François Legault révèle le prix de la crise : « Sans cette tempête, on n’aurait jamais rien réglé » avec les médecins
Auteur: Adam David
La crise était-elle intentionnelle pour débloquer les négociations?

Le premier ministre François Legault s’est récemment confié, sans filtre, à Paul Larocque pour l’émission Le Bilan, qui devait être diffusée sur LCN à 19h. C’est une entrevue d’une trentaine de minutes où il est revenu sur l’épineux dossier de la loi spéciale, adoptée sous bâillon cet automne, concernant le mode de rémunération des médecins de famille.
Le psychodrame provoqué par cette réforme majeure – qui a vu une quarantaine de GMF menacer de fermer leurs portes, sans parler des omnipraticiens qui annonçaient vouloir s’exiler en Ontario ou carrément prendre leur retraite – était-il vraiment la seule façon d’avancer? D’après Legault lui-même, oui. Il l’a dit sans détour : «Si on n’avait pas eu cette crise, on n’aurait rien réglé».
Cependant, le premier ministre laisse entendre que, tout au long de cet affrontement, Québec avait toujours eu en tête de faire des concessions à la fin. Quand on est en pleine négociation, il est évident qu’on ne commence jamais là où l’on souhaite aboutir, n’est-ce pas? C’est la stratégie classique, on «ne part pas là où on veut arriver», comme il l’a si bien formulé. Mais quel coût humain et politique pour en arriver là, franchement.
L’entente finale : Un recul sur les pénalités, mais un gain sur la capitation

Rappelons que la position initiale de Québec était particulièrement rigide, prévoyant d’imposer des pénalités sévères si les cibles de prise en charge n’étaient pas atteintes. Au départ, c’était une menace de 25% de pénalité sur les honoraires, une proposition qui a vite été tempérée à 13%. Finalement, le gouvernement a fait un virage à 180 degrés pour accorder des primes, et non des pénalités, fixées à 2,5% pour des objectifs, qui plus est, devenus «volontaires». Un sacré revirement!
Malgré cette marche arrière sur les sanctions, François Legault insiste sur le fait que le gouvernement a remporté une victoire historique. Il se félicite qu’un principe clé ait été implanté : désormais, 50% des honoraires des médecins de famille seront alloués selon le principe de la capitation, soit la prise en charge concrète des patients. Le premier ministre souligne que cela faisait vingt-cinq ans que les gouvernements successifs tentaient de mettre en place ce mécanisme sans succès.
Qu’est-ce que cela signifie concrètement pour vous, pour nous? Legault promet que grâce à cette entente, «d’ici l’été prochain», ce sont des centaines de milliers de Québécois supplémentaires qui auront enfin accès à un médecin de famille. C’est un point qu’il tient à marquer. C’est intéressant, car la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ) affirmait pourtant qu’elle était ouverte à cette approche de capitation depuis le début des pourparlers. Pourquoi avoir eu besoin d’un tel bras de fer, alors?
Les dommages collatéraux : Carmant, Dubé et l’intervention de Doug Ford
L’affrontement avec les fédérations médicales a laissé des cicatrices profondes au sein du gouvernement. L’une des pertes les plus dures fut celle de Lionel Carmant, un ami personnel de Legault. M. Carmant a quitté le caucus de la CAQ en raison de la pression exercée par sa conjointe et sa fille, qui sont toutes deux médecins spécialistes. La porte pour un retour reste ouverte, affirme Legault, mais pas à titre de ministre, car il n’a pas l’intention de procéder à d’autres remaniements. Dur, dur, de mêler politique et famille.
Même le ministre de la Santé, Christian Dubé, bien que semblant plus effacé dans la dernière ligne droite, a payé le prix. Legault insiste cependant que son ministre n’a jamais été «tassé». Le premier ministre a plutôt pointé du doigt le négociateur en chef des médecins spécialistes, qu’il accuse d’avoir été «très dur» avec M. Dubé. Pire encore, il estime que c’est Lucien Bouchard – son ancien mentor en politique! – qui a «démonisé Christian Dubé». Une critique des positions du ministre, c’était aussi une critique de celles du premier ministre, fait remarquer Legault.
L’épisode a même débordé de nos frontières : le premier ministre de l’Ontario, Doug Ford, s’était joint au débat en invitant ouvertement les médecins québécois à venir s’établir dans sa province. Les deux hommes se sont reparlé depuis, et M. Ford aurait finalement confié à Legault qu’à son avis, aucun médecin québécois n’avait réellement l’intention de traverser la rivière des Outaouais. Tout ça pour ça, je suppose.
Famille, souveraineté et prochaines élections : Le regard de Legault sur 2026
Maintenant que la crise est derrière lui, Legault doit regarder vers l’avenir. Entré en politique pour la première fois en 1998, il avoue que sa conjointe, Isabelle Brais, est parfois «un peu tannée de la politique». Qui pourrait lui en vouloir? Malgré cette fatigue, elle reconnaît, dit-il, que le travail est loin d’être terminé, notamment en ce qui concerne l’économie et, bien sûr, la protection du français. Le chef caquiste confirme donc qu’il sera bel et bien sur les rangs lors des élections de 2026.
Dans un contexte où le Parti québécois domine les sondages, Legault, qui fut lui-même un ex-ministre péquiste, a dû aborder sa propre relation avec l’indépendance. «J’ai déjà été souverainiste», lâche-t-il, un aveu qui soulève la question : l’est-il toujours? Sa réponse est claire : «En tout cas, je suis contre un référendum». Il concède que la souveraineté pourrait potentiellement être bénéfique pour la protection du français. Mais à quel prix? Selon lui, l’élection d’un gouvernement péquiste serait synonyme de quatre années d’incertitude économique, menant fatalement à un référendum perdu, étant donné l’opposition de la majorité des Québécois. C’est pourquoi il martèle : «Je vais tout faire pour qu’il n’y ait pas de référendum, parce que ça serait terrible.»
Enfin, Legault, qui est en pleine tournée médiatique en vue de fixer les termes du débat pour les prochaines élections, en a profité pour tacler ses adversaires. Il pointe du doigt Paul St-Pierre Plamondon qui, selon lui, n’a «pas vraiment d’expérience dans la gestion de l’économie, même dans la gestion d’une entreprise». Il a aussi profité de la crise qui secoue le Parti libéral du Québec pour critiquer Pablo Rodriguez, en disant qu’il regarde sa gestion actuelle et se dit : «une chance que ce n’était pas lui qui était là pendant la pandémie.» Des propos qui donnent clairement le ton de la campagne qui s’en vient.
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