Cette montagne d’argent qui arrive va rendre beaucoup de gens riches, mais peu y sont préparés
Auteur: Mathieu Gagnon
Imaginez une véritable montagne d’or. C’est un peu ce qui se prépare en ce moment. Aux États-Unis, et la tendance est la même partout en Occident, une somme absolument gigantesque est sur le point d’être transmise des anciennes générations aux plus jeunes. On parle de chiffres qui donnent le vertige : près de 16 000 milliards de dollars rien que