Cancer du côlon : et si les fibres pouvaient reprogrammer nos gènes pour nous protéger ?
Auteur: Adam David
On savait les fibres alimentaires essentielles à un bon transit et à notre bien-être général. Mais une récente étude menée par des chercheurs de Stanford suggère que leur rôle pourrait être bien plus profond, jusqu’à influencer l’expression même de nos gènes pour nous défendre contre le cancer du côlon. Une piste qui pourrait redéfinir les stratégies de prévention.
Le secret des fibres : des messagers chimiques inattendus
Au cœur de cette découverte se trouve un mécanisme fascinant. Lorsque nous consommons des fibres, ce ne sont pas nos cellules qui les digèrent directement, mais les milliards de bactéries qui peuplent notre intestin. Ce microbiote, en se nourrissant, produit des molécules appelées acides gras à chaîne courte (AGCC). Ce sont ces fameux AGCC qui agissent comme des messagers, capables d’interagir avec notre ADN.
Les scientifiques ont observé ce phénomène en laboratoire sur différentes lignées cellulaires : des cellules humaines saines, des cellules cancéreuses du côlon, mais aussi directement dans l’intestin de souris. Le résultat est sans appel : la présence de ces acides gras modifie l’activité de certains gènes.
Une véritable reprogrammation génétique
« Nous avons appris, pour la première fois, comment les fibres marchent vraiment », s’enthousiasme Michael Snyder, professeur de génétique à Stanford et co-auteur de l’étude. Jusqu’ici, leur action était surtout perçue comme mécanique. Aujourd’hui, on comprend qu’elles déclenchent une cascade biochimique qui « change l’expression de gènes clés dans l’intestin ».
Cette modulation n’est pas anodine. Elle semble avoir un effet protecteur, voire anticancéreux. C’est comme si ces molécules issues de notre alimentation donnaient de nouvelles instructions à nos cellules, les orientant vers un fonctionnement plus sain et moins propice au développement de tumeurs.
Un mécanisme qui pourrait dépasser le côlon
Et si cette action ne se limitait pas à l’intestin ? C’est l’hypothèse soulevée par les chercheurs. « Nous pensons qu’il s’agit probablement d’un mécanisme global, car les acides gras à chaîne courte […] peuvent circuler dans tout le corps », précise Michael Snyder. Cette idée ouvre un champ de recherche immense. Si les fibres peuvent moduler les gènes dans le côlon, pourraient-elles avoir un impact similaire sur d’autres organes, influençant ainsi d’autres pathologies ? La question reste ouverte.
Un enjeu de santé publique majeur
Cette découverte intervient dans un contexte pour le moins préoccupant. Le cancer du côlon est aujourd’hui le troisième cancer le plus fréquent chez l’homme et le deuxième chez la femme à l’échelle mondiale. On pointe souvent du doigt la consommation excessive d’alcool, de viande rouge ou de charcuteries. Mais cette étude renforce une autre suspicion : notre alimentation moderne, souvent très appauvrie en fibres, pourrait être l’un des grands responsables de cette progression.
Nos assiettes, un champ de bataille pour notre santé
« En général, le régime alimentaire des gens est très pauvre en fibres », déplore le professeur Snyder. Cela signifie, en clair, que notre microbiote est sous-alimenté. Il ne peut donc pas produire la quantité d’acides gras à chaîne courte nécessaire pour assurer cette protection génétique. « Cela ne rend pas service à notre santé », résume-t-il sobrement. Un rappel simple que le contenu de nos assiettes est en dialogue constant avec notre biologie la plus intime.
Vers de nouvelles alliances thérapeutiques ?
Loin d’être une conclusion, ce travail est surtout une porte d’entrée. En identifiant précisément les gènes ciblés par ces molécules, les chercheurs espèrent comprendre « ce qui ne va pas pendant le cancer » et comment y remédier. On peut imaginer, à terme, des stratégies combinant traitements conventionnels et interventions nutritionnelles ciblées pour optimiser la lutte contre la maladie. L’alimentation ne serait plus seulement une mesure de prévention, mais pourrait devenir un véritable allié thérapeutique, agissant au cœur même de nos cellules.
Selon la source : passeportsante.net