Élargissement de l’autoroute 20 à Lévis : des experts catégoriques que cela n’empêchera pas la congestion
Auteur: Adam David
Un « miracle Québec » ou une fausse solution?
C’est un peu le serpent qui se mord la queue, n’est-ce pas? Dès qu’on parle de fluidifier le trafic, l’idée d’élargir l’autoroute revient immanquablement. Pourtant, des experts sont formels : croire que l’élargissement de l’autoroute 20 à Lévis va régler la congestion, c’est s’attendre à un véritable miracle. Un miracle, oui, parce que l’expérience a prouvé, maintes et maintes fois, que ce genre de solution est, au mieux, très temporaire.
Jean Dubé, économiste et professeur à l’École supérieure d’aménagement du territoire et de développement régional de l’Université Laval, le résume avec un sarcasme bien senti : « Disons simplement que si l’élargissement de l’autoroute 20 à Lévis règle le problème de congestion, ce sera certainement l’exception à la règle : le miracle Québec ». On sent une pointe d’ironie là-dedans, et on peut comprendre pourquoi, franchement.
Pourtant, au début de décembre, le député de Lévis, Bernard Drainville, y allait d’une annonce ferme. Selon lui, le lancement des travaux d’élargissement de l’autoroute 20 Ouest, prévu pour le printemps 2026 suite à un appel d’offres confirmé, devrait « réduire la congestion routière et améliorer la circulation sur notre réseau routier ». Mais est-ce vraiment le cas? La science semble dire le contraire.
Le piège de la demande induite : pourquoi élargir aggrave la situation

Les experts consultés par Le Journal sont unanimes et contredisent directement l’analyse du député. Ils insistent sur un phénomène bien connu des urbanistes : la demande induite. Qu’est-ce que ça veut dire, au juste? C’est simple : quand vous augmentez la capacité routière, vous n’éliminez pas le trafic, vous encouragez les gens à prendre davantage leur voiture.
Fanny Tremblay-Racicot, professeure agrégée en administration municipale et régionale à l’ENAP, utilise une analogie parlante : « Augmenter la capacité routière, c’est un peu comme mettre un bandage sur une fracture : cela ne résoudra pas véritablement le problème ». Pire encore, elle prévient que, loin de s’améliorer, « la situation risque d’empirer » à terme.
Même si, admettons-le, il y aura peut-être un petit soulagement initial, Marie-Hélène Vandersmissen, professeure titulaire à l’Université Laval (géographie), nuance fortement la portée de ce répit : elle prévoit une réduction de la congestion uniquement à « très, très court terme » avant que la situation ne revienne rapidement à la normale. Pourquoi? Parce qu’il y a un manque cruel, pour ne pas dire une « absence (ou presque) d’alternatives » viables pour les automobilistes lévisiens.
Dépense publique contre investissement durable : l’impératif du transport collectif
Pour ces spécialistes, utiliser les fonds publics pour une extension d’autoroute n’est pas un investissement, mais plutôt une simple dépense qui ne règle rien sur le long terme. L’argent frais, affirment-ils, devrait absolument être dirigé vers le transport collectif. Le consensus est clair : il faut « réinvestir massivement dans le transport en commun, pas élargir l’autoroute ».
Le problème de fond sur la Rive-Sud, on le sait, c’est que le développement domiciliaire a explosé ces dernières années, mais sans suivre le rythme côté infrastructures de transport collectif ou d’alternatives à la voiture solo. Le résultat? La congestion est devenue tellement intenable qu’elle freine littéralement la vie quotidienne des résidents et des visiteurs. C’est une contrainte majeure.
- Selon Marie-Hélène Vandersmissen, élargir la 20 envoie un mauvais signal aux résidents de la Rive-Sud, un peu comme si on leur disait que c’était la « bonne » chose à faire de continuer à se déplacer uniquement en automobile.
- Elle rappelle que ce type de mobilité entraîne énormément d’impacts négatifs, notamment sur la pollution, la santé et d’autres externalités négatives dont on se passerait bien.
Fanny Tremblay-Racicot insiste aussi sur le rôle crucial des entreprises. Elle juge qu’il est grand temps de s’asseoir avec les grands employeurs et tous ceux qui génèrent beaucoup de déplacements pour mettre en place de vrais plans de gestion des déplacements. Cela fait partie de la solution globale, il me semble, en plus du transport collectif massif, bien sûr.
Sortir de la dépendance automobile
En fin de compte, le message des experts est sans ambiguïté. Que l’on parle de Jean Dubé, de Fanny Tremblay-Racicot ou de Marie-Hélène Vandersmissen, la réponse est la même : l’élargissement de l’A-20 Ouest en 2026, malgré les bonnes intentions politiques, ne fera que repousser le problème. En l’absence d’alternatives concrètes et massives pour la Rive-Sud, la demande induite reviendra, et la congestion avec.
Le véritable investissement pour l’avenir, celui qui aurait des bénéfices durables pour l’environnement, la santé publique et le quotidien des citoyens, ne se trouve pas dans l’asphalte, mais bien dans le rail, les autobus et une planification intelligente. Il est temps d’arrêter de mettre des pansements sur des fractures, non?
Ce contenu a été créé avec l’aide de l’IA.