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Une mer d’eau douce découverte sous le Bangladesh : l’espoir inattendu face à la crise
Crédit: lanature.ca (image IA)

Le paradoxe de l’eau au pays des inondations

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C’est tout de même une ironie cruelle, vous ne trouvez pas ? Le Bangladesh, ce pays connu pour ses moussons diluviennes et ses inondations catastrophiques, manque cruellement d’eau. Je parle bien sûr d’eau douce, celle qu’on peut boire sans risquer sa vie. Malgré un climat tropical et une situation géographique au cœur d’immenses plaines inondables, cette nation, l’une des plus densément peuplées au monde, se retrouve régulièrement à sec, surtout dans les zones côtières. C’est un véritable casse-tête quotidien pour les habitants : les eaux souterraines peu profondes sont souvent saumâtres, saturées de sel, un problème qui, soyons honnêtes, ne va faire qu’empirer avec la montée du niveau des océans.

Et ce n’est pas tout. Quand il pleut, il pleut des cordes, mais ces précipitations sont hyper saisonnières. L’eau de pluie stockée s’épuise souvent bien avant la fin de la saison sèche, laissant les populations démunies. Pire encore, quand on cherche plus loin dans les terres, on tombe sur un autre ennemi invisible : l’arsenic naturel et divers polluants qui contaminent les réserves potables restantes. C’est effrayant quand on regarde les chiffres : selon les Objectifs de développement durable de l’ONU, ce sont 41 % des Bangladais qui n’ont pas un accès régulier à une eau salubre. C’est presque la moitié de la population, c’est énorme.

Mais il y a une lueur d’espoir. Pour tenter d’alléger cette crise, une équipe de chercheurs de l’Observatoire de la Terre Lamont-Doherty — qui fait partie de la célèbre Columbia Climate School — a mené une exploration le long de la rivière Pusur, dans le delta du Gange-Brahmapoutre. Leurs résultats, publiés récemment dans la revue Nature Communications (DOI: 10.1038/s41467-025-65770-4 pour les curieux), pourraient bien changer la donne pour des millions de personnes.

Une technologie de pointe pour révéler l’invisible

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Ce qu’ils ont trouvé est stupéfiant : de vastes réservoirs d’eau douce cachés sous le littoral du Bangladesh. Jusqu’à présent, même si certains experts se doutaient de l’existence de ces nappes à des centaines de mètres sous terre, personne n’avait pu établir leur emplacement exact ni leur étendue. C’était un peu comme chercher une aiguille dans une botte de foin géologique ; creuser pour trouver de l’eau douce à de telles profondeurs était considéré comme un pari risqué, du quitte ou double.

Alors, comment ont-ils fait ? Les chercheurs ont utilisé une technique assez impressionnante appelée sondages magnétotelluriques à détection profonde. En gros, ils ont mesuré les faibles courants électriques qui circulent dans les sédiments, et ce, jusqu’à quelques kilomètres sous le delta. L’astuce est simple mais géniale : comme l’eau douce conduit moins bien l’électricité que l’eau salée, ils ont pu cartographier précisément où se cachait l’or bleu. C’est fascinant de voir comment la physique peut résoudre des problèmes aussi concrets.

Leurs relevés ont permis d’identifier deux réservoirs majeurs. Le premier, situé au nord de la zone étudiée, est un monstre : il s’étend sur environ 40 kilomètres de long et plonge jusqu’à 800 mètres de profondeur. Le second, plus au sud, n’est pas en reste avec ses 40 kilomètres de long pour une profondeur de 250 mètres. Et tenez-vous bien, le réservoir nord s’étend probablement encore sur des dizaines de kilomètres au-delà de la zone qu’ils ont pu sonder. Cette découverte ne concerne pas seulement le Bangladesh ; elle valide une nouvelle méthode de détection qui pourrait révéler des réserves cachées dans d’autres régions du monde assoiffées ayant une histoire géologique similaire.

