La comète 3I/ATLAS accélère étrangement : faut-il s’inquiéter ou s’émerveiller ?
Auteur: Mathieu Gagnon
Entre fascination et rumeurs folles

Vous connaissez l’adage ? Si ça ressemble à une comète et que ça bouge comme une comète, il y a de fortes chances que ce soit… eh bien, une comète. C’est un peu ce qui se passe avec notre nouvelle visiteuse, la comète interstellaire 3I/ATLAS. Elle a été découverte il y a tout juste cinq mois et demi, et franchement, elle a déjà fait couler beaucoup d’encre. C’est seulement le troisième objet interstellaire que l’on repère parmi les milliers qui, suppose-t-on, traversent notre système solaire.
Mais voilà, comme souvent avec ce qui vient d’ailleurs, l’imagination s’emballe. Ces dernières semaines, plusieurs études ont montré que 3I/ATLAS subissait une accélération non gravitationnelle. Le terme peut faire peur, je vous l’accorde. Ça sonne un peu comme si quelque chose d’autre la propulsait – un moteur, peut-être ? Certains n’ont pas hésité à franchir le pas.
On a entendu tout et n’importe quoi, y compris des théories affirmant qu’il s’agissait d’un vaisseau spatial camouflé. La rumeur voulait que l’objet ait profité de son passage près du Soleil en octobre dernier – moment où il nous était invisible à cause de l’éclat solaire – pour effectuer une manœuvre secrète et attaquer la Terre. Bon, regardons autour de nous : rien de tout cela n’est arrivé. Puisque nous sommes toujours là, on peut se concentrer sur la réalité, qui est, à mon avis, tout aussi fascinante : cette accélération mystérieuse est en fait tout à fait normale pour une comète.
Mais qu’est-ce que cette « accélération non gravitationnelle » ?

Alors, essayons de décortiquer ce terme barbare sans trop de jargon. Une accélération non gravitationnelle signifie simplement que le corps céleste accélère à cause d’une force autre que la gravité du Soleil ou des planètes. Est-ce que ce sont des fusées ? Non, pas du tout. C’est dû à ce qu’on appelle le dégazage.
Imaginez les comètes comme de grosses « boules de neige sales », faites de glace et de roche. Lorsqu’elles s’approchent du Soleil, la chaleur monte. Les glaces gelées (eau, dioxyde de carbone, etc.) se transforment alors directement de solide à gaz, sans passer par la case liquide. C’est la sublimation. Ce n’est pas un processus calme et ordonné, loin de là ! Les comètes – et au moins un astéroïde que nous connaissons, le 3200 Phaéton – relâchent des jets de matière. Ce sont ces jets qui forment la queue et la coma (ce nuage de gaz et de poussière autour du noyau) que l’on voit sur les belles photos.
Ces jets agissent un peu comme de petits propulseurs naturels : ils affectent le mouvement de la comète, créant cette fameuse accélération. C’est difficile de prédire exactement comment, car le noyau des comètes est minuscule. Pour vous donner une idée, le noyau de la célèbre comète de Halley ne fait que 15 kilomètres sur son axe le plus long, alors que sa coma s’étend sur plus de 100 000 kilomètres ! Et 3I/ATLAS est probablement encore plus petite.
De plus, une comète tourne sur elle-même. Ce ne sont pas des sphères parfaites, mais plutôt des morceaux en forme de patate un peu désordonnés. Cette forme irrégulière fait que les jets sortent plus d’un côté que de l’autre, par intermittence, poussant l’objet de manière un peu chaotique.
Ce que les télescopes nous révèlent vraiment
Malgré ce chaos apparent, la perte de matière finit par décaler la trajectoire de la comète. Pour 3I/ATLAS, les chercheurs ont sorti l’artillerie lourde pour mesurer ça. Ils ont utilisé des télescopes basés sur Terre (y compris ceux en orbite comme Hubble), mais aussi des données venant de sondes bien plus lointaines, comme le Trace Gas Orbiter de l’Agence Spatiale Européenne autour de Mars, et même la mission Psyche de la NASA qui voyage dans l’espace profond.
En combinant toutes ces observations, ils ont calculé une accélération d’environ un demi-micron par seconde au carré. C’est infime. Vraiment minuscule comparé à la force d’attraction d’une planète. Mais si cette petite poussée est constante, elle finit par dévier l’orbite prévue au fil du temps. Cela dit, un changement de vitesse de moins d’un micron par seconde, chaque seconde… on est loin des performances d’un vaisseau spatial extraterrestre tentant une manœuvre folle, vous ne trouvez pas ?
Cependant, les auteurs d’une nouvelle étude ont réussi à tirer une information passionnante de cette petite variation : ils ont estimé la masse de la comète avant qu’elle ne s’approche trop du Soleil et ne perde trop de gaz. Ils affirment qu’en septembre, la comète pesait environ 44 millions de tonnes métriques. Pour visualiser, c’est à peu près sept fois la masse de la Grande Pyramide de Gizeh. Si ces calculs sont justes, le noyau de 3I/ATLAS serait un peu plus petit que ce qu’on pensait, avoisinant les 375 mètres (soit 1 230 pieds). C’est petit, mais costaud !
Conclusion : Une visiteuse naturelle, tout simplement

Au final, tout cela nous rappelle que l’univers est capable de produire des phénomènes qui semblent étranges, voire suspects, mais qui trouvent souvent une explication rationnelle dans la physique simple des glaces et des gaz. Pas d’aliens perfides cette fois-ci, juste une « boule de neige sale » qui voyage très vite.
C’est quand même incroyable, quand on y pense, d’arriver à peser un caillou céleste de moins de 400 mètres de large qui file à travers le système solaire, simplement en observant comment il crache un peu de vapeur, non ? La science a encore de beaux jours devant elle.
Ce contenu a été créé avec l’aide de l’IA.