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Les échecs à l’école : plus qu’un jeu, un levier inattendu pour la réussite scolaire ?
Crédit: lanature.ca (image IA)

Quand le jeu d’échecs sort de sa boîte poussiéreuse

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Est-ce que jouer aux échecs peut réellement booster les apprentissages à l’école ? Cette interrogation n’est pas nouvelle, elle nous vient même du XIXe siècle ! Mais c’est véritablement au cours des années 2000 que les programmes visant à introduire la pratique des échecs dans les établissements scolaires ont pris une ampleur significative. Quel est l’intérêt profond de cette démarche, et surtout, qu’en disent les enseignants qui sont sur le terrain ?

Cet engouement est d’autant plus palpable aujourd’hui que le jeu, qui a longtemps souffert d’une image un peu ringarde et poussiéreuse, est carrément revenu à la mode chez les jeunes. On doit ça, je suppose, à des phénomènes culturels comme la série à succès The Queen’s Gambit (sortie en 2020), mais aussi à l’essor du e-sport. Même les stars s’y mettent : Victor Wembanyama, la star française de la NBA, proposait en juillet dernier de mêler le basket-ball et les échecs dans une même compétition ! Il soulignait avec justesse : « On a besoin d’une variété de choses pour pouvoir grandir. »

Depuis les années 1970, on a vu de plus en plus d’initiatives, d’abord isolées, pour que les échecs entrent en classe. La conviction derrière tout ça ? Que ce jeu peut développer des compétences cruciales et favoriser la réussite scolaire. Alors, est-ce que les retours de terrain confirment cette intuition, et quelle nouvelle approche des savoirs cette pratique permet-elle ?

Des clubs isolés à la reconnaissance officielle de 2007

credit : lanature.ca (image IA)

L’idée que les échecs puissent servir l’éducation est donc très ancienne. Au XIXe siècle, un lecteur écrivait déjà à une revue pour suggérer que ce jeu soit utilisé comme une « distraction noble » pendant les récréations. Néanmoins, il a fallu attendre les années 1970-1980 pour que des actions concrètes se montent, le plus souvent sous la forme de simples clubs scolaires. Attention, dans quelques rares « établissements pilotes », les échecs étaient carrément intégrés dans l’emploi du temps des élèves, avec des heures obligatoires, mais une thèse soutenue en 1988 montrait que, globalement, ça restait majoritairement une activité périscolaire ou extrascolaire.

Quand les enseignants passionnés s’en sont emparés en classe, avec l’accord de leur hiérarchie bien sûr, ils ont vite ressenti que les échecs développaient des capacités comme l’intuition et le raisonnement spatial. Le bémol, c’est qu’ils n’avaient pas la certitude absolue que ces progrès étaient *uniquement* attribuables à l’apprentissage du jeu.

Le tournant institutionnel arrive en 2007 : après qu’une étude américaine a démontré que les échecs étaient bénéfiques notamment pour les élèves en difficulté en mathématiques et pour la résolution de problèmes complexes, la Fédération française des échecs (FFE), désormais reconnue comme fédération sportive, a signé une convention-cadre avec l’Éducation nationale. Ça a officiellement encadré et autorisé la pratique en classe. Pourtant, à cette époque, ces projets restaient souvent l’apanage des enseignants qui étaient déjà férus d’échecs, souvent des joueurs de club, qui convertissaient leur expérience échiquéenne en pédagogie.

Le programme Class’Échecs : des chiffres qui donnent le tournis

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Les études internationales, nombreuses dans les années 2000, n’ont fait que confirmer les bienfaits des échecs pour les élèves, au point que certains pays l’ont intégré dans leurs programmes obligatoires. En France, la FFE a donné un coup d’accélérateur majeur en 2022 en lançant le programme Class’Échecs, accompagné d’un avenant à la convention existante, dans le but clair de le déployer massivement dans les écoles primaires. Quatre grands principes ont été mis en avant pour guider ce développement.

  • Premièrement, il s’agit d’un programme d’initiation aux échecs.
  • Deuxièmement, il est pensé comme un outil pédagogique.
  • Troisièmement, il doit être accessible à tous.
  • Enfin, quatrièmement, il doit s’intégrer au projet d’école.

Le succès est, pour être honnête, spectaculaire. Dès la première année, environ 2 000 enseignants ont participé. Tenez-vous bien : en 2025, ils seront plus de 8 000 ! Cela représente un total de 160 000 élèves initiés aux échecs chaque année. Mais le plus surprenant, c’est que l’enquête menée en 2022-2023 montre que 87 % de ces enseignants ne connaissent que très peu les échecs, voire pas du tout ! Ils se lancent dans cet enseignement sans en maîtriser le contenu complexe. Ils y voient cependant un moyen d’aborder les mathématiques différemment, de constater une forte implication des élèves, et de développer des compétences clés pour l’enseignement moral et civique.

L’éducation intégrale : pourquoi les échecs plaisent tant aux professeurs

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Pourquoi donc ces professeurs des écoles, qui n’ont aucune formation échiquéenne, se lancent-ils dans cette aventure ? Les réponses données lors de l’enquête de 2022-2023 pointent vers une forme d’éducation intégrale, dont les racines, figurez-vous, remontent également au XIXe siècle.

Ce qui séduit, c’est que la démarche permet de dépasser le cloisonnement habituel des disciplines scolaires. Dans le premier degré, où les enseignants sont polyvalents, c’est idéal. L’intérêt est indéniable car cela donne du sens aux apprentissages, permettant un engagement plus fort des élèves qui associent alors l’école au plaisir d’apprendre. C’est une vision plus globale qui prône l’idée que différentes compétences, reliant le corps et l’esprit, peuvent être travaillées ensemble.

Le jeu d’échecs, comme outil pédagogique, est particulièrement adapté pour plusieurs raisons :

  • Sa dimension ludique stimule l’engagement immédiat.
  • La manipulation physique des pièces facilite grandement le passage de l’expérimentation à l’abstraction, un point fondamental.
  • Il ne nécessite pas de prérequis langagiers pour réussir. Le caractère visuo-spatial des situations s’adresse directement aux fonctions cognitives, ce qui est un atout formidable pour les élèves ayant des difficultés avec le code linguistique.
  • Il permet de créer des problèmes ouverts, ancrant ainsi les échecs dans les mathématiques, ce qui est une véritable nécessité institutionnelle, tout en interrogeant la conscience disciplinaire des élèves.

Enfin, à une époque où l’IA et Internet nous donnent accès à toutes les connaissances en un clic, le programme invite les enseignants à changer leur posture. Il s’agit désormais de favoriser les échanges, l’argumentation, et d’inciter les élèves à construire leurs apprentissages collectivement. C’est peut-être ça, la vraie réussite pédagogique des échecs à l’heure actuelle.

Selon la source : science-et-vie.com

Ce contenu a été créé avec l’aide de l’IA.

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