On entend partout que le gluten, cette protéine présente dans le blé, c’est mauvais pour la santé. Pour beaucoup de gens qui souffrent de maux de ventre, de ballonnements ou du fameux ‘syndrome de l’intestin irritable’ (SII), le gluten est devenu l’ennemi public numéro un. On le supprime de son alimentation et, parfois, on se sent mieux. Mais voilà qu’une nouvelle étude vient semer le doute. Et si, pour beaucoup d’entre nous, le gluten était en fait un faux coupable ? L’histoire est un peu plus compliquée qu’il n’y paraît.
Une expérience scientifique surprenante
Des chercheurs au Canada ont mené une expérience très intelligente. Ils ont recruté des personnes qui souffraient du syndrome de l’intestin irritable et qui étaient convaincues que le gluten était la cause de leurs maux, car elles se sentaient mieux en l’évitant. Pendant plusieurs semaines, ils leur ont donné à manger des barres de céréales. Il y en avait de trois sortes : une avec du gluten, une avec de la farine de blé, et une troisième totalement sans gluten ni blé. Le piège ? Personne, ni les patients, ni même les médecins, ne savaient quelle barre ils mangeaient chaque semaine. C’était un test ‘à l’aveugle’.
Le résultat qui change tout : pas de différence !
Et là, le résultat a été un vrai choc. Les patients se sont plaints d’avoir mal au ventre… aussi souvent après avoir mangé la barre SANS gluten qu’après avoir mangé celles qui en contenaient ! En fait, environ un tiers des participants se sentaient mal, peu importe la barre qu’ils mangeaient. C’est la preuve que le gluten, en lui-même, n’était probablement pas le vrai déclencheur de leurs symptômes. Chose encore plus intéressante, les analyses ont montré que beaucoup de participants, par peur de tomber malades, n’avaient même pas suivi le régime à la lettre.
Le vrai coupable : le pouvoir de nos pensées
Alors, si ce n’est pas le gluten, c’est quoi ? Les chercheurs ont une explication : c’est ce qu’on appelle l’effet ‘nocebo’. C’est un peu le cousin maléfique de l’effet placebo que tout le monde connaît. L’idée est simple : si vous êtes absolument persuadé que quelque chose va vous faire du mal, eh bien… ça finit par vous faire du mal ! Votre cerveau, convaincu du danger, peut déclencher de vrais symptômes physiques, comme des douleurs au ventre. En d’autres termes, c’est la croyance que le gluten est mauvais qui rend malade, plus que le gluten lui-même.
Attention : ne jetons pas le bébé avec l'eau du bain !
Pas de panique, il ne faut pas tout mélanger. Cette étude ne veut pas dire que personne n’est sensible au gluten. Il est très important de faire la différence avec la maladie cœliaque, qui est une vraie maladie auto-immune où le gluten est très dangereux pour l’intestin. Pour ces personnes, un régime sans gluten est absolument indispensable. De plus, l’étude a été faite sur un petit nombre de personnes. Il est donc possible que pour certains malades du SII, le gluten soit un vrai problème. Mais pour beaucoup d’autres, il semblerait que non.
Que conseillent les médecins après cette découverte ?
Face à ces résultats, les chercheurs conseillent aux médecins de changer leur approche. Au lieu de simplement dire aux patients ‘ce n’est pas le gluten’, ils suggèrent de travailler avec eux. Il faudrait peut-être un accompagnement psychologique pour les aider à ne plus avoir peur du gluten et à le réintroduire progressivement et sans crainte dans leur alimentation. Mais ce n’est pas si simple : à la fin de l’étude, la plupart des participants ont refusé de croire que le gluten n’était pas le problème. La peur est parfois plus forte que la science.
Conclusion : et si on apprenait à se faire confiance ?
Finalement, que retenir de tout ça ? Que notre cerveau est incroyablement puissant. Cette étude ne dit pas qu’il faut se remettre à manger du gluten à tous les repas, mais elle nous invite à la prudence avant de désigner un coupable pour tous nos maux. La meilleure chose à faire reste d’écouter son propre corps, et surtout, d’en parler avec son médecin pour trouver des solutions personnalisées. Parfois, la clé n’est pas seulement dans notre assiette, mais aussi un peu dans notre tête.
Selon la source : gizmodo.com