La campagne de Pablo Rodriguez épinglée : des enveloppes de 500$ en argent pour rembourser des donateurs
Auteur: Adam David
Un stratagème de financement potentiellement illégal révélé

On dirait que les ennuis s’accumulent pour le chef libéral, Pablo Rodriguez, n’est-ce pas ? Notre Bureau d’enquête a fait une découverte assez troublante : lors d’une soirée de financement pour sa course à la chefferie du Parti libéral du Québec, qui s’est déroulée en avril dernier dans une résidence privée de Montréal, une vingtaine de donateurs auraient reçu des enveloppes contenant 500 dollars en argent comptant. Oui, vous avez bien lu : **500 dollars comptant** pour se faire rembourser leur contribution.
Ces événements troublants, qui se sont déroulés en présence de M. Rodriguez lui-même, remettent carrément en question la légalité de près de **10 000 dollars** amassés par l’équipe qui a mené l’actuel chef du PLQ. Pourtant, M. Rodriguez, lui, maintient qu’il n’était pas du tout au courant de ces contributions potentiellement illégales, un refrain qu’on commence à entendre souvent.
Notre démarche journalistique, qui a débuté il y a plus d’une semaine, s’appuie sur des témoignages solides : ceux des personnes qui ont orchestré et exécuté le stratagème, ainsi que des confidences de témoins dont nous avons pu vérifier l’identité, sans oublier l’analyse de documents. C’est du sérieux.
Le mécanisme des remboursements et la loi électorale bafouée

L’organisateur de cette soirée, un homme d’affaires fortuné à qui nous avons promis l’anonymat, a accepté de s’exprimer, mais ses propos sont… comment dire ?… changeants. Il a d’abord minimisé l’affaire, nous assurant qu’il n’y avait eu que « Peut-être deux ou trois. Peut-être quatre au maximum, c’est tout » à avoir touché ces 500 dollars. Mais attendez. Une autre source, qui était très bien au courant des détails de la remise de l’argent comptant, affirme catégoriquement qu’il s’agissait plutôt d’« **une vingtaine** » d’enveloppes distribuées lors de cet événement de financement. D’autres sources corroborent d’ailleurs cette version.
L’homme d’affaires avait décidé d’intervenir parce que certains invités, disait-il, n’avaient pas les moyens de faire le don maximal permis par la loi, soit 500 dollars. Le mécanisme était simple : les participants devaient prouver qu’ils avaient déjà contribué à la campagne de M. Rodriguez, ou faire un don sur place, et ensuite, ils recevaient leur enveloppe. Cette personne a d’ailleurs vu que les enveloppes contenaient toutes la somme de 500 dollars, et elle a même reçu ce remboursement, tout comme la personne qui l’accompagnait.
Cette source anonyme, visiblement prise de remords, nous a confié : « Je pensais que tout était fait dans les normes, mais avec le recul je me rends compte que non ». Et elle a raison de s’inquiéter : la Loi électorale québécoise est d’une clarté limpide. Elle interdit formellement de servir de prête-nom, et cela comprend les courses à la chefferie. La loi précise que : « Toute contribution doit être versée par l’électeur lui-même et à même ses propres biens. Une contribution doit être faite volontairement, sans compensation ni contrepartie, et elle ne peut faire l’objet d’un quelconque remboursement. » Fait notoire, seul un couple à qui on a proposé ces enveloppes les a refusées, selon un témoin.
D’ailleurs, ces agissements intéressent déjà l’Unité permanente anticorruption (UPAC), qui a récemment ouvert une enquête criminelle en lien avec la course à la chefferie de M. Rodriguez.
La défense de M. Rodriguez et l’ultimatum de son équipe
L’organisateur de la soirée est catégorique : même si Pablo Rodriguez assistait à l’événement en compagnie de sa femme, l’initiative des enveloppes ne vient absolument pas de lui. « Ce n’est pas Pablo qui m’a demandé ça. Ce n’est pas lui. Lui, il ne m’a jamais rien demandé. C’est moi qui a voulu faire ça, personnellement. Je suis chez nous, j’ai le droit de faire ce que je veux », a-t-il déclaré.
Jacques Martineau, le responsable des communications de M. Rodriguez à l’époque, s’est dit estomaqué par nos découvertes. Il assure que le chef libéral n’a pas été témoin d’échanges d’enveloppes, insistant : « On n’a jamais eu de système ou de façon de faire qui est croche, qui n’est pas légitime. » Rappelons que M. Rodriguez a été le candidat le plus performant financièrement, récoltant **322 000 dollars** auprès de **835 donateurs** lors de cette course.
Toutefois, en début de soirée lundi, l’avocat de l’organisateur a introduit une nouvelle version pour défendre son client. Il a écrit que : « Le fait d’avancer des sommes à une personne qui vous rembourse ultérieurement n’est pas illégal » et que son client « l’a fait et il assume pleinement sa décision de l’avoir fait. Il n’a pas eu besoin d’en parler à qui que ce soit, y compris M. Rodriguez et son entourage. » L’avocat laissait ainsi entendre que l’organisateur aurait été remboursé pour l’argent versé aux participants, une information qu’il n’avait jamais évoquée lors de notre entrevue initiale.
Malgré l’identification de son client par l’avocat, nous maintenons notre engagement de lui conserver l’anonymat. Mais face à cette pression, le porte-parole de la campagne, Jacques Martineau, est revenu vers nous plus tard en soirée pour faire une précision : le clan Rodriguez a demandé à l’organisateur de **se dénoncer sans délai à Élections Québec**. Sinon, Martineau affirme que c’est le clan Rodriguez lui-même qui appellera les autorités. « Si on a connaissance de quelqu’un d’autre qui aurait fait quelque chose de non-conforme, on va le dénoncer aux autorités », a-t-il prévenu.
Une cascade d’allégations et quatre enquêtes officielles en cours