Un voyage dans le temps : l’héritage de l’âge de glace

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Mais comment toute cette eau douce a-t-elle atterri là, piégée sous des tonnes de sédiments ? Pour comprendre, il faut remonter le temps, environ 20 000 ans en arrière. Ces réservoirs semblent avoir été formés par des processus géologiques durant la dernière période glaciaire. À l’époque, le niveau de la mer était bien plus bas, exposant des terres autrefois submergées à l’air libre et à l’eau douce, avant que la remontée des océans ne vienne sceller le tout.

Michael Steckler, géophysicien à Lamont et co-auteur de l’étude, explique cela très bien : « Pendant la dernière période glaciaire, le niveau de la mer était 120 mètres (400 pieds) plus bas et le rivage se trouvait à 130 ou 160 kilomètres plus loin vers le large ». Imaginez un peu le paysage ! Les pluies et les inondations ont rempli les aquifères d’eau douce. Pendant ce temps, les fleuves Gange et Brahmapoutre charriaient des sédiments érodés depuis l’Himalaya, recouvrant les parties basses du delta de particules fines.

Quand le niveau de la mer est remonté, inondant à nouveau les terres, Steckler précise que « les sédiments boueux ont piégé et préservé l’eau douce en dessous ». C’est comme une capsule temporelle liquide. D’ailleurs, l’eau salée qui sépare aujourd’hui les deux réservoirs correspond, selon les chercheurs, à l’emplacement de l’ancien fleuve Gange. La vallée qu’il avait creusée lorsque le niveau de la mer était bas a été envahie par l’eau salée lors de la montée des eaux. Les positions enfouies des rivières d’il y a 20 000 ans deviennent donc une carte au trésor pour savoir si l’eau souterraine profonde est douce ou saline.

Conclusion : Un trésor à gérer avec une extrême prudence

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Selon Steckler, il n’est pas rare au Bangladesh que l’on creuse des puits profonds un peu à l’aveugle, sans vraiment savoir quelle quantité d’eau est disponible ni combien on peut en extraire. Cette étude change tout : elle fournit un cadre pour cartographier où l’eau douce se trouve — et surtout où elle ne se trouve pas. Même si les dimensions exactes et le volume total restent à affiner, les estimations donnent le tournis : on parlerait de quelque chose de l’ordre de 10 milliards de mètres cubes. Pour vous donner une idée, ça représente environ 4 millions de piscines olympiques. C’est colossal.

Cependant, il reste des questions cruciales, notamment sur la vitesse à laquelle on peut pomper cette eau sans danger. Si on tire trop fort, trop vite, on risque de faire descendre les dépôts d’eau salée qui se trouvent au-dessus directement dans les réservoirs d’eau douce, les rendant impropres à la consommation. Huy Le, géophysicien à Lamont et auteur principal de l’étude, insiste lourdement là-dessus : « Pour utiliser ce type d’eau souterraine, les gens doivent planifier soigneusement la gestion de l’eau à l’avance ».

Une gestion durable est indispensable, d’autant plus que Huy Le note avec une pointe de fatalisme que, de toute façon, avec le temps — peut-être quelques milliers d’années — les processus naturels de salinisation finiront par rendre ces réservoirs salés. « Elle disparaîtra si nous ne l’utilisons pas », dit-il. C’est un dilemme : utiliser cette ressource maintenant ou la laisser se perdre. Quoi qu’il en soit, bien que l’étude se soit concentrée sur le Bangladesh, les chercheurs affirment que cela a des implications mondiales. Des réservoirs similaires pourraient dormir sous d’autres deltas côtiers et marges continentales ayant une histoire géologique comparable. Comme le résume Le : « Le niveau de la mer a fluctué partout. C’est un phénomène mondial ».

Selon la source : phys.org

Ce contenu a été créé avec l’aide de l’IA.

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