Le fromage gras et la crème : des alliés inattendus pour votre mémoire ? Une étude bouscule les idées reçues
Auteur: Mathieu Gagnon
Faut-il revoir notre jugement sur le gras ?

Pendant des décennies, on nous a martelé le même message : attention aux graisses. C’est presque devenu un réflexe, n’est-ce pas ? On regarde les étiquettes, on culpabilise un peu devant un bon morceau de camembert… Pourtant, une nouvelle étude publiée dans la revue Neurology vient mettre un sacré coup de pied dans la fourmilière. Selon ces recherches, consommer davantage de fromage riche en matières grasses et de crème entière pourrait être lié à un risque plus faible de développer une démence. Oui, vous avez bien lu.
Attention, il faut garder la tête froide : cette étude ne prouve pas que manger du fromage empêche la maladie, elle montre simplement une association, un lien statistique intéressant. Mais de quels produits parle-t-on exactement ? Les chercheurs se sont concentrés sur les fromages contenant plus de 20 % de matières grasses, comme le cheddar, le brie ou le gouda, et sur les crèmes titrant entre 30 et 40 % de gras (crème fouettée, crème double, etc.).
Comme l’explique très justement Emily Sonestedt, docteure à l’Université de Lund en Suède : « Pendant des décennies, le débat entre les régimes riches en graisses et ceux pauvres en graisses a façonné les conseils de santé, classant parfois même le fromage comme un aliment malsain à limiter ». Elle ajoute, et c’est là que ça devient fascinant, que leurs résultats suggèrent que certains produits laitiers gras pourraient en réalité offrir une forme de protection au cerveau, remettant en cause de vieilles hypothèses.
Une enquête de longue haleine sur 25 ans : les chiffres clés

Ce n’est pas une petite étude faite à la va-vite sur un coin de table. Les chercheurs ont analysé les données de pas moins de 27 670 personnes en Suède. Au début de l’aventure, ces participants avaient en moyenne 58 ans. Ils ont été suivis pendant une moyenne impressionnante de 25 ans. C’est une vie entière, ou presque ! Durant cette période, malheureusement, 3 208 personnes ont fini par développer une démence.
Pour savoir ce qu’ils mangeaient, les participants n’ont pas juste coché des cases au hasard. Ils ont tenu un journal alimentaire précis pendant une semaine, répondu à des questionnaires sur leurs habitudes des années précédentes, et ont même discuté avec les chercheurs de la façon dont ils préparaient leurs plats. Un travail de fourmi.
Alors, qu’ont-ils trouvé ? Les scientifiques ont comparé les gros mangeurs de fromage gras (ceux qui en consomment 50 grammes ou plus par jour) à ceux qui en mangent très peu (moins de 15 grammes). Pour vous donner une idée, 50 grammes, c’est environ deux tranches de cheddar ou une demi-tasse de fromage râpé (soit à peu près 1,8 once), alors qu’une portion typique est souvent d’une once. Le résultat est surprenant : parmi les gros consommateurs, seulement 10 % ont développé une démence à la fin de l’étude, contre 13 % chez les petits consommateurs.
Mais attendez, car les chercheurs ont affiné leurs calculs. Après avoir ajusté les résultats pour tenir compte de l’âge, du sexe, du niveau d’éducation et de la qualité globale de l’alimentation (pour ne pas biaiser les résultats), ils ont conclu que les amateurs de fromage gras avaient un risque global de démence inférieur de 13 %. C’est encore plus flagrant si l’on regarde la démence vasculaire spécifiquement : le risque chute de 29 %. Ils ont aussi noté un risque plus faible pour la maladie d’Alzheimer, mais petite subtilité génétique : cela ne concernait que les personnes ne portant pas le variant du gène APOE e4, qui est un facteur de risque connu pour cette maladie.
La crème n’est pas en reste, mais attention aux nuances

Le fromage n’est pas le seul à tirer son épingle du jeu. Les chercheurs se sont aussi penchés sur la crème. Ils ont comparé les personnes consommant 20 grammes ou plus de crème riche en gras par jour (ce qui équivaut à environ 1,4 cuillère à soupe de crème à fouetter épaisse) à celles qui n’en consommaient pas du tout. Pour référence, une portion recommandée tourne autour de 1 à 2 cuillères à soupe.
Et là encore, surprise : après les mêmes ajustements statistiques, ceux qui consommaient cette crème quotidiennement affichaient un risque de démence inférieur de 16 % par rapport à ceux qui s’en privaient totalement. Cela donne à réfléchir avant de refuser un peu de crème dans les fraises, non ?
Cependant, et c’est un point crucial, tout le rayon crémerie ne se vaut pas. L’étude n’a trouvé aucune association bénéfique avec le fromage allégé, la crème allégée, le lait (qu’il soit entier ou écrémé), le beurre ou les laits fermentés comme le yaourt, le kéfir ou le babeurre. Comme le souligne Emily Sonestedt : « Ces résultats suggèrent que lorsqu’il s’agit de la santé du cerveau, tous les produits laitiers ne sont pas égaux ».
Il semblerait donc que les alternatives faibles en gras ne produisent pas le même effet protecteur. Bien sûr, la prudence reste de mise. Il faudra d’autres recherches pour confirmer si la consommation de certains produits laitiers gras offre véritablement une protection biologique ou s’il y a d’autres facteurs en jeu.
Conclusion : Une lueur d’espoir venue du Nord, avec modération

Avant de nous ruer sur le plateau de fromages, il faut noter une limitation importante soulevée par l’étude : tous les participants étaient suédois. Or, nos amis scandinaves consomment souvent le fromage tel quel, non cuit, sur des tartines par exemple. Aux États-Unis (et parfois chez nous !), le fromage est souvent chauffé, fondu sur une pizza ou mangé avec de la viande transformée, ce qui change peut-être la donne. Emily Sonestedt insiste donc sur l’importance de mener des études similaires aux États-Unis pour voir si les résultats tiennent la route ailleurs.
En résumé, bien que cette étude ne soit pas une carte blanche pour les excès, elle apporte un éclairage nouveau et plutôt réconfortant. Manger du bon fromage et de la vraie crème, dans le cadre d’une vie équilibrée, pourrait ne pas être l’ennemi juré de notre santé cérébrale, bien au contraire. C’est une invitation à repenser notre rapport au gras, avec curiosité et, espérons-le, un peu plus de plaisir à table.
Ce contenu a été créé avec l’aide de l’IA.