La promesse brisée : l’histoire cachée des alliés abandonnés par la Grande-Bretagne
Auteur: Mathieu Gagnon
Quand il s’agit des personnes qui ont risqué leur vie pour nous aider dans nos guerres à l’étranger, notre mémoire semble devenir incroyablement courte. La récente révélation d’une fuite de données monumentale en est la preuve la plus criante : les noms et les informations personnelles de dizaines de milliers d’Afghans qui ont travaillé avec les forces britanniques se sont retrouvés exposés à la vue de tous, et surtout, à celle des talibans. Ce n’est pas juste une erreur technique, c’est le symptôme d’une maladie bien plus ancienne : notre tendance à l’abandon.
Le scandale afghan, une trahison en plein jour
Et le pire dans tout ça ? Pendant près de deux ans, le gouvernement britannique a utilisé un ordre de justice ultra-secret pour empêcher que cette histoire ne sorte dans la presse. Pendant ce temps, des gens vivaient dans la terreur, sans savoir si leur nom était sur cette liste maudite. Une opération de sauvetage, nommée Rubific, a bien été lancée, mais c’est une goutte d’eau dans l’océan. Des milliers de personnes sont encore là-bas, en danger de mort à cause de notre négligence. On a même vu le cas révoltant d’un colonel afghan, qui a combattu à nos côtés, réussir à fuir vers l’Angleterre sur un petit bateau, pour ensuite être menacé d’expulsion vers le Rwanda. C’est à peine croyable.
Un écho du passé : les milices oubliées de l'empire
Ils étaient indispensables. Mais dès que la stratégie a changé, dès que les troupes britanniques se sont retirées pour des raisons financières, qu’est-il arrivé ? Ces groupes locaux ont été laissés seuls face aux représailles, leurs villages pris en étau entre la vengeance tribale et notre indifférence. Leur utilité avait expiré, et avec elle, notre sens du devoir.
Des jungles de malaisie aux tribunaux britanniques
Pourtant, officiellement, ils étaient considérés comme de simples civils. Résultat : ni pension, ni reconnaissance à long terme. Une fois le conflit terminé, la plupart sont retournés à l’anonymat. Et que dire des Gurkhas ? Ces fameux et loyaux guerriers népalais qui se battent pour la couronne britannique depuis le 19ème siècle. Ils ont dû se battre pendant des décennies, non pas sur le champ de bataille, mais dans les tribunaux et les journaux pour obtenir les mêmes droits que leurs homologues britanniques, notamment en matière de pension et de droit de résidence. Une bataille gagnée tardivement, et qui, en plus, a laissé de côté de nombreux anciens vétérans.
Irak et afghanistan : les mêmes erreurs, encore et encore
En Afghanistan, avant même cette énorme fuite de données, le tableau était déjà sombre. Des chauffeurs et des traducteurs qui avaient partagé les risques avec nos patrouilles voyaient leurs demandes d’asile bloquées, leurs e-mails sans réponse. Les promesses faites par les ministres lors de la chute de Kaboul en 2021 sonnent aujourd’hui terriblement creux pour ceux qui y avaient placé leur dernier espoir.
Un coût moral, mais surtout stratégique pour l'avenir
Il y a une ironie amère ici. Nous protégeons férocement l’identité de nos espions et de nos informateurs pendant des décennies. Mais un homme qui se tenait visiblement aux côtés de nos soldats ? Il est laissé à découvert. Cette réputation de partenaire peu fiable nous coûtera cher. Très cher.
Conclusion : il est temps de briser le cycle de la trahison
Il est plus que temps d’agir. Nous avons besoin d’un contrat légal et contraignant avec ceux qui nous aident. Une sorte de « pacte de l’aidant », qui garantirait l’asile, la relocalisation et un soutien durable. Pas des mots en l’air, mais des droits concrets et applicables. Les alliés de demain nous regardent. Si nous ne faisons rien, nous confirmerons que la promesse britannique est vide. Et ce sera peut-être ça, notre plus grande trahison : celle envers notre propre crédibilité et notre propre honneur.
Selon la source : independent.co.uk