Le téléphone au lit : ce geste anodin qui ruine notre sommeil (et notre santé mentale)
Auteur: Adam David
Le dernier coup d’œil aux réseaux sociaux, une vidéo qui s’enchaîne, un dernier mail à vérifier… Ce rituel nocturne, presque mécanique pour des millions de personnes, est devenu la norme. Pourtant, derrière la lueur bleutée de nos écrans se cache un ennemi silencieux de notre bien-être. Face à cette hyperconnexion, une idée fait son chemin : le « jeûne digital », ou l’art de savoir débrancher pour mieux se retrouver.
Le double piège de la lumière et du stress
Le problème est double. D’un côté, il y a la fameuse lumière bleue, désormais bien connue pour son effet pervers sur notre horloge biologique. En inhibant la production de mélatonine, l’hormone du sommeil, elle dit à notre cerveau de rester éveillé alors que tout notre corps réclame le repos. Mais ce n’est que la moitié du tableau.
De l’autre, il y a le contenu même de ce que l’on consulte. « Le téléphone est une source de stress, on se compare, on reçoit des notifications », résumait récemment la docteure Émilie Stenback sur les ondes de RTL. Qu’il s’agisse d’un email professionnel anxiogène ou du flux infini des réseaux sociaux, l’écran maintient notre esprit dans un état d’alerte permanent, incompatible avec un endormissement serein.
Quand le lit n'est plus un sanctuaire
À force d’associer le lit à cette stimulation mentale, on finit par brouiller les pistes. Le cerveau ne sait plus si cet espace est dédié au repos ou à la vigilance. Le sanctuaire de l’intimité et du sommeil se transforme alors en annexe du bureau, en agora sociale sans fin. Ce conditionnement négatif est un terreau fertile pour les troubles du sommeil, et notamment les insomnies chroniques. Le lit devient un lieu d’attente anxieuse, et non plus de lâcher-prise.
Un cercle vicieux, du coucher au lever
Ce qui commence le soir se poursuit bien souvent le matin. Le premier réflexe au réveil ? Attraper son téléphone. On expose ainsi notre cerveau, à peine sorti du sommeil, à un flot d’informations et de sollicitations. C’est le meilleur moyen de démarrer la journée avec une dose de cortisol, l’hormone du stress. Ce qui se passe le soir, cette fameuse « procrastination du sommeil » où l’on repousse l’heure de se coucher pour « scroller » encore un peu, alimente la fatigue et l’anxiété du lendemain. Le cycle infernal est bouclé.
Reprendre la main : les premiers pas vers la déconnexion
Alors, comment s’en sortir ? Sans forcément jeter son smartphone par la fenêtre, quelques ajustements peuvent faire une différence radicale. La première étape, et peut-être la plus cruciale, est de recréer une frontière physique. Le Dr Stenback conseille une règle simple : éteindre les écrans au moins une heure avant de se coucher, idéalement vers 20h, et surtout, bannir le téléphone de la chambre à coucher. Acheter un simple réveil matin peut être le meilleur investissement pour votre sommeil.
Pour aller plus loin : la sobriété numérique au quotidien
Pour ceux qui veulent aller plus loin, d’autres techniques existent pour rendre son téléphone moins « attirant ». Activer les filtres anti-lumière bleue en soirée est un minimum. Mais on peut aussi désactiver la quasi-totalité des notifications pour ne garder que les appels urgents, ou encore passer son écran en mode noir et blanc. Privé de ses couleurs vives, l’appareil perd soudainement une grande partie de son pouvoir addictif. Les fonctions « temps d’écran » intégrées aux téléphones permettent aussi de se fixer des limites sur les applications les plus chronophages.
plus qu'un jeûne, une reconquête
Finalement, ce « jeûne digital » est moins une privation qu’une reconquête. Celle de nos soirées, de nos matinées, et surtout de notre capacité à être pleinement présents, loin des sollicitations permanentes. Il ne s’agit pas de diaboliser l’outil, mais de lui redonner sa juste place, pour que la technologie reste à notre service, et non l’inverse. Retrouver un sommeil de qualité est souvent le premier bénéfice, et le plus spectaculaire, de cette nouvelle hygiène de vie.
Selon la source : passeportsante.net