québec solidaire que ça a brassé le plus fort cet automne.
Prenez Pablo Rodriguez, par exemple. Le chef rêvait sûrement de parcourir le Québec pour rencontrer ses militants, mais, ironie du sort, il a passé le plus clair de son temps à faire la navette entre Montréal et Québec. Il se retrouvait coincé : trop près de son caucus, mais pas assez loin du quartier général montréalais. Comment garder les deux mains sur le volant, comme le veut la bonne vieille expression libérale, quand on est cerné par les problèmes ?
Les tuiles s’accumulent pour M. Rodriguez : il y a eu le congédiement de sa cheffe de cabinet, Geneviève Hinse, puis l’expulsion de sa cheffe parlementaire, Marwah Rizqy, sans parler des enquêtes qui se multiplient, impliquant l’UPAC, la commissaire à l’éthique et le Directeur général des élections du Québec. Malgré ses protestations — il répète qu’il n’a rien à se reprocher — il est clair qu’il entraîne les 18 députés libéraux avec lui dans ce chaos. C’est une lutte pour sa survie politique, rien de moins.
Les étoiles libérales éclipsées par les scandales du chef
Ces députés libéraux, on dirait qu’ils sont coincés sur la banquette arrière, non? Après la défaite électorale de 2022 et le départ de l’ancienne cheffe Dominique Anglade, le caucus a passé deux ans et demi à reconstruire les murs, brique par brique, mais ils se retrouvent maintenant au plus bas des sondages. C’est difficile de faire son travail quand l’ambiance est pareille. Il y a des nouveaux venus, parfois aux aptitudes inégales, qui ont dû apprendre le métier sur le tas, tandis que les vieux routiers devaient gérer les chicanes internes. D’autres, heureusement, ont trouvé le moyen d’embarrasser le gouvernement.
Le problème, c’est qu’au moment où tout le monde avait enfin trouvé sa place, voilà que les élus libéraux ont l’impression de devoir remettre le compteur à zéro, uniquement à cause des déboires de leur chef et de sa course à la direction. Est-ce qu’on parle encore des demandes d’accès à l’information cruciales du député Monsef Derraji au sujet du fiasco SAAQclic? Ou de la pression intense d’André Fortin pour freiner l’hémorragie du réseau de la santé en Outaouais ? Les histoires de l’UPAC et de brownies échangés pour des votes ont tout simplement éclipsé ces efforts.
Et que dire de Marc Tanguay et ses grandes démonstrations théâtrales pour répliquer à François Legault? Sans oublier Frédéric Beauchemin, un des rares députés de l’opposition avec assez d’expérience professionnelle pour poser des questions pertinentes sur les finances complexes du Québec. Même les deux étoiles montantes du caucus, Madwa-Nika Cadet ou Michelle Setlakwe, brillent beaucoup moins ces jours-ci, c’est dommage. Leurs détracteurs sont clairs : si l’on en croit ceux qui semblent être en mission commandée pour obliger Pablo Rodriguez à partir avant Noël, rebâtir la crédibilité prendra beaucoup trop de temps. La question qui tue demeure : comment s’en sortir si le mot UPAC le suit partout, même sans accusation? Difficile de se rendre aux prochaines élections en n’ayant que les déboires du chef comme bilan pour les 18 députés.
Les tiraillements de Québec solidaire et l’accélération du Parti québécois
Québec solidaire (QS) n’a pas été capable d’éviter l’accident, même si l’impact est moins retentissant que chez les libéraux. On dirait bien que le pire ennemi de Québec solidaire, c’est… Québec solidaire. Les fissures internes ont refait surface cet automne, comme à chaque session parlementaire. Ça fait deux dernières années qu’ils n’arrivent jamais à la fin des travaux sans avoir à s’expliquer sur leurs déchirements.
