Première preuve physique d’une civilisation avancée découverte dans une cité engloutie de 140 000 ans
Auteur: Mathieu Gagnon
Imaginez un monde ancien, caché sous les vagues. C’est exactement ce que des scientifiques ont trouvé au large de l’Indonésie. Une découverte qui pourrait bien nous obliger à réécrire une partie de l’histoire de nos lointains ancêtres.
Ils ont mis au jour le crâne d’un Homo erectus, un de nos plus vieux cousins, qui reposait là depuis plus de 140 000 ans. Conservé sous des couches de sable et de vase, ce trésor se trouvait dans le détroit de Madura, un bras de mer qui sépare aujourd’hui les îles de Java et de Madura. Pour les experts, c’est peut-être la première preuve physique d’un continent disparu : le Sundaland.
La trouvaille inattendue des mineurs de sable
Cette histoire ne commence pas dans un laboratoire, mais avec des mineurs de sable marin en 2011. En draguant le fond de la mer pour extraire du sable, leurs machines ont ramené à la surface des restes fossilisés. Sur un site de remblaiement près de la ville de Surabaya, des ouvriers sont tombés sur quelque chose d’incroyable : plus de 6 000 fossiles d’animaux et, parmi eux, deux fragments de crâne humain.
Au début, personne ne savait ce que c’était. Mais les scientifiques, réalisant l’importance de cette trouvaille, ont lancé des études approfondies. Ce n’est que très récemment qu’ils ont pu dater ces restes et confirmer qu’il s’agissait bien de notre ancêtre, l’Homo erectus. Une véritable capsule temporelle sortie des eaux par hasard.
Sundaland, le continent englouti sous les eaux
Mais alors, comment des humains ont-ils pu vivre au fond de la mer ? En réalité, ils ne vivaient pas sous l’eau. Il y a des milliers d’années, cet endroit n’était pas un détroit, mais une immense plaine tropicale appelée Sundaland. Ce continent reliait les îles que nous connaissons aujourd’hui (comme Java, Sumatra, Bornéo) au reste de l’Asie du Sud-Est.
Que s’est-il passé ? Il y a entre 14 000 et 7 000 ans, les glaciers de la planète ont fondu, faisant monter le niveau de la mer de plus de 120 mètres. Lentement mais sûrement, les plaines du Sundaland ont été inondées, forçant les habitants et les animaux à se réfugier sur les terres plus élevées, qui sont devenues les îles d’aujourd’hui. Les scientifiques ont même retrouvé les traces d’une ancienne rivière, la rivière Solo, qui serpentait à travers cette vallée aujourd’hui submergée.
Qui était l'homo erectus, notre lointain cousin ?
L’Homo erectus est une étape très importante dans l’évolution humaine. C’est l’un des premiers de nos ancêtres à nous ressembler davantage : il était plus grand, plus musclé, avec des jambes plus longues faites pour la marche et des bras plus courts. Il a marqué un tournant dans notre histoire.
Pour être sûrs que les fragments de crâne appartenaient bien à un Homo erectus, les chercheurs les ont comparés à d’autres fossiles bien connus découverts sur l’île voisine de Java. La ressemblance était frappante. C’est la toute première preuve directe que l’Homo erectus a vécu dans cette région du Sundaland, aujourd’hui sous les eaux. Cela repousse les limites de ce que nous pensions savoir sur les endroits où il a vécu.
La vie à l'époque : des chasseurs et des proies
Les fossiles nous en disent long sur la vie de l’époque. Aux côtés du crâne humain, on a retrouvé les restes de 36 espèces d’animaux différentes. Il y avait des buffles, des cerfs, des dragons de Komodo, et même une sorte d’éléphant géant aujourd’hui disparu, le Stégodon, qui pouvait peser plus de 10 tonnes !
Le plus fascinant, ce sont les marques de découpe délibérées trouvées sur certains os d’animaux. C’est la preuve que ces premiers humains n’étaient pas de simples charognards. Ils pratiquaient des stratégies de chasse avancées pour abattre de grosses proies. La présence de fossiles de cerfs et d’antilopes nous indique aussi à quoi ressemblait le paysage : de grandes prairies et des forêts clairsemées, un environnement idéal pour ces chasseurs-cueilleurs.
Conclusion : ce que cette découverte signifie pour notre histoire
Alors, que faut-il retenir de tout ça ? Cette découverte est bien plus qu’une simple trouvaille de vieux os. Elle nous prouve que des pans entiers de l’histoire humaine sont cachés juste sous nos yeux, ou plutôt, sous les océans. Elle remet en question nos certitudes sur les migrations de nos ancêtres.
Comme l’a dit Harold Berghuis, l’archéologue qui a mené l’enquête, c’est en combinant la géologie, l’archéologie et l’étude des anciens environnements qu’on peut révéler ces chapitres perdus. Les fossiles du détroit de Madura ne sont qu’une pièce du puzzle. Qui sait quelles autres villes, fermes et souvenirs de ces mondes engloutis nous attendent encore au fond des mers, attendant que la technologie nous permette de les redécouvrir.
Selon la source : dailymail.co.uk