Un agent du renseignement militaire canadien, accusé d’avoir menti et divulgué des informations, fait face à la prison à vie
Auteur: Adam David
L’adjudant-maître Matthew Robar mis en cause
C’est un peu l’histoire d’un agent de contre-espionnage qui aurait trahi la confiance de ses supérieurs, et ça, ce n’est jamais une mince affaire. L’adjudant-maître Matthew Robar, un militaire canadien, se retrouve aujourd’hui au cœur d’un scandale de sécurité nationale, car on l’accuse carrément d’avoir communiqué des informations ultrasensibles, le tout en mentant effrontément sur ses contacts.
Les documents du tribunal militaire, même s’ils ne sont pas classifiés, dressent un portrait assez accablant : M. Robar, qui a pourtant enseigné à l’École de renseignement militaire des Forces canadiennes à Kingston, en Ontario, aurait été averti maintes et maintes fois de ne pas s’approcher d’un représentant des services de renseignement d’une « entité étrangère ». Il fait face à pas moins de huit accusations en vertu de la Loi sur la défense nationale et de la Loi sur la sécurité de l’information. Communiquer des renseignements opérationnels spéciaux à une entité étrangère? C’est gravissime, et ça pourrait potentiellement lui valoir la prison à vie. Le ministère de la Défense, d’ailleurs, a sagement refusé de confirmer la nature exacte des activités de Robar au sein du renseignement militaire.
L’obsession pour un projet ukrainien non autorisé
Alors qui est cette fameuse « entité étrangère »? Les documents judiciaires ne la nomment pas directement, mais des sources ont confirmé à CBC News, après une révélation du *Globe and Mail* il y a quelques jours, qu’il s’agissait de l’Ukraine. L’affaire semble avoir pris racine en mai 2024. C’est à cette période que M. Robar a été mis en contact avec un représentant des services de renseignement ukrainiens. L’idée initiale, c’était de faire partie d’une enquête sur certaines préoccupations au sein des Forces armées canadiennes, mais les choses ont rapidement dérapé.
Les deux hommes ont vite enchaîné les conversations au sujet d’un projet mystérieux, qualifié de « non identifié et non conventionnel » dans le domaine de l’information. L’objectif de ce pays étranger? Obtenir du financement et surtout du soutien de ses alliés pour cette initiative. M. Robar a tenté d’obtenir l’autorisation de travailler sur le projet, ainsi que le financement nécessaire, mais sa demande fut refusée.
Malgré le refus clair, les procureurs allèguent que l’adjudant-maître a persisté, développant même une véritable obsession pour ce projet. Il aurait d’ailleurs envisagé sérieusement d’aller travailler pour les services de renseignement de la défense de l’Ukraine directement. Pis, il est allé jusqu’à révéler l’identité d’un autre agent du renseignement canadien, dont les activités étaient supposément secrètes, et a même partagé l’évaluation des services canadiens concernant ce représentant ukrainien avec qui il traitait. C’est une cascade de bris de sécurité!
L’accumulation des mensonges et les menaces
Les choses se sont compliquées fin septembre 2024. M. Robar est allé en Lituanie pour rencontrer le représentant ukrainien. Un autre militaire canadien l’accompagnait, mais, selon les documents, ce dernier croyait que le voyage était parfaitement autorisé, ce qui n’était pas le cas. Pour camoufler l’interaction, M. Robar aurait prétendu à un supérieur qu’il était accompagné de sa femme, qui est d’ailleurs membre du service diplomatique canadien. Les enquêteurs jugent maintenant que ce mensonge était une tentative délibérée de minimiser la gravité de sa rencontre clandestine.
L’enquête de la police militaire a commencé plus tôt en 2024, suite à des soupçons de divulgation non autorisée d’informations. Ironiquement, fin septembre 2024, un officier canadien l’a averti de cesser ses relations avec l’Ukrainien, et c’est cet avertissement même – au cours duquel l’officier lui a donné l’évaluation de renseignement – que M. Robar aurait partagé par la suite! Quand ses supérieurs ont eu vent de ces discussions après son retour d’Europe, ils l’ont confronté. Il a été sommé de rédiger des rapports détaillés sur chaque discussion. Qu’a-t-il fait? Il a menti dans ses rapports, d’après les enquêteurs. C’est une accumulation.
Suite à tout ce chaos, M. Robar a été temporairement relevé de ses fonctions en octobre 2024. Et tenez-vous bien : peu de temps après, le représentant du renseignement étranger a envoyé un courriel de plainte à un diplomate canadien, un message qui, selon les documents judiciaires, menaçait de tout révéler. Arrêté la semaine dernière par la police militaire en collaboration avec la Gendarmerie royale du Canada (GRC), M. Robar a tout de même été libéré sous conditions par un juge militaire lundi.
Un précédent marquant : L’affaire Jeffrey Paul Delisle
Évidemment, cette affaire Robar n’est pas la première à secouer la Défense nationale canadienne. Elle rappelle inévitablement le cas de l’ancien sous-lieutenant Jeffrey Paul Delisle. En 2012, cet officier du renseignement naval avait plaidé coupable d’avoir vendu des informations hautement confidentielles aux Russes, ce qui lui avait valu une condamnation de 20 ans de prison pour abus de confiance et communication d’informations secrètes à une entité étrangère.
Ce qui est préoccupant dans ces affaires, et ça avait été le cas avec Delisle aussi, c’est la difficulté de la communauté de la sécurité nationale à déterminer quelles preuves classifiées peuvent être présentées publiquement durant le procès. C’est un dilemme constant entre la justice et la protection des secrets d’État.
Quoi qu’il en soit, Matthew Robar devra comparaître devant une cour martiale au début de l’année 2026. Avec le risque d’une peine de prison à vie, c’est une histoire qui est loin d’être terminée, et qui souligne, encore une fois, les énormes responsabilités et les tentations auxquelles sont confrontés nos agents de renseignement.
Ce contenu a été créé avec l’aide de l’IA.