Cette fois, l’enjeu, c’était l’exclusion-départ de Vincent Marissal. On comprend que ses ex-collègues se soient sentis trahis : négocier avec le Parti québécois pour rejoindre leurs rangs, en politique, c’est un péché impardonnable. La loyauté envers le parti qui vous a fait élire, c’est non négociable, je suppose. Malgré cela, QS doit faire une introspection, car Marissal disait ne plus pouvoir tolérer le grand écart entre les aspirations des militants et la réalité de l’Assemblée nationale. C’est une question récurrente : « Allez-vous faire une introspection? »
La cheffe parlementaire Ruba Ghazal, dont la fougue est certaine, maintient que le parti aspire à gouverner, même s’il penche de plus en plus à gauche. L’élection de Sol Zanetti — qui se décrit lui-même comme antisystème — comme co-porte-parole en est la preuve. Mais la ferveur souverainiste de Zanetti semble mieux dosée que celle de Ghazal, qui donne parfois l’impression de « démoniser » le Parti québécois, nuisant ainsi à son argument sur l’immigration. Leur position sur le conflit de travail à la Société de transport de Montréal (STM) fut aussi un défi. Comment peut-on se targuer de représenter les moins nantis tout en appuyant une grève qui les prive de leur seul moyen de transport? Ç’a été un cadeau pour le gouvernement, permettant au ministre Jean Boulet de justifier le devancement de l’application de sa loi limitant le droit de grève, même si, heureusement, une entente est survenue juste à temps. Malgré le recul, Gabriel Nadeau-Dubois (porte-parole en éducation) et Manon Massé terminent leur mandat avec des interventions efficaces. Ils laisseront un grand vide en 2026, tout comme Christine Labrie. Bref, les députés solidaires font entendre la voix des minorités, mais on dirait qu’ils roulent constamment sur des cailloux.
Pendant ce temps, le Parti québécois (PQ), lui, file devant, comme s’il roulait à 200 km/heure sur une autoroute dégagée! Le chef Paul St-Pierre Plamondon invite même le premier ministre à déclencher des élections anticipées, c’est dire s’il est confiant. Il est prêt à foncer dans le mur, même si une partie de son électorat lui a reproché ses propos sur « l’aplaventrisme et la vacuité intellectuelle » des porte-parole culturels après la nomination du ministre fédéral Marc Miller. Il s’est excusé, mais maintient le fond de sa critique.
L’entourage libéral et caquiste crie à la radicalisation du PQ, une étiquette qu’ils vont tenter de lui coller à deux. Est-ce vraiment un radical, ou juste quelqu’un qui veut tester les limites, après avoir été traité de « soupe au lait »? Après avoir répété sa promesse de référendum dans un premier mandat, la présentation du livre bleu cet automne n’était pas qu’un exercice pédagogique. Le premier chapitre, sur le développement des relations internationales, n’a pas fait de vagues chez les fédéralistes, mais le deuxième, sur la monnaie québécoise, a permis de tester l’acceptabilité de cette option. Pas de remous majeurs, peut-être parce que ce n’est pas encore la priorité de la majorité. Mais St-Pierre Plamondon pourrait voir cela comme un feu vert pour repousser encore les limites. Le PQ est d’ailleurs déjà prêt pour la partielle de Chicoutimi, laissée vacante par Andrée Laforest. Les sondages suggèrent que l’équipe (qui compte déjà des élus comme Pascal Paradis, Catherine Gentilcore et Alex Boissoneault) pourrait bien accueillir un septième élu, dès que le gouvernement se décidera à lancer la campagne.
Éric Duhaime : seul mais plus crédible, et une curieuse alliance

On termine avec Éric Duhaime, qui semble toujours seul dans sa voiture. L’élection partielle dans la circonscription d’Arthabaska lui a pourtant offert la meilleure chance à ce jour d’entrer à l’Assemblée nationale. Manque de chance, il a encore raté la sortie pour le Parlement.
Ceci dit, on ne peut nier qu’il a fait du chemin. Le Parti conservateur du Québec a gagné des points de crédibilité depuis la pandémie. Ses positions font mouche, notamment en exigeant une baisse des taxes sur l’essence et en martelant l’injustice pour les Québécois de payer pour le marché du carbone, contrairement au reste du Canada. Tranquillement, on le voit s’éloigner de la frange la plus radicale qui l’avait caractérisé au pire de la COVID-19.
Son alliance avec l’ex-ministre caquiste Maïté Blanchette-Vézina pourrait être intéressante. Maintenant qu’elle est députée indépendante, elle peut l’inviter à l’Assemblée nationale, lui donnant une visibilité inespérée. Attention : Maïté Blanchette-Vézina ne rejoint pas le PCQ, du moins « pour l’instant », ce qui la distingue de Claire Samson, avec qui Éric Duhaime avait eu une entente similaire il y a quatre ans. L’accord actuel porte sur le partage d’idées pour la défense des régions. Pour Duhaime, ça veut dire qu’il devra parfois s’asseoir dans le siège du passager. Mais qui sait vraiment où cette nouvelle route pourra les mener ?
Au final, cette fin d’automne politique fut une période pleine de turbulences pour l’opposition. Tandis que le PQ s’envole en tête, le PLQ et QS doivent gérer leurs crises internes. C’est un paysage mouvementé, qui semble préparer la table pour une prochaine course électorale intense. Et pour ceux qui s’inquiètent pour le gouvernement, il faudrait peut-être se pencher sur l’analyse qui parle de « L’Everest de François Legault ».
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