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Votre mémoire cache peut-être un super-pouvoir capable d’aider la science
Crédit: lanature.ca (image IA)

Une mémoire de cinéma, ou quand le passé ne s’efface jamais

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Imaginez un instant un papillon qui passe. Pour la plupart d’entre nous, c’est une image fugace, emportée par la brise en quelques secondes. Mais pour certaines personnes, ce souvenir ne s’efface pas. Elles se rappellent non seulement d’avoir vu le papillon, mais aussi des couleurs iridescentes de ses ailes, de la fleur exacte sur laquelle il s’est posé, de l’odeur de cette fleur, et même de l’abeille qui butinait juste à côté. Des décennies plus tard, elles peuvent rejouer cette scène avec une précision cinématographique. C’est fascinant, non ?

Ce phénomène porte un nom un peu complexe : l’hyperthymésie, ou HSAM (Highly Superior Autobiographical Memory). Ceux qui en sont dotés, comme l’explique Elizabeth Rayne dans son article du 16 décembre 2025, possèdent une mémoire autobiographique hautement supérieure. Pour eux, les souvenirs sont stockés comme dans des classeurs ou des tiroirs, étiquetés par dates ou événements. Ouvrir un tiroir déclenche souvent une réaction en chaîne, une sorte de distorsion temporelle mentale où tout semble venir juste d’arriver. On ne sait pas encore tout de cette capacité presque surnaturelle, mais si les chercheurs parviennent à comprendre comment le cerveau verrouille ces événements dans notre album mental, cela pourrait même nous éclairer sur ces souvenirs de la petite enfance qui semblent avoir disparu.

Dans les coulisses du cerveau : une mécanique fascinante

credit : lanature.ca (image IA)

Mais alors, comment ça marche là-dedans ? Susi Ferrarello, PhD, professeure associée de philosophie à la California State University, East Bay, admet humblement que « pourquoi cela se produit n’est pas encore entièrement compris ». Elle pense que c’est un mélange de génétique et de neuroplasticité — cette capacité incroyable qu’a le cerveau de se réorganiser en créant de nouvelles connexions. Le défi, c’est de comprendre comment vivre avec une telle mémoire. Ferrarello soupçonne que chez ces personnes, les fonctions cérébrales diffèrent légèrement. La fabrication des souvenirs implique normalement l’hippocampe (l’épicentre de l’apprentissage) et l’amygdale, qui gère les émotions. Chez tout le monde, l’hippocampe transfère les souvenirs du court terme vers le long terme. Mais chez les personnes atteintes de HSAM, ce processus retient une quantité exceptionnelle d’informations.

Et ce n’est pas tout. La psychologue Jessica Talbot, PhD, de l’Université Edge Hill à Ormskirk en Angleterre, suggère que le précunéus joue aussi un rôle. C’est une zone impliquée dans la récupération de la mémoire épisodique — vous savez, ces souvenirs du quotidien un peu banals qu’on a tendance à oublier. Des tests, notamment par imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRMf), ont montré que chez ces sujets, toutes ces zones s’activent simultanément lorsqu’ils revivent mentalement une date précise. C’est comme si tout le tableau de bord s’allumait d’un coup.

Des tiroirs, de la musique et des souvenirs en chaîne

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Jessica Talbot voit la mémoire comme un continuum. On pensait avoir atteint une limite, mais les données montrent que plus de gens qu’on ne le croit se situent dans la fourchette haute. Elle pense même qu’il existe différentes formes d’hyperthymésie. Habituellement, on diagnostique ça avec des dates et des événements d’actualité. Talbot a par exemple interrogé un homme capable de se souvenir d’un événement de chaque jour de sa vie. Il comparait sa mémoire à des tiroirs : en ouvrir un en ouvre inévitablement d’autres. C’est une analogie que partage d’ailleurs un adolescent français dont l’histoire est devenue virale récemment. Ferrarello, de son côté, a travaillé avec des sujets décrivant leurs souvenirs comme des chaînes solidement connectées.

Mais, et c’est là que ça devient intéressant, Talbot a rencontré des cas qui sortent du lot. Elle étudie des sujets dont la mémoire n’est pas liée aux dates, mais à d’autres caractéristiques, comme la musique. Imaginez : un sujet capable de nommer la chanson, l’artiste et l’album liés à un souvenir précis. Une autre personne, une biologiste qui a échoué au test des événements d’actualité, possède pourtant une mémoire exceptionnelle pour des sujets qui l’intéressent, comme les conférences qu’elle a données. Ça prouve bien que cette capacité peut prendre des formes très personnelles.

Un don parfois lourd à porter, mais porteur d’espoir

Avoir une telle mémoire, ce n’est pas toujours rose. Certaines personnes se sentent submergées par ce flot incessant. Susi Ferrarello raconte le cas d’une patiente qui ne trouvait de soulagement qu’en écrivant ses souvenirs ou en les revivant totalement. Jill Price, la toute première personne diagnostiquée avec l’hyperthymésie, trouvait d’ailleurs sa mémoire intrusive. Heureusement, Talbot note que certains sujets parviennent à empêcher ces souvenirs d’envahir leur vie grâce à une compétence mentale appelée l’inhibition cognitive. C’est une forme de contrôle ; leur cerveau trie ce qui est pertinent. C’est un peu différent chez ceux qui ont des troubles comme le stress post-traumatique (PTSD) ou des TOC.

Même si seulement 61 personnes ont été officiellement diagnostiquées, Talbot et Ferrarello s’accordent à dire qu’il y en a probablement beaucoup plus. Talbot reçoit des emails de gens qui se reconnaissent dans ses études, et Ferrarello observe des forums en ligne où des internautes décrivent des détails si vifs qu’on croirait qu’ils ont voyagé dans le temps. Au final, comprendre ces mémoires exceptionnelles pourrait nous aider à préserver la nôtre. Si l’on se concentre sur ce qui fait qu’une mémoire fonctionne trop bien, on trouvera peut-être les clés pour soigner les maladies neurodégénératives à l’avenir. C’est une perspective plutôt rassurante, je trouve.

Selon la source : popularmechanics.com

Ce contenu a été créé avec l’aide de l’IA.

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