Le jeune sauveteur de la garde côtière qui a sauvé 165 personnes au Texas nous raconte son histoire
Auteur: Adam David
Quand l’alarme a sonné ce vendredi 5 juillet au matin, Scott Ruskan, un jeune homme de 26 ans originaire du New Jersey, ne se doutait pas qu’il s’apprêtait à vivre la mission de sa vie. Pour ce nageur sauveteur de la Garde côtière américaine, c’était sa toute première intervention officielle. Il était simplement de service à la base de Corpus Christi, au Texas, quand l’appel est arrivé. Des inondations mortelles ravageaient le centre de l’État, et son équipe était envoyée en première ligne.
Personne, et surtout pas lui, n’aurait pu imaginer l’ampleur de ce qui les attendait au Camp Mystic, un camp de vacances pour jeunes filles soudainement transformé en piège mortel par la montée des eaux.
Un voyage périlleux à travers la tempête
Le trajet jusqu’à Hunt, où se trouve le camp, aurait dû être simple. Une petite heure de vol, tout au plus. Mais la météo en a décidé autrement. Scott raconte que son équipe a dû faire face à des conditions de vol parmi les pires qu’ils aient jamais connues. Une tempête terrible qui a transformé ce qui devait être un court trajet en un périple de sept ou huit heures.
Chaque minute qui passait, ils savaient que des gens étaient en danger. C’est difficile d’imaginer la tension dans cet hélicoptère, luttant contre les éléments pour aller porter secours.
Seul face à 200 enfants terrifiés
Une fois sur place, une décision stratégique a été prise : laisser Scott au sol, au Camp Mystic. L’idée était de libérer de la place dans l’hélicoptère pour évacuer plus de victimes à chaque rotation. Mais en posant le pied à terre, Scott a vite compris la situation. Il était, pour un temps, le seul secouriste sur les lieux.
Devant lui, près de 200 personnes, principalement des enfants. « Ils étaient tous effrayés, terrifiés, frigorifiés, vivant probablement le pire jour de leur vie », se souvient-il. Il a dû prendre les choses en main, évaluer les urgences et commencer à organiser l’évacuation, tout seul. C’est une responsabilité écrasante pour n’importe qui, et encore plus pour quelqu’un dont c’était la première mission.
L'organisation du sauvetage dans le chaos
Heureusement, il n’est pas resté seul longtemps. En collaboration avec des membres de la Garde nationale de l’armée, il a mis en place un plan. Ils ont improvisé deux zones d’atterrissage pour les hélicoptères de sauvetage : une sur un terrain de tir à l’arc, l’autre sur un terrain de soccer.
« J’étais en quelque sorte le gars principal pour attraper les gens », explique-t-il simplement. Il formait des groupes de 10 à 15 enfants et quelques adultes, les guidant à travers le terrain dévasté jusqu’aux hélicoptères qui les emmenaient vers une zone sûre, où d’autres secouristes attendaient. Au total, grâce à cette organisation, 165 personnes ont pu être évacuées de cet enfer.
La force tranquille d'un jeune professionnel
Même si c’était sa première expérience de sauvetage de cette ampleur, Scott dit s’être reposé sur sa formation. « Les nageurs sauveteurs de la Garde côtière reçoivent l’une des formations les plus poussées au monde », affirme-t-il. Il est persuadé que n’importe lequel de ses collègues aurait fait la même chose, voire mieux.
Ce qui l’a aussi porté, c’est le regard des enfants. « Ils ne connaissent pas mon expérience, mon grade ou mon âge. Ils savent juste que ce type est un professionnel et qu’il est là pour nous aider. Et je devais en quelque sorte être à la hauteur de cette attente. » C’est cette confiance qui l’a poussé à se dépasser. Mais quand on le qualifie de héros, il refuse ce titre.
« Pour moi, les vrais héros, c’étaient les enfants sur le terrain. Ces jeunes ont été héroïques. Ils ont gardé leur sang-froid alors qu’ils vivaient les pires moments de leur vie. Leur force m’a inspiré. »
Un bilan tragique malgré tous les efforts
Malgré ces actes de bravoure, l’histoire du Camp Mystic est aussi une immense tragédie. Le camp a officiellement confirmé que 27 campeurs et moniteurs ont péri dans les inondations. De plus, 10 campeurs et un moniteur sont toujours portés disparus. Le propriétaire du camp lui-même, Richard « Dick » Eastland, fait partie des victimes. Son dernier geste, selon un ami, a été de se sacrifier pour tenter de sauver la vie des campeurs.
Le bilan global de ces inondations dévastatrices au Texas est encore plus lourd : les dernières estimations font état d’au moins 82 morts, et de nombreuses autres personnes sont encore portées disparues. La mission des secours, comme le dit Scott, est donc loin d’être terminée.
Selon la source : people.com