Une énergie propre cachée pourrait alimenter la Terre pendant 170 000 ans, selon des scientifiques
Auteur: Simon Kabbaj
Et si notre planète renfermait, depuis des milliards d’années, une ressource capable d’alimenter l’humanité pour des milliers de générations ? Une équipe de chercheurs vient de révéler une avancée majeure qui pourrait bouleverser notre manière de produire de l’énergie. Cette révélation ne concerne ni le soleil, ni le vent, ni les centrales connues, mais quelque chose de bien plus discret, caché dans les profondeurs de la Terre.
Une force silencieuse, enfouie depuis des milliards d’années
Pendant des décennies, les géologues ont observé des signes discrets mais persistants : certaines zones émettent du gaz à travers des fissures, des cavités semblent contenir des substances inattendues, et des anomalies géochimiques laissaient deviner la présence d’un phénomène souterrain mal compris. Des chercheurs pensaient à un gaz rare, d’autres à une activité tectonique résiduelle. Mais aucune hypothèse ne semblait expliquer la quantité massive que certains indices suggéraient. Aujourd’hui, ce mystère commence à s’éclaircir.
Une promesse énergétique de 170 000 ans
Selon l’étude dirigée par le professeur Chris Ballentine, géochimiste à l’Université d’Oxford, la croûte terrestre aurait généré assez de cette ressource au cours du dernier milliard d’années pour alimenter notre planète pendant 170 000 ans au rythme actuel de consommation. Cela représente une quantité colossale d’énergie, bien au-delà des réserves de pétrole, gaz ou charbon encore disponibles. Mais le vrai défi reste à venir : comment trouver, capter et utiliser ce potentiel enfoui sous nos pieds ?
Le nom de cette ressource enfin dévoilé : l’hydrogène naturel
Il ne s’agit ni d’uranium, ni de géothermie. Ce que les chercheurs ont identifié, c’est de l’hydrogène naturel, également appelé hydrogène géologique. À la différence de l’hydrogène industriel, produit à partir d’hydrocarbures et générant du CO₂, celui-ci provient de réactions naturelles entre certaines roches et de l’eau, sans aucune intervention humaine. Il est propre, abondant, et stocké naturellement dans des réservoirs souterrains.
La “recette” des scientifiques pour le retrouver
Dans leur article, Ballentine et son équipe ont dressé une liste précise des conditions géologiques qui permettent la formation et la préservation de cet hydrogène. Trois éléments sont indispensables :
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des roches réactives comme les basaltes ou les serpentinites,
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de l’eau, pour initier la réaction,
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et une couverture rocheuse étanche qui empêche le gaz de s’échapper.
Ils ont aussi identifié 12 processus naturels capables de générer ce gaz, allant de la décomposition radioactive de minéraux à l’oxydation du fer contenu dans les roches.
Des lieux prometteurs déjà identifiés
Plusieurs régions suscitent déjà l’intérêt. Le Kansas, aux États-Unis, est particulièrement scruté en raison du rift continental, une immense formation vieille d’un milliard d’années riche en basaltes. En Albanie, un gisement massif a été découvert en 2024 dans une zone ophiolitique — d’anciens planchers océaniques aujourd’hui exposés à la surface. Les chercheurs explorent aussi des ceintures de roches archéennes vieilles de 4 milliards d’années, riches en minéraux réactifs.
Des géants de l’énergie en embuscade
La découverte ne laisse pas les entreprises indifférentes. Des groupes comme Koloma (soutenu par Bill Gates), Hy-Terra (Fortescue) ou Snowfox (financé par BP et Rio Tinto) investissent déjà dans l’exploration de ces nouveaux gisements. Ces sociétés espèrent devenir les pionnières de cette nouvelle ère énergétique, avec des projets pilotes dans plus de 30 États américains et au-delà. On assiste à une véritable ruée vers l’hydrogène souterrain, discrète mais déterminée.
Une énergie propre… mais fragile
Toutefois, cette ressource n’est pas sans défis. Les scientifiques rappellent que certains microbes souterrains se nourrissent d’hydrogène, rendant certaines zones impropres à l’exploitation. D’autres dangers : les failles géologiques peuvent libérer le gaz avant qu’il ne soit piégé. Et le coût d’extraction, encore incertain, pose question. Mais avec les bons outils, le potentiel reste immense.
Un tournant pour la transition énergétique
Aujourd’hui, la majorité de l’hydrogène utilisé dans le monde provient du “vaporeformage” du gaz naturel, une méthode très polluante. En revanche, l’hydrogène naturel est « propre par défaut », car il ne nécessite ni extraction de pétrole, ni émissions de CO₂. Il peut alimenter des voitures, des usines, voire des centrales électriques, et s’intégrer dans une transition vers une économie zéro carbone.
Et si l’avenir était déjà enfoui ?
La Terre aurait donc généré seule une énergie propre, durable et accessible, sans que l’humain n’ait eu à intervenir. Le défi, maintenant, consiste à suivre la recette, creuser au bon endroit, et extraire sans nuire à l’équilibre fragile du sous-sol. Ce que les scientifiques proposent, c’est peut-être le début d’une nouvelle ère énergétique, silencieuse et souterraine, mais qui pourrait tout changer.
Source : Livescience
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