Une facture qui s’alourdit et des batailles juridiques

On dit souvent que quand on aime, on ne compte pas, mais là, les chiffres donnent tout de même le tournis. Le projet de rénovation de la Maison Blanche, façon Mar-a-Lago, porté par le président Donald Trump, va désormais coûter la coquette somme de 400 millions de dollars. C’est le double de l’estimation initiale qui était de 200 millions, vous vous rendez compte ? Selon les informations rapportées par People, ce chantier titanesque ne sera pas terminé avant l’été 2028. Le plus triste pour les amoureux du patrimoine, c’est l’emplacement choisi : la nouvelle salle de bal dorée s’élèvera sur le site même de l’Aile Est (East Wing), qui a été purement et simplement démolie fin octobre. C’est assez ironique quand on pense que Trump avait promis à l’origine que le projet serait « près de l’aile, mais sans la toucher ».
Le président a confirmé ce nouveau prix exorbitant le 17 décembre, lors de la réception de Hanoucca à la Maison Blanche. Il en a profité pour glisser, non sans une certaine satisfaction je suppose, qu’un juge fédéral avait refusé de stopper les travaux malgré le procès intenté par le National Trust for Historic Preservation. Cette association à but non lucratif avait pourtant saisi le tribunal du district de Columbia à la mi-décembre pour tenter d’« arrêter immédiatement » le chantier, arguant que l’administration n’avait jamais soumis les plans à la Commission nationale de planification de la capitale, comme la loi l’exige. Mais bon, le juge de district Richard Leon a décidé de ne pas bloquer les bulldozers pour l’instant, bien qu’il ait prévu une nouvelle audience en janvier 2026 selon l’AP. Il a tout de même, c’est la moindre des choses, demandé à l’administration de ne pas finaliser les plans entre-temps.
Valse des architectes et folie des grandeurs

Ce projet à 400 millions de dollars n’en est pas à sa première démesure. Déjà en septembre, Trump annonçait fièrement que l’espace pourrait accueillir 900 personnes, ce qui représentait une hausse de 40 % par rapport à la capacité initiale. Mais apparemment, ce n’était pas encore assez grand. Début décembre, le Washington Post nous apprenait que l’architecte principal, James McCrery, avait jeté l’éponge. Il se murmure qu’il était en désaccord avec le président sur l’agrandissement encore plus poussé de la salle. C’est donc l’architecte Shalom Baranes qui reprend le flambeau pour piloter ce projet qui devrait désormais pouvoir asseoir 1 350 personnes. On imagine le casse-tête logistique.
Pour justifier la démolition de l’Aile Est, construite en 1902 et modifiée dans les années 1940, la Maison Blanche a affirmé qu’il était moins coûteux et structurellement plus sûr de tout raser — y compris la colonnade Est — plutôt que de construire une extension. C’est quand même un pan d’histoire qui s’envole ; cette aile avait abrité le bureau de toutes les Premières dames depuis Eleanor Roosevelt. Mais depuis sa prise de fonction en janvier, Trump a rapidement imposé sa marque au 1600 Pennsylvania Avenue. Il a transformé le bien-aimé Rose Garden avec des aménagements en dur rappelant son club de Palm Beach, et le Bureau Ovale brille désormais de mille feux avec des accents dorés partout. Lors d’une interview sur NBC News en septembre, il déclarait déjà : « Nous la rendons un peu plus grande. Ce sera le haut de gamme, aussi bien que n’importe où dans le monde ».
Une touche de Mar-a-Lago à Washington

Ce n’est pas la première fois que Donald Trump ajoute une salle de réception fastueuse à un lieu historique, loin de là. Rappelez-vous, après avoir acheté Mar-a-Lago en 1985, il avait ordonné la rénovation de ce domaine de style renouveau espagnol de 1927, qui appartenait à la socialite Marjorie Merriweather Post. Il avait engagé la décoratrice Buffy Donlon et Richard Haynes (le fils du doreur de Post) pour rafraîchir les intérieurs avec de la feuille d’or 23 carats. Bien qu’il y ait déjà eu une salle de bal sur place, la White & Gold Ballroom, il a voulu, un peu comme aujourd’hui, ajouter un second espace beaucoup plus vaste d’au moins 20 000 pieds carrés.
En 2005, la grande salle de bal Donald J. Trump de Mar-a-Lago a été achevée pour la somme de 40 millions de dollars, avec des détails style Louis XIV inspirés de la Galerie des Glaces de Versailles. C’est d’ailleurs là qu’a eu lieu son troisième mariage avec l’actuelle Première dame, Melania Trump. L’espace comprend au moins 7 millions de dollars de feuilles d’or et de lustres en cristal. Pour Washington, la méthode est similaire : un intérieur opulent (plafonds à caissons, sol en damier, cristal) qui fait écho à cet ajout de 2005, mais avec un extérieur « presque identique » à l’architecture néoclassique de la Maison Blanche, avec fenêtres voûtées et portique à double hauteur, selon le service de presse.
Conclusion : L’histoire en perpétuel chantier
Il faut être honnête, beaucoup de présidents et de Premières dames ont cherché à laisser leur empreinte sur ce monument depuis la fin du XVIIIe siècle. En 1933, Franklin D. Roosevelt a engagé l’architecte Eric Gugler pour agrandir l’Aile Ouest et déplacer le Bureau Ovale. Harry S. Truman, lui, a carrément dû vider la partie résidentielle dans les années 40 car elle menaçait de s’effondrer, installant une structure en acier et… la climatisation ! Et comment oublier Jackie Kennedy, qui a mené une restauration minutieuse dans les années 60 en créant l’Association historique de la Maison Blanche ? Ou encore Bunny Mellon redessinant le Rose Garden à la demande de JFK.
L’envie de Trump de construire cette salle de bal remonte à loin, au moins à 2010, époque où il avait fait du lobbying auprès de David Axelrod, conseiller d’Obama, sans succès. Aujourd’hui, le projet est bel et bien lancé. Outre le cabinet McCrery Architects (au début) et maintenant Shalom Baranes, l’équipe comprend Clark Construction et la firme d’ingénierie mondiale AECOM. Les travaux sont en cours, et qu’on le veuille ou non, le visage de la Maison Blanche est en train de changer sous nos yeux.
Ce contenu a été créé avec l’aide de l’IA.