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Pourquoi avons-nous deux narines au lieu d’un seul gros trou au milieu du visage ?
Crédit: lanature.ca (image IA)

Une symétrie qui interroge

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C’est une de ces choses qu’on a littéralement sous le nez toute la journée, et pourtant, on ne prend jamais vraiment le temps d’y réfléchir. Chez les humains, comme chez pas mal d’animaux d’ailleurs, la nature semble obsédée par les paires. Nous avons deux yeux, deux oreilles, deux mains, deux pieds… et paf, en plein milieu du visage, deux narines.

Pour la plupart de ces organes doubles, la logique est implacable, presque évidente. Une paire d’yeux ? Ça nous offre un champ de vision plus large, une perception de la profondeur et, disons-le, une sorte d’assurance-vie au cas où l’on en perdrait un. Deux oreilles ? C’est crucial pour localiser d’où vient ce bruit suspect dans le grenier, garder l’équilibre ou profiter du son surround au cinéma. C’est du bon sens.

Mais deux narines ? Sérieusement ? À quoi ça rime ? Elles sont bien trop proches l’une de l’autre pour offrir une véritable triangulation des stimuli, et au fond, elles semblent juste être là pour se boucher alternativement quand on a un rhume. On pourrait penser qu’un seul orifice ferait l’affaire, non ? Eh bien, figurez-vous que la réponse est beaucoup plus complexe — et fascinante — qu’il n’y paraît. Il ne s’agit pas juste d’esthétique.

Le cycle nasal : un travail d’équipe méconnu

credit : lanature.ca (image IA)

Imaginez un flamant rose qui change de patte pour ne pas se fatiguer. C’est un peu ce que font vos narines, sans même vous demander votre avis. Cela s’appelle le « cycle nasal ». Comme l’expliquait Michael Wareing, chirurgien ORL à Londres, au journal The Guardian en 2014, nous respirons de manière prédominante par une seule narine à la fois. Pendant que l’une bosse, l’autre se repose et devient légèrement congestionnée. « Cela change automatiquement toutes les quelques heures », précise-t-il, permettant à l’autre côté de se détendre.

Mais pourquoi ce relais permanent ? Personne n’en est sûr à 100%, même si Michael Benninger de la Cleveland Clinic a suggéré en 2021 à Live Science que cela pourrait servir à laisser l’humidité s’accumuler du côté au repos pour éviter le dessèchement. En gros, à tout moment, une de vos narines gère environ trois fois plus d’air que sa voisine.

C’est facile à vérifier, d’ailleurs. Approchez-vous d’un miroir et expirez par le nez. La buée formera deux nuages, mais l’un sera forcément plus gros que l’autre : c’est votre narine dominante du moment. Petit détail amusant (ou inutile, c’est selon), les études montrent que les droitiers ont une légère tendance à favoriser leur narine gauche. Allez savoir pourquoi.

La plupart du temps, on ne se rend compte de rien. Sauf quand la machine s’enraye. Si vous êtes malade, le basculement d’une narine à l’autre devient péniblement évident. Idem si vous avez une déviation de la cloison nasale ou des polypes. Le sommeil joue aussi un rôle traître : si vous dormez sur le côté droit, la gravité va congestionner votre narine droite. Tant que la gauche fait le travail, tout va bien… mais dès que le cycle nasal décide de basculer sur la droite (celle qui est écrasée contre l’oreiller), vous risquez de vous réveiller en cherchant votre air.

Sentir en stéréo : la chimie des odeurs

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Si une narine fait tout le boulot respiratoire, que fait l’autre ? Elle ne se tourne pas les pouces. Elle affine votre odorat. Rodrigo Suarez, de l’Université du Queensland, expliquait en 2018 que notre cerveau et notre nez collaborent pour analyser des centaines de molécules. Le truc, c’est que la vitesse du flux d’air change la donne. Dans la narine où l’air passe lentement (celle au repos), les molécules odorantes ont plus de temps pour se dissoudre dans le mucus.

C’est là que ça devient technique, mais restez avec moi. En 1999, Noam Sobel, neuroscientifique à Stanford, a eu une intuition et a monté une expérience avec 20 volontaires. Il a utilisé deux produits chimiques : l’octane (qui est lent à absorber) et la carvone (qui est absorbée rapidement). Résultat ? Presque tous les sujets sentaient mieux l’odeur d’octane avec leur narine bouchée (flux lent) et mieux la carvone avec leur narine dégagée (flux rapide). Sobel a conclu que, même si c’est subtil — on ne parle pas de sentir la rose d’un côté et la cerise de l’autre —, cette différence est fondamentale pour notre palette olfactive.

Mais ce n’est pas tout. Avoir deux entrées nous permet aussi de localiser une odeur, un peu comme nos oreilles localisent un son. Matthew Grubb, professeur au King’s College de Londres, a confirmé récemment à Popular Science que notre cerveau détecte les infimes différences de quantité de molécules entrant dans chaque narine. C’est ce qui nous permet de suivre une piste.

Ce n’est pas juste de la théorie : des expériences ont prouvé que grâce à cette différence d’entrée entre les deux narines, nous sommes capables de dénicher du chocolat situé à 10 mètres dans un champ ouvert ! Si on bloque une narine ou qu’on mélange les flux, cette capacité s’effondre. On fonctionne littéralement comme des chiens pisteurs, même si on l’oublie souvent.

Conclusion : Une question de survie (et de look)

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Malgré tous ces avantages techniques, il faut rappeler que la nature n’a pas vraiment de « plan » final. La vraie raison de cette duplicité est double. D’abord, notre développement suit une symétrie bilatérale — c’est pour ça qu’on a tout en double. Ensuite… eh bien, ça marche. Avoir une seule narine géante poserait d’énormes problèmes.

Imaginez un instant : pas de localisation des odeurs, certes, mais surtout, que se passe-t-il quand on a un rhume ? Avec un seul trou, s’il se bouche, c’est fini. On serait obligé de respirer par la bouche, ce qui nous prive de la filtration, de l’humidification et du réchauffement de l’air que le nez assure. Pour un animal social qui vient à peine de découvrir les microbes, perdre ces barrières protectrices serait un désastre évolutif.

La Cleveland Clinic le rappelle bien : nous sommes conçus pour respirer par le nez dès la naissance. C’est un système de sécurité. Alors, la prochaine fois que vous vous moucherez, soyez reconnaissant d’avoir une narine de secours. Et puis, comme le fait remarquer Michael Wareing avec humour : « Imaginez à quel point nous aurions l’air bizarre avec juste une seule narine ».

Selon la source : iflscience.com

Ce contenu a été créé avec l’aide de l’IA.

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