Une annonce discrète du gouvernement américain a récemment semé l’inquiétude parmi des millions de personnes. Pour ceux qui sont devenus citoyens américains au cours de leur vie, et non pas par naissance, une question se pose : notre citoyenneté est-elle vraiment permanente ?
Le 11 juin dernier, le Département de la Justice des États-Unis a publié une note qui a fait l’effet d’une bombe. Dans ce document, il est écrit noir sur blanc qu’une de leurs cinq plus grandes priorités est désormais la « dénaturalisation ». Mais qu’est-ce que ça veut dire ? C’est tout simplement la possibilité de retirer la citoyenneté américaine à une personne qui l’avait obtenue après sa naissance.
Ce que la note dit vraiment
Sur le papier, cette mesure semble viser des cas très graves. Le gouvernement parle de poursuivre les personnes impliquées dans le terrorisme, les crimes de guerre, les crimes violents ou les grosses fraudes. Jusque-là, on pourrait se dire que c’est normal. Mais c’est une petite phrase à la fin du document qui met tout le monde en alerte.
Elle autorise le gouvernement à retirer la citoyenneté dans « tout cas jugé suffisamment important ». Cette phrase est tellement vague qu’elle ouvre la porte à toutes les interprétations. Qui décide de ce qui est « important » ? C’est là que le bât blesse.
Le danger des "fausses déclarations"
Le parcours pour devenir citoyen est souvent long et compliqué. On remplit des dizaines de formulaires. Avec cette nouvelle règle, une simple petite erreur ou un oubli sur ces papiers pourrait être considéré comme une « fausse déclaration importante ». Imaginez : une vieille amende de stationnement oubliée, une information qu’on pensait sans importance… tout cela pourrait, un jour, servir de prétexte pour remettre en cause votre citoyenneté. Le risque, c’est que même des erreurs faites sans le vouloir soient utilisées contre vous.
Vers des citoyens de seconde zone ?
Aux États-Unis, il y a ceux qui naissent Américains et ceux qui le deviennent. Cette nouvelle politique crée une différence énorme entre les deux. Un citoyen de naissance ne peut pas perdre sa nationalité. Mais un citoyen naturalisé, lui, peut se la voir retirer via une « procédure civile ».
C’est une procédure beaucoup moins protectrice qu’un procès normal : l’aide d’un avocat n’est pas garantie et les preuves nécessaires pour vous condamner sont moins solides. On a l’impression de créer deux catégories de citoyens, où certains sont beaucoup moins protégés que d’autres.
Le risque d'un ciblage pour ses opinions
C’est peut-être le point le plus effrayant. Aujourd’hui, le gouvernement américain demande souvent l’accès aux comptes de réseaux sociaux (Facebook, Twitter, etc.) des personnes qui demandent un visa. Il n’y a qu’un pas à franchir pour imaginer que les opinions politiques exprimées en ligne puissent devenir un motif de dénaturalisation. Si le gouvernement n’aime pas ce que vous dites ou pensez, pourrait-il utiliser cette fameuse clause « tout cas jugé important » pour vous faire taire en menaçant de vous retirer votre passeport ? On peut se poser la question.
Un exemple concret qui fait déjà parler
Cette peur n’est pas une simple théorie. C’est déjà en train de se produire. Zohran Mamdani est un homme politique, élu à New York. Né en Ouganda de parents indiens, il est devenu citoyen américain en 2018. Parce qu’il exprime des opinions politiques fortes qui déplaisent à certains, des opposants politiques demandent officiellement au gouvernement de lui retirer sa citoyenneté. On ne lui reproche aucun crime caché ni aucune fraude. On l’attaque pour ses idées. C’est un citoyen américain, élu par des électeurs, qui pourrait perdre sa nationalité à cause de ses convictions.
Laissons cette idée faire son chemin. Ce n’est plus une question de sécurité nationale ou de lutte contre la fraude. On parle ici d’une arme juridique qui pourrait être utilisée pour faire taire un adversaire politique. La question que tout le monde se pose maintenant est la suivante : la citoyenneté américaine est-elle un droit acquis et solide, ou est-elle devenue conditionnelle, fragile, et dépendante du bon vouloir de ceux qui sont au pouvoir ?
Selon la source : americancommunitymedia.org