Assurance médicaments : la promesse d’ottawa s’envole, et l’inquiétude grandit
Auteur: Mathieu Gagnon
C’est une nouvelle qui a de quoi laisser perplexe. Le gouvernement fédéral, qui avait promis de mettre en place une assurance médicaments pour tous, semble faire marche arrière. Résultat : un grand sentiment d’incertitude plane, et beaucoup craignent que cela ne crée une injustice à travers le pays. Imaginez que vos médicaments soient couverts dans une province, mais pas dans la vôtre… C’est cette possibilité qui inquiète aujourd’hui de nombreuses personnes.
Liz Thompson, qui se bat pour l’accès à la contraception, résume bien le sentiment général : « C’est vraiment décevant, honnêtement. On dirait qu’ils ne savent pas vraiment ce qu’ils vont faire. » Ce flou est au cœur du problème.
Ce qui était promis au départ
Pour bien comprendre, il faut se souvenir de ce qui avait été annoncé. L’automne dernier, une loi sur l’assurance-médicaments a été adoptée. La première étape était simple : le gouvernement fédéral devait financer le coût des contraceptifs et des médicaments contre le diabète pour les Canadiens. Une bouffée d’air frais pour beaucoup.
Dans la foulée, des ententes ont même été signées avec quatre provinces et territoires : la Colombie-Britannique, l’Île-du-Prince-Édouard, le Yukon et le Manitoba. Un budget de 1,5 milliard de dollars avait été prévu pour lancer le programme. Tout semblait sur la bonne voie pour, à terme, couvrir tous les médicaments pour tout le monde.
Un changement de discours soudain
Mais voilà que le ton a changé. Récemment, quand on a demandé à la ministre de la Santé, Marjorie Michel, où en étaient les négociations avec les autres provinces, sa réponse a été pour le moins évasive. Elle a déclaré : « C’est un nouveau gouvernement, et nous sommes dans un nouveau contexte, et nous devons discuter avec les provinces pour voir comment nous pouvons les soutenir. »
Un « nouveau contexte » ? C’est une drôle de façon de voir les choses, surtout quand on pense qu’au printemps, les libéraux promettaient de « protéger l’assurance-médicaments » à tout prix. Un porte-parole du premier ministre a bien précisé qu’ils ne supprimeraient pas les accords déjà signés, mais pour le reste du pays… c’est le silence. Alors, que s’est-il passé entre la promesse et aujourd’hui ?
La déception des défenseurs du programme
Forcément, cette volte-face ne passe pas. Teale Phelps Bondaroff, qui milite pour la couverture des contraceptifs depuis des années, parle d’un « manque fondamental de leadership ». Selon lui, le gouvernement semble tellement obsédé par les problèmes économiques, comme les droits de douane américains, qu’il en oublie les gens ordinaires.
On sent bien l’exaspération. La Dre Amanda Black, une spécialiste en santé des femmes, voit ça comme un véritable recul. Pour elle, il ne faut rien lâcher et continuer de faire pression sur les gouvernements, autant au niveau provincial que fédéral. L’idée est simple : la santé des gens ne devrait pas être une variable d’ajustement.
Une question d'injustice entre les provinces
Le mot qui revient le plus, c’est « injustice ». Julie Veinot, qui travaille dans un centre de santé sexuelle en Nouvelle-Écosse, n’en revient pas. « Je suis tout à fait surprise qu’il soit même possible que certaines provinces n’obtiennent pas cette couverture », dit-elle. Et elle a raison de le souligner. Pourquoi un citoyen de Colombie-Britannique aurait-il droit à cette aide, et pas un citoyen de l’Ontario ou du Québec ?
Surtout en ce moment. Tout le monde sait que le coût de la vie explose. Comme le dit Mme Veinot, on ne veut pas que les gens aient à choisir entre payer leur loyer et acheter leurs médicaments. C’est une question de dignité, tout simplement.
Conclusion : plus qu'un programme, un symbole canadien en péril
Au fond, cette histoire va bien au-delà d’une simple ligne dans un budget. Elizabeth Kwan, du Congrès du travail du Canada, le dit très bien : en reculant, le gouvernement « rompt une promesse faite aux Canadiens ». Pour elle, ce genre de programme social, c’est ce qui fait de nous des Canadiens. C’est ce qui nous différencie.
Elle rappelle aussi une réalité importante : beaucoup de gens dépendent de l’assurance de leur employeur. Mais avec les licenciements qui se multiplient, que ce soit à La Baie d’Hudson ou dans les collèges de l’Ontario, de plus en plus de gens perdent cette couverture. C’est précisément pour ça qu’un système public universel est si important. Il est là pour nous tous, quand on en a le plus besoin. Perdre ça, ce serait perdre un peu de ce qui fait notre pays.
Selon la source : ici.radio-canada.ca