Il est possible que votre bague en or ou les composants de votre téléphone aient vu le jour dans l’explosion d’une étoile disparue depuis des milliards d’années. C’est la théorie avancée par des chercheurs après l’analyse d’un phénomène céleste oublié datant de 2004 : l’éruption d’un magnétar, une étoile à neutrons extrêmement rare et instable. Ces objets stellaires, nés de la mort d’étoiles massives, possèdent un champ magnétique un million de milliards de fois plus fort que celui de la Terre.
Le sursaut oublié qui a tout changé
En 2004, le satellite INTEGRAL de l’Agence spatiale européenne a capté une étrange émission de rayons gamma en provenance d’un magnétar. À l’époque, cette donnée est restée inexploitée. Ce n’est qu’en 2024 qu’une équipe de scientifiques a décidé de réexaminer les archives. Leurs analyses révèlent que cette éruption — provoquée par un « séisme stellaire » fracturant la croûte de l’étoile — pourrait avoir été le berceau de nouveaux éléments chimiques, dont l’or.
Une signature chimique cachée dans les rayons gamma
Les chercheurs, provenant notamment de l’Université Columbia et de la Louisiana State University, ont étudié les radiations issues de cette éruption. Leur objectif ? Trouver la trace de la nucléosynthèse, un phénomène rare où de nouveaux atomes lourds comme l’or sont créés à partir de réactions nucléaires extrêmes. Et le résultat est fascinant : la signature chimique retrouvée dans les données correspond parfaitement à la formation d’éléments lourds.
Les magnétars, des usines à métaux précieux ?
Jusqu’ici, les scientifiques pensaient que l’or provenait de la collision entre deux étoiles à neutrons, un événement ultra-rare et survenu bien plus tard dans l’histoire de l’univers. Mais cette nouvelle hypothèse place les magnétars au cœur du mystère. Leurs explosions, bien plus anciennes et fréquentes, pourraient avoir ensemencé l’univers primordial en or, platine et uranium, bien avant que les premières galaxies se forment.
Une preuve presque invisible retrouvée dans les archives
Le chercheur Anirudh Patel, doctorant à l’Université Columbia, a utilisé des modèles informatiques avancés pour simuler ce qui se passe après une éruption de magnétar. Il s’est concentré sur le « r-processus », un phénomène très intense où des neutrons sont capturés rapidement par des atomes, ce qui crée de nouveaux éléments lourds comme l’or. Lorsqu’il a comparé ses résultats aux données réelles enregistrées en 2004, l’équipe a remarqué un signal presque parfaitement identique à celui prévu par les simulations. Une découverte extrêmement rare, comme retrouver une aiguille dans une botte de foin… cosmique.
La mission qui confirmera (ou non) cette théorie
Pour confirmer leurs découvertes, les chercheurs comptent sur la mission COSI de la NASA, prévue pour 2027. Ce nouvel instrument spatial pourra détecter précisément les éléments chimiques créés lors d’éruptions stellaires, et peut-être prouver que les magnétars sont bien à l’origine des premiers métaux précieux de l’univers. Une avancée qui changerait notre compréhension de l’histoire cosmique… et de ce que nous portons à nos poignets.
Conclusion : L’or, un cadeau venu des étoiles les plus extrêmes
Cette recherche fascinante démontre que nos objets les plus précieux pourraient venir d’étoiles mortes depuis des milliards d’années. Ce sursaut oublié, analysé vingt ans plus tard, révèle combien l’univers garde des secrets enfouis dans ses archives de lumière. Et peut-être que chaque éclat d’or que nous portons est un souvenir figé d’une explosion stellaire d’une beauté terrifiante.
Source étude : iopscience