Imaginez un objet si colossal, si absolument démesuré, qu’il ne devrait tout simplement pas pouvoir exister selon les règles de la physique que nous connaissons. C’est pourtant le casse-tête qui agite le monde de l’astrophysique depuis l’annonce, en novembre 2023, d’une observation hors du commun. Après des mois d’analyses, le constat est sans appel : les scientifiques ont mis le doigt sur un phénomène qui remet en question des décennies de certitudes sur la formation des géants de l’univers.
LIGO, l'oreille cosmique qui a tout entendu
À l’origine de cette agitation, on trouve un instrument d’une précision redoutable : LIGO. Pensez-y comme une sorte d’oreille gigantesque, capable d’écouter les vibrations les plus subtiles de l’univers. Ces ondulations dans le tissu de l’espace-temps, appelées ondes gravitationnelles, sont les échos d’événements cataclysmiques, comme l’explosion d’une étoile ou la collision de deux trous noirs. Et c’est justement un de ces cataclysmes que LIGO a perçu le 23 novembre 2023. Un signal, baptisé GW231123, qui allait se révéler bien plus qu’une simple observation de routine.
Un géant qui pulvérise tous les records
Ce que les données ont révélé est tout simplement ahurissant. Les scientifiques ont assisté à la fusion de deux trous noirs, donnant naissance à un nouveau titan cosmique d’une masse totale estimée à 255 fois celle de notre Soleil. Pour vous donner une idée de l’ampleur de la chose, le précédent record détecté par LIGO, déjà considéré comme énorme, plafonnait à 140 masses solaires. On ne parle donc pas d’une petite amélioration ; on a complètement changé d’échelle. C’est, pour le dire simplement, du jamais-vu.
Le véritable problème : ce trou noir ne devrait pas exister
Et c’est là que tout part en vrille. Sérieusement, Mark Hannam, un des cerveaux derrière tout ça, l’a bien dit : un objet aussi énorme, ça ne devrait même pas exister selon nos bons vieux modèles sur la naissance des étoiles. Genre, pour qu’un truc aussi balèze voie le jour après la fusion de deux trous noirs, faudrait déjà que chaque trou noir de départ fasse entre 100 et 140 fois le poids du Soleil. Sauf que – plot twist ! – jusqu’ici, les astrophysiciens étaient sûrs et certains que des étoiles pouvaient pas s’effondrer pour créer des trous noirs dans cette tranche « interdite ».
Alors, d'où vient-il ? L'hypothèse des fusions en cascade
Face à ce mystère, une nouvelle piste commence à émerger. Les scientifiques ne sont heureusement pas à court d’idées. L’une des hypothèses les plus plausibles, avancée par ce même Mark Hannam, est celle des fusions « en cascade ». En d’autres termes, les deux trous noirs qui viennent de fusionner n’étaient peut-être pas des trous noirs de « première génération » nés d’étoiles. Ils pourraient être eux-mêmes le résultat de fusions antérieures, entre des trous noirs plus petits. On aurait donc affaire à des objets de seconde, voire de troisième génération, un peu comme des poupées russes cosmiques. Une idée fascinante qui, si elle se vérifie, ouvre un tout nouveau chapitre sur la vie de ces ogres de l’espace.
Quand une découverte oblige la science à se réinventer
Mais bon, la masse, c’est même pas le seul truc bizarre ici. T’imagines, les chercheurs ont aussi maté leur vitesse de rotation, et c’est genre entre 80% et 90% de ce que la relativité d’Einstein autorise au max. On parle d’étoiles qui flirtent avec le mur du son, façon univers version hardcore. Bref, on n’est pas juste en train de rayer une ligne de plus dans un tableau Excel d’étoiles. Non, là, c’est carrément un pied de nez balancé à toute la communauté scientifique. Genre, « Hé, les gars, va falloir sortir des sentiers battus et secouer vos vieilles théories ! » Franchement, loin d’être un souci, c’est juste la meilleure excuse pour tout reprendre à zéro et peut-être réinventer notre vision de l’univers. Qui a dit que la science, c’était pas rock’n’roll ?
Selon la source : geo.fr