C’est un peu le grand écart en ce moment, non ? D’un côté, on entend partout qu’avec la crise, les plans de licenciement qui menacent, le mieux, c’est de faire le dos rond. Garder son job, ne pas faire de vagues et espérer passer entre les gouttes. Une sorte de mode survie.
Pourtant, il y a cette autre voix, celle qui se demande si l’herbe ne serait pas plus verte ailleurs. Laura Gassner Otting, qui est coach pour cadres et experts de leur domaine à Boston, a un avis assez tranché là-dessus. Pour elle, c’est une fausse bonne idée de se cacher. Au contraire, elle pense que c’est justement maintenant qu’il faut se bouger. Non pas en fuyant, mais en reprenant les rênes de ce qu’on peut maîtriser dans notre boulot. C’est le moment de se poser les bonnes questions.
Son histoire à elle, ça aide à comprendre
Elle ne sort pas ça d’un chapeau, hein. Son parcours est assez parlant. Elle a commencé sa carrière dans un des meilleurs cabinets de recrutement du pays. Cinq ans là-bas. Et un jour, paf. L’illumination. Elle se rend compte qu’elle pourrait faire le même boulot, mais en mieux, plus vite, et pour moins cher pour les clients. Une meilleure formule, quoi.
Son boss ? Pas du tout, mais alors pas du tout d’accord avec sa vision. Résultat ? Elle a claqué la porte. Simplement. En 2002, elle a fondé sa propre boîte et s’est mise à chasser des têtes, des gens très brillants dans leur domaine. Son truc, c’était d’appeler les grands noms d’un secteur et de leur demander : « C’est qui, vos pépites ? ».
Et devinez quoi ? Ces gens-là, pourtant au sommet, la rappelaient. Pourquoi ? Parce qu’ils avaient beau collectionner les succès, ils n’étaient tout simplement pas heureux. C’est fou, non ? Ça prouve bien que si les cabinets de recrutement existent encore, c’est que tout le monde se demande s’il n’y a pas mieux ailleurs.
Ce n'est pas (juste) une question d'argent
On croit toujours que le principal moteur, c’est le fric. Que les gens partent pour un plus gros chèque. Franchement, c’est l’idée reçue numéro un. Mais d’après son expérience, qui s’étale sur plus de vingt ans, c’est bien plus compliqué que ça.
Dans le jargon du recrutement, on dit qu’il y a environ huit facteurs qui peuvent pousser n’importe qui à changer de job : l’argent, bien sûr, mais aussi la mission de l’entreprise, le leadership, le défi, l’impact qu’on peut avoir, l’apprentissage de nouvelles compétences, le prestige ou même des besoins personnels.
Elle a mené une étude assez massive, avec plus de 7 000 réponses dans 74 pays. Le résultat est sans appel : seulement 36,7 % des gens ont dit que l’argent était le facteur le plus important pour leur bonheur au travail. Moins de 4 sur 10. Ça fait réfléchir.
Signe 1 & 2 : l'épuisement et la boule au ventre du dimanche soir
Bon, alors, concrètement, quels sont ces fameux signaux qui doivent vous alerter ? Le premier, c’est simple : l’épuisement. Si à la fin de chaque journée, vous avez l’impression d’avoir couru un marathon mental parce que votre chef, vos collègues ou vos clients vous pompent toute votre énergie… c’est un très mauvais signe. Ça veut dire que vous êtes constamment sur la défensive, stressé, et que vous n’êtes pas en train de donner le meilleur de vous-même. À terme, c’est la stagnation assurée.
L’autre signe, tout le monde le connaît. La fameuse « angoisse du dimanche soir ». Si chaque fin de week-end se transforme en mini-dépression à l’idée de devoir retourner au bureau le lundi… eh bien, le compte n’y est pas. On a presque tous envie que notre travail soit une des raisons de se lever le matin. Si c’est devenu une raison de vouloir rester au lit, il y a un problème à régler.
Signe 3 & 4 : le double plafond de verre, financier et professionnel
Ensuite, il y a un autre type de frustration. D’abord, l’argent. Il y a le chiffre dont vous avez besoin pour vivre (payer le loyer, les factures) et celui que vous voulez pour bien vivre (vous faire plaisir, partir en vacances…). Si vous atteignez à peine le premier, sans jamais avoir de plan pour vous approcher du second, c’est un signal que ça coince.
C’est la même chose pour votre potentiel. Vous vous sentez à l’étroit, comme dans une boîte trop petite ? L’exemple d’une de ses clientes est parfait : elle remplace quelqu’un au pied levé pour une présentation devant le conseil d’administration… et elle adore ça. Une révélation. Elle réalise qu’elle veut un rôle de leader, plus exposé. Sa boîte ne peut pas lui offrir ça ? Qu’à cela ne tienne, elle est partie chez un concurrent qui lui a donné cette opportunité.
Signe 5 & 6 : quand la vie s'en mêle et qu'on se sent invisible
Parfois, le signal vient de l’extérieur. Vos priorités changent, tout simplement. Un fondateur de startup, par exemple, qui carbure aux longues journées et au travail intense, a eu une fille. D’un coup, sa perspective a changé. Il voulait être plus présent à la maison. Il a donc cherché un job avec un meilleur équilibre et plus de stabilité. C’est la vie.
Et enfin, il y a peut-être le pire sentiment : celui d’être invisible. Une autre de ses clientes se sentait complètement éclipsée par un collègue plus grande gueule. Elle avait beau faire un super boulot, ses contributions passaient inaperçues. Son boss n’a rien fait pour rectifier le tir. Au final, elle a trouvé un nouveau poste ailleurs, où le processus de recrutement et une grosse augmentation de salaire lui ont enfin donné le sentiment d’être appréciée à sa juste valeur.
Conclusion : arrêtez de courir après la réussite des autres
Au fond, le plus gros piège, selon la coach, c’est de juger sa propre réussite à l’aune de définitions qui ne sont pas les nôtres. Des définitions périmées, qu’on nous a transmises, par nos parents, la société… C’est comme si on suivait une vieille carte qui ne mène nulle part d’intéressant. On peut cocher toutes les cases, mais à la fin, on se sent vide.
On ne peut pas avoir une faim de loup pour les objectifs de quelqu’un d’autre. C’est impossible. Et ça mène droit à l’ennui, au désengagement et à la carrière qui patine. Voilà tout.
L’idée du chemin unique et tout tracé vers le grand bureau d’angle, c’est une vision du passé. Aujourd’hui, il existe mille et une façons de travailler qui peuvent correspondre à la personne que l’on veut être, et pas seulement à celle qu’on nous a dit qu’on devait devenir. Et ça, c’est plutôt une bonne nouvelle.
Selon la source : businessinsider.com