Imaginez un instant que les services les plus importants de votre pays soient en danger. C’est exactement ce qui se passe en ce moment à Singapour. Le gouvernement a annoncé qu’une cyberattaque « grave » est en cours, visant ce qu’on appelle les infrastructures critiques. En gros, ce sont les systèmes qui font fonctionner le pays au quotidien : l’électricité, l’eau, les transports, les hôpitaux…
L’alerte a été donnée par le ministre de l’Intérieur, Kasiviswanathan Shanmugam, qui n’a pas mâché ses mots : « Je peux dire que l’attaque est grave et qu’elle est en cours ». Une situation qui met tout le pays sur le qui-vive.
Un groupe de pirates lié à la Chine pointé du doigt
Mais qui est derrière cette attaque ? Le ministre a nommé un groupe de pirates informatiques connu sous le nom de UNC3886. Même si le gouvernement de Singapour reste prudent, des experts en sécurité informatique, comme l’entreprise Mandiant qui appartient à Google, affirment que ce groupe est lié à la Chine et qu’il est spécialisé dans l’espionnage sur internet à grande échelle.
Évidemment, la Chine n’a pas tardé à réagir. Par la voix de son ambassade à Singapour, elle a tout nié en bloc. Elle a déclaré « s’opposer fermement à tout dénigrement non fondé » et a même ajouté que la Chine était elle-même une victime fréquente de ce genre d’attaques. Une défense assez classique dans ce genre d’affaires, il faut bien le dire.
Qu'est-ce qu'une attaque 'menace persistante avancée' ?
Le terme utilisé pour décrire cette attaque, « Menace Persistante Avancée » (ou APT en anglais), peut sembler compliqué. Essayons de le rendre plus simple. Imaginez un cambrioleur très patient et très malin. Il ne se contente pas de forcer la porte. Non, il étudie la maison pendant des semaines, trouve une toute petite faille, s’y glisse sans faire de bruit et reste caché à l’intérieur pendant longtemps.
C’est exactement ce que font ces pirates. Ils ne cherchent pas à faire un coup d’éclat rapide. Leur but est de s’installer discrètement dans les systèmes informatiques pour voler des informations sensibles sur le long terme ou pour pouvoir, le moment venu, tout paralyser. C’est une forme de piratage très sophistiquée, qui demande beaucoup de moyens et de compétences.
Quels sont les dangers concrets pour la population ?
On pourrait se dire que tout ça, c’est de l’informatique, loin de notre quotidien. Mais en réalité, les conséquences pourraient être désastreuses. Le ministre a été très clair. Si les pirates réussissent, ils pourraient, par exemple, couper l’approvisionnement en électricité. Plus de lumière, plus de chauffage, mais surtout, des hôpitaux et des transports à l’arrêt.
Les effets ne s’arrêteraient pas là. « Nos banques, nos aéroports et nos industries pourraient cesser de fonctionner », a-t-il prévenu. L’économie entière de Singapour pourrait être touchée. Le but de ces attaques n’est pas seulement de voler des secrets, mais aussi de créer un chaos qui pourrait mettre un pays à genoux.
Une situation qui ne date pas d'hier
Cette attaque n’est malheureusement pas une surprise totale. Le ministre a révélé un chiffre inquiétant : entre 2021 et 2024, le nombre d’attaques de ce type contre Singapour a été multiplié par plus de quatre. La menace est donc de plus en plus présente.
Les habitants de Singapour ont d’ailleurs un mauvais souvenir en tête. En 2018, une autre cyberattaque avait visé le système de santé. Les pirates avaient réussi à accéder aux dossiers médicaux de 160 000 personnes, y compris celui de l’ancien Premier ministre. Cela montre bien que personne n’est à l’abri et que les données personnelles, même les plus intimes, sont une cible de choix.
Conclusion : un combat de plus en plus difficile
Alors, que faire ? Les autorités de Singapour sont à pied d’œuvre pour contrer l’attaque, mais la tâche est immense. Comme l’explique un expert américain en cybersécurité, Satnam Narang, lutter contre ces « adversaires furtifs » est un défi énorme.
Pourquoi ? Parce que nos vies sont de plus en plus connectées. Tout repose sur des systèmes informatiques complexes. Protéger tout ça devient un véritable casse-tête. Cette attaque à Singapour nous rappelle que dans le monde d’aujourd’hui, les guerres ne se font pas seulement avec des armes, mais aussi avec des claviers et des lignes de code. Et c’est un combat de tous les instants.
Selon la source : liberation.fr