Singes, éléphants et soins intensifs : plongée dans un hôpital animalier en Thaïlande
Auteur: Adam David
En Thaïlande, un hôpital pas comme les autres se consacre à soigner les animaux sauvages, des plus petits aux plus impressionnants. Géré par une organisation non gouvernementale (ONG), ce centre est un véritable havre de paix où les soignants doivent souvent faire preuve d’une grande ingéniosité pour adapter leurs outils à des patients hors du commun, comme les singes ou les éléphants.
Le système D : quand l'ingéniosité sauve des vies
Face au manque de matériel spécifiquement conçu pour la faune sauvage, l’équipe vétérinaire doit rivaliser de créativité. « Si on ne trouve pas le matériel approprié, on doit bricoler avec ce que l’on a déjà », confie la vétérinaire Siriporn Tippol. Elle raconte par exemple avoir modifié un laryngoscope pour chats et chiens en y ajoutant un manche plus long, afin de pouvoir l’utiliser sur des tigres et des ours. Une preuve que l’ingéniosité est parfois le meilleur des remèdes.
Des patients de toutes tailles et de tous horizons
Chaque mois, des dizaines d’animaux transitent par ce nouveau centre de soins de la Fondation des amis de la faune sauvage de Thaïlande (WFFT), situé dans la province de Phetchaburi. La patientèle est incroyablement variée. On y trouve des créatures pesant à peine cent grammes, comme le phalanger volant, mais aussi des animaux bien plus imposants. Récemment, l’équipe a opéré un macaque à queue de cochon de six ans, sauvé d’une exploitation de noix de coco où il était maltraité.
Yong, le macaque sauvé de l'esclavage
L’histoire de Yong, ce macaque de six ans, est poignante. Il faisait partie des milliers de singes exploités dans le sud du pays pour grimper aux palmiers et récolter des noix de coco. La fondation WFFT a dénoncé la cruauté de ces pratiques. Une fois secouru, Yong a bénéficié d’un bilan de santé complet, incluant des prises de sang et des examens aux rayons X. Les soignants ont pu retirer le collier métallique qui l’enchaînait et ont procédé à une vasectomie avant qu’il ne puisse rejoindre ses congénères en toute sécurité.
Un refuge qui a bien grandi
Cet hôpital a ouvert ses portes début juillet, remplaçant une clinique devenue trop petite. Edwin Wiek, le fondateur de l’ONG, a commencé en 2001 avec seulement deux singes et un gibbon. « Mon passe-temps est devenu hors de contrôle », s’amuse-t-il aujourd’hui. Le refuge s’étend désormais sur 120 hectares et abrite plus de 900 animaux de 60 espèces différentes. Avec un flux constant d’urgences, il était devenu indispensable d’avoir « un site plus grand, de plus salles d’opération, d’une salle de traitement ».
Une collaboration renforcée avec les autorités
Longtemps en conflit avec les autorités en raison de son combat contre le trafic d’animaux, ce Néerlandais est aujourd’hui un conseiller écouté par le gouvernement. Les agences de l’État font désormais appel à son refuge pour accueillir les animaux saisis. « Nous nous coordonnons avec WFFT, qui prête assistance pour la réhabilitation et les soins médicaux », confirme un responsable du service des parcs nationaux. Une des batailles actuelles de la fondation est de convaincre les fermiers d’arrêter d’utiliser des singes pour la récolte des noix de coco.
de grands projets pour l'avenir
L’hôpital ne compte pas s’arrêter là. La vétérinaire Siriporn rêve d’une unité de radiologie mobile et d’une machine d’analyse sanguine plus performante. Edwin Wiek, lui, voit encore plus grand : il imagine un laboratoire d’analyse scientifique pour retracer l’origine des animaux saisis et ainsi mieux combattre les trafiquants. Selon lui, « les lois sont là, mais leur mise en application manque ». Cet outil pourrait enfin permettre de porter un coup dur à ce trafic cruel et illégal.
Selon la source : la-croix.com