Aller au contenu
Le fromage pourrait-il vraiment protéger notre cerveau ? Une nouvelle étude sème le doute (et l’espoir)
Crédit: lanature.ca (image IA)

Une nouvelle trop belle pour être vraie ?

credit : lanature.ca (image IA)

C’est probablement le genre de gros titre que tous les amateurs de bonne chère attendaient avec une impatience non dissimulée : manger du fromage riche en graisses et de la crème pourrait être lié à une réduction du risque de développer une démence. Ça sonne presque comme une blague, ou un rêve éveillé, n’est-ce pas ? C’est pourtant ce que suggère une nouvelle étude intrigante menée par Emily Sonestedt, épidémiologiste nutritionnelle à l’Université de Lund, en Suède.

Pendant des décennies, on nous a rebattu les oreilles avec le débat entre régimes riches en graisses et régimes allégés, classant souvent, à tort ou à raison, le fromage dans la catégorie des aliments « plaisir » à limiter drastiquement pour préserver sa santé. Mais voilà que les chercheurs bousculent nos certitudes. Comme l’a expliqué Sonestedt dans une déclaration la semaine dernière, ils ont découvert que certains produits laitiers riches en matières grasses pourraient en réalité réduire le risque de démence, remettant ainsi en cause de vieilles hypothèses sur le lien entre le gras et la santé cérébrale.

Pour les inconditionnels du cheddar ou du gouda, cela semble presque trop beau pour être vrai. Et, soyons honnêtes, quand ça paraît trop beau… il y a souvent un « mais ». Alors, où est le piège ? Faut-il vraiment se ruer sur le plateau de fromages ?

Ce que révèlent les chiffres : une étude d’une ampleur massive

credit : lanature.ca (image IA)

Même si l’on peut émettre certaines réserves — et nous y viendrons —, il faut admettre que l’échelle de cette étude impose le respect. Les chercheurs ne se sont pas contentés d’un petit échantillon : ils ont utilisé les données de pas moins de 27 670 personnes, suivies sur une période minimale de 18 ans, débutant au tout début des années 1990. Tous les participants, âgés de 45 à 73 ans et vivant en Suède, ont dû passer par un processus assez lourd : questionnaires écrits, entretiens sur leur régime alimentaire, et même un journal alimentaire tenu sur sept jours.

Ce n’est que bien plus tard, lors des suivis effectués en 2014 et 2020, que les scientifiques ont croisé ces informations avec le Registre national des patients suédois pour identifier qui avait malheureusement développé une démence. Et là, surprise. En analysant les liens entre la consommation de produits laitiers et la maladie, les résultats semblent, à première vue, assez clairs.

Regardons les chiffres de plus près. Parmi les personnes consommant au moins 50 grammes de fromage riche en gras par jour (soit environ 1,76 once, ou un peu plus d’une tasse selon les normes USDA), environ une sur dix avait développé une démence en 2020. En revanche, chez ceux qui se limitaient à moins de 15 grammes par jour (environ une demi-once), plus d’une personne sur huit était touchée.

Une fois que l’équipe a pris en compte une multitude de facteurs de confusion — le tabagisme, l’alcool, l’IMC, la pression artérielle, le statut marital, l’éducation ou encore le diabète —, le constat tenait toujours : un risque de démence inférieur de 13 % pour les gros mangeurs de fromage gras. Ce chiffre grimpe même à une réduction de risque de 29 % spécifiquement pour la démence vasculaire. Et ce n’est pas tout : la crème semble aussi jouer un rôle. Ceux qui consommaient 20 grammes ou plus de crème riche en gras par jour (l’équivalent d’environ 1,4 cuillère à soupe de crème épaisse) affichaient un risque réduit de 16 % par rapport à ceux qui n’en consommaient pas.

Pourquoi ce n’est pas si simple : le contexte suédois et les vaches heureuses

credit : lanature.ca (image IA)

Attention cependant, ne courrez pas tout de suite acheter le rayon crèmerie du supermarché. Comme pour le fromage à trous, cette étude a ses vides. D’abord, il s’agit d’une étude observationnelle. On ne peut donc pas conclure à un lien de cause à effet. David Katz, spécialiste en médecine préventive interrogé par CNN, soulève un point intéressant : peut-être que les gens en moins bonne santé se tournent vers des produits allégés par « auto-défense », faussant ainsi les résultats. C’est ce qu’on appelle la causalité inverse.

Il y a aussi le facteur géographique. L’étude se passe en Suède, et croyez-moi, cela change tout. Les vaches suédoises ont plus de chances d’être nourries à l’herbe que leurs homologues américaines, ce qui donne un lait plus riche en acides gras oméga-3, connus pour leurs vertus protectrices. Le fromage suédois est donc peut-être intrinsèquement meilleur pour le cerveau que le fromage industriel d’ailleurs.

De plus, la *façon* de manger compte. Emily Sonestedt précise qu’en Suède, on consomme surtout des fromages à pâte dure et fermentés. Aux États-Unis ou ailleurs, une grande partie du fromage consommé est transformé ou mangé dans des fast-foods. Or, comme le soulignent les chercheurs, les produits laitiers allégés ou autres alternatives n’ont montré aucun effet protecteur. C’est spécifiquement le gras du « vrai » fromage qui semble compter. Peut-être est-ce dû à des nutriments qui survivent au traitement, comme le calcium ou la vitamine K et B12 ? On l’ignore encore.

Enfin, n’oublions pas les limites méthodologiques : l’évaluation du régime alimentaire reposait sur de l’auto-déclaration (souvent peu fiable) et n’a été faite qu’au début de l’expérience, avec une simple question sur les changements d’habitudes cinq ans plus tard. C’est un peu mince sur 20 ans.

Conclusion : Faut-il changer son alimentation ?

credit : lanature.ca (image IA)

Le plus étrange, c’est que même si l’on met de côté ces limites, le résultat n’est peut-être pas aussi impressionnant qu’il n’y paraît. Walter Willett, grand nom de la nutrition à Harvard, reste sceptique. Il a confié à CNN que les résultats étaient « à la limite de la signification statistique » et pourraient être dus au hasard. « Je ne vais pas courir acheter un bloc de fromage », a-t-il plaisanté.

L’éditorial accompagnant l’étude, rédigé par Tian-Shin Yeh de l’Université médicale de Taipei, suggère une réalité plus nuancée : le fromage gras semble protecteur surtout lorsqu’il remplace des aliments de qualité nutritionnelle nettement inférieure, comme la viande rouge transformée. En somme, ce n’est pas tant que le fromage est un remède miracle, mais plutôt qu’il est un choix moins nocif que d’autres.

Alors, que retenir ? C’est une bonne première étape, publiée dans la revue sérieuse Neurology, mais des recherches supplémentaires sont nécessaires pour confirmer si une bonne tranche de camembert offre vraiment une protection cérébrale. D’ici là, savourez votre fromage, mais avec modération et bon sens.

Selon la source : iflscience.com

Ce contenu a été créé avec l’aide de l’IA.

facebook icon twitter icon linkedin icon
Copié!
Plus de contenu