Malheureusement, cette histoire de remboursement n’est que la pointe de l’iceberg. Depuis un mois, une série de révélations troublantes entoure la campagne de M. Rodriguez :
- 19 novembre : Des textos révélaient qu’Élections Québec s’intéressait à des sympathisants qui auraient été payés pour voter (« They get a browni for voting »), laissant entendre la distribution de billets de 100 dollars, et qu’« Il faut encore payer pour que le monde vote Pablo ».
- 26 novembre : Une discussion entre la députée Marwah Rizqy et le député fédéral Fayçal El-Khoury a attiré l’attention d’Élections Québec. Rizqy a depuis fait des dénonciations à l’UPAC et a été expulsée du caucus libéral le 2 décembre.
- 2 décembre : Un entrepreneur a donné 500 dollars à la campagne, car un homme d’affaires lui avait fait miroiter des faveurs en retour, promettant : « Espérons qu’il entre [au gouvernement]. Si ça se produit, on va faire entrer ta compagnie au gouvernement aussi ».
- 8 décembre : Élections Québec cherchait à comprendre pourquoi presque tous les employés liés au Parti libéral du Canada qui avaient aidé M. Rodriguez ont reçu **1000 dollars**. L’équipe de campagne a justifié ces paiements par la nécessité de dédommager les bénévoles très impliqués, ayant amassé trop d’argent.
- 11 décembre : Enfin, on apprenait que le local de campagne, loué pour près de **20 000 dollars**, se trouvait dans un bureau appartenant à l’épouse de M. Rodriguez. Il a reconnu que la situation « paraissait mal » et a assumé l’« erreur » le lendemain.
Face à cette accumulation de dossiers, pas moins de quatre enquêtes distinctes sont officiellement en cours :
- Le PLQ : Le juge à la retraite Jacques R. Fournier mène une enquête interne sur les allégations de paiements en échange de votes. Son rapport est attendu pour la fin janvier.
- Élections Québec : L’organisme chargé de surveiller les scrutins enquête sur toute la série d’allégations en lien avec la campagne du chef.
- Commissaire à l’éthique : Ariane Mignolet cherche à savoir si la députée de Chomedey, Sona Lakhoyan Olivier, a utilisé les ressources de l’État à des fins partisanes. Elle est aussi exclue du Parti libéral le temps de l’enquête.
- UPAC : L’Unité permanente anticorruption a confirmé la semaine dernière l’ouverture d’une **enquête criminelle** sur le PLQ. Marwah Rizqy et sa directrice de bureau de circonscription, Isabelle Lord, ont déjà été rencontrées.
Ces affaires montrent bien l’ampleur du nettoyage à faire au sein du parti. Que M. Rodriguez soit au courant ou non des gestes de son entourage, il doit des explications claires s’il veut un jour restaurer la confiance des électeurs. L’attente des rapports sera certainement longue et pénible.
Ce contenu a été créé avec l’aide de l’IA.