L’empereur qui voulait vivre éternellement : une mystérieuse pierre ravive la légende de Qin Shi Huang
Auteur: Adam David
L’obsession de l’immortalité n’est pas née dans la Silicon Valley. Bien avant les milliardaires de la tech, un homme a tout mis en œuvre pour déjouer la mort : Qin Shi Huang, le premier empereur de Chine. Une récente découverte archéologique, aussi fascinante que controversée, pourrait bien ajouter un chapitre inédit à cette quête millénaire.
Une découverte à couper le souffle, à 4 300 mètres d'altitude
Tout commence en juin dernier, sur les hauteurs vertigineuses du plateau tibétain du Qinghai. C’est là, près du lac Gyaring, qu’une équipe menée par Tong Tao, chercheur à l’Institut d’archéologie chinois, affirme avoir mis au jour une pierre qui pourrait tout changer. Gravée il y a plus de 2 200 ans, elle décrirait une expédition jusqu’alors inconnue.
Le texte est précis : en 221 av. J.-C., soit la 26e année de son règne, l’empereur aurait ordonné à cinq grands maîtres et à leurs chimistes de se rendre dans les lointaines montagnes du Kunlun. Leur mission ? Trouver l’insaisissable élixir de vie éternelle. Une annonce qui a immédiatement semé le trouble et le doute dans la communauté scientifique.
Le scepticisme s'installe : une histoire qui ne colle pas
Cette découverte, si elle était avérée, remettrait en question une partie de ce que l’on sait de l’empereur. Car jusqu’à présent, les archives historiques ne mentionnaient que des expéditions vers l’est, notamment en direction du Japon, pour satisfaire l’obsession de Qin Shi Huang. Jamais vers l’ouest.
Le *South China Morning Post* a rapidement relayé les interrogations des historiens. Pour beaucoup, l’hypothèse d’une telle mission vers le plateau tibétain est tout simplement invraisemblable. Comment une expédition, avec les moyens logistiques de l’époque, aurait-elle pu atteindre un site aussi isolé et perché à une telle altitude ? C’est la question que soulève notamment Xin Deyong, chercheur à l’université de Pékin, qui penche clairement pour un faux.
La calligraphie, un indice troublant en faveur de l'authenticité
Pourtant, d’autres experts invitent à la prudence avant de crier à la supercherie. L’un des arguments les plus forts en faveur de la pierre vient de la technique de gravure elle-même. Li Yuelin, un spécialiste en calligraphie installé aux États-Unis, a analysé les inscriptions de près. Selon lui, elles ont été réalisées avec un burin à bords plats, une méthode bien spécifique.
Cette technique, qui consiste à frapper la pierre avec l’outil presque à plat, produit des traces très particulières, avec des bords légèrement fragmentés. Or, cet usage aurait quasiment disparu aux alentours de l’an 150. Un détail technique qui, pour Li Yuelin, ancre solidement l’artefact dans la bonne période historique.
Une technique authentique ne prouve pas une histoire vraie
C’est là que réside toute la complexité de l’affaire. Même si la technique de gravure est authentique, cela ne prouve pas que l’expédition a réellement eu lieu. On peut imiter un style, ou un artisan de l’époque aurait pu graver un récit fictif pour des raisons qui nous échappent aujourd’hui. L’absence totale d’archives officielles mentionnant cette mission vers l’ouest reste le principal obstacle.
Comme le résume un des experts, quand un artefact survit aussi longtemps sans document pour le corroborer, on ne peut prouver son authenticité. Tout ce qu’on peut dire, c’est que le style, le contexte et la technique semblent cohérents avec l’époque. Mais la cohérence n’est pas une preuve formelle.
le mystère de l'empereur reste entier
Alors, preuve historique ou canular sophistiqué ? La vérité, comme souvent, est sans doute plus nuancée. Cette pierre gravée, qu’elle soit vraie ou fausse, a le mérite de nous replonger dans la psyché d’un des souverains les plus puissants et les plus énigmatiques de l’Histoire. Elle nous rappelle à quel point sa quête d’éternité était dévorante.
Le débat entre historiens et archéologues ne fait probablement que commencer. Il faudra sans doute de nouvelles analyses, peut-être de nouvelles découvertes, pour trancher. En attendant, la pierre du Qinghai n’a pas encore livré tous ses secrets, et la légende de Qin Shi Huang continue de s’épaissir.
Selon la source : geo.fr