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Le manque de places en médecine pousse des médecins qualifiés à quitter le Canada : un médecin témoigne
Crédit: Steve Brennan

L’exil forcé d’un talent local

lanature.ca (image IA)

C’est une histoire qui revient sans cesse, et franchement, elle commence à peser lourd sur le moral. On parle ici de jeunes brillants, nés et élevés chez nous, qui rêvent de soigner leur communauté mais qui se retrouvent bloqués par un système qui semble, disons-le, marcher sur la tête. Steve Brennan en est l’exemple parfait. Ce pneumologue pédiatrique a grandi tout près d’ici, à St. Albert.

Pourtant, aujourd’hui, ce n’est pas dans un hôpital albertain qu’il exerce, mais dans un hôpital pour enfants à St. Louis, dans le Missouri. Au départ, son plan était limpide : se former et travailler comme médecin au Canada. C’était son but.

Mais la réalité l’a rattrapé. Après avoir passé deux années consécutives à postuler dans les facultés de médecine canadiennes sans aucun succès — un parcours du combattant que beaucoup connaissent —, il a dû se résoudre à regarder ailleurs. C’est finalement un ami d’enfance, qui se trouvait alors en Australie, qui lui a ouvert les yeux.

Lors d’une entrevue virtuelle accordée à CTV News Edmonton le 17 décembre 2025, Steve se souvenait de cet échange décisif : « Je lui ai envoyé un message. J’étais genre, ‘C’est quoi cette histoire ? Raconte-moi.’ Il m’a répondu : ‘Ouais, c’est génial. Tu devrais venir.’ » C’est ainsi que Brennan a fait ses valises pour être accepté à l’Université du Queensland à Brisbane.

Le piège de la résidence et l’attrait des États-Unis

lanature.ca (image IA)

Une fois là-bas, l’aventure était loin d’être terminée. Pendant ses études en Australie, Steve a découvert une autre barrière, peut-être encore plus frustrante : la difficulté extrême d’obtenir un poste de résidence au bercail. Pourquoi ? Parce que le système donne la préférence aux étudiants formés au Canada.

Steve l’explique avec une lucidité désarmante : « Donc tous ces gens sont jumelés en premier, et ensuite le reste du monde est jumelé pour tout ce qui reste. » En gros, si tu te formes à l’étranger, tu récupères les miettes.

Face à ce constat, les mathématiques sont simples. « Statistiquement parlant, vos chances aux États-Unis sont bien meilleures car il y a plus de programmes, il y a plus de places », précise-t-il. C’est donc à St. Louis qu’il a atterri. Et la vie a suivi son cours : il y a rencontré sa femme, a fondé une famille… « Ce sont d’autres choses qui m’ont gardé ici. Ce n’était pas juste le travail », confie-t-il.

Mais il garde un regard critique sur ce qu’il appelle un « mauvais système ». Pour lui, le problème est structurel : « Vous avez beaucoup de gens qui veulent aller vers très peu de places et il n’y en a tout simplement pas assez. »

Des investissements massifs et de nouveaux campus pour combler le vide

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Former un médecin, ça ne se fait pas en un claquement de doigts. Ça demande du temps, et surtout, énormément de ressources. La présidente de l’Association médicale canadienne (AMC), la Dr Margot Burnell, est d’accord : le Canada a besoin de plus de places en médecine.

Selon elle, la meilleure méthode n’est pas de tout réinventer, mais d’élargir ce qui existe déjà. « La raison à cela est l’infrastructure pour construire les programmes », explique-t-elle. « C’est très difficile de créer à partir de zéro. »

C’est exactement ce qui se passe en Alberta. L’Université de l’Alberta (U of A) a ouvert un campus régional au Northwestern Polytechnic de Grande Prairie en septembre dernier. La doyenne de la Faculté de médecine de l’U of A, la Dr Brenda Hemmelgarn, a indiqué que cette expansion permet à l’université d’accepter 30 étudiants en médecine de plus par an.

Faites le calcul : « Donc dans quatre ans, il y aura 120 étudiants en médecine là-bas », souligne la Dr Hemmelgarn. Mais attention, ce chiffre n’est pas sorti du chapeau ; il est basé sur ce qu’ils sont capables d’accueillir, non seulement à Grande Prairie, mais aussi pour les stages cliniques dans d’autres localités du nord de l’Alberta.

L’espoir derrière tout ça ? Que ces étudiants restent dans ces zones rurales, là où la pénurie de médecins est critique. « Les médecins sont plus susceptibles de pratiquer dans les endroits où ils ont été formés en dernier », explique Hemmelgarn.

L’Université de Calgary n’est pas en reste et ouvrira aussi un campus régional l’été prochain à l’Université de Lethbridge. Tout cela fait partie d’un investissement colossal du gouvernement provincial : 376 millions de dollars sur quatre ans pour augmenter le nombre de diplômés. Mais comme le rappelle la doyenne, il faut des infrastructures, des ressources professorales et des partenariats pour ces placements cliniques. « La considération est assez vaste en termes d’intensité des ressources pour former réellement un médecin. »

Conclusion : Une course contre la montre démographique

Malgré ces efforts, on sent bien que l’urgence est là. La Dr Burnell est catégorique : « Nous ne le faisons pas à un rythme assez rapide. » Le problème, c’est que le corps médical vieillit, et vite. « Parce que nous sommes une démographie vieillissante et plus d’un tiers des médecins ont plus de 55 ans, donc à ce stade, ils commencent à planifier à quoi pourrait ressembler leur avenir. »

Pour elle, les gouvernements doivent tout faire pour retenir les médecins, notamment en diminuant la charge administrative et en investissant dans les soins en équipe. Elle plaide aussi pour faciliter la tâche aux médecins formés à l’étranger et pour une meilleure collaboration entre les collèges.

« Nous avons besoin que les collèges travaillent ensemble pour ce que nous appelons l’autorisation d’exercice multi-juridictionnelle », insiste Burnell. En gros, si je suis compétent au Nouveau-Brunswick, je devrais l’être aussi en Colombie-Britannique.

Steve Brennan, depuis son bureau de St. Louis, acquiesce. Pour lui, il faut des réformes sérieuses pour éviter que d’autres ne suivent son chemin vers l’exil. « C’est un problème vieux de plusieurs décennies et les gens ne le font tout simplement pas », conclut-il avec un brin de résignation.

Selon la source : cp24.com

Ce contenu a été créé avec l’aide de l’IA.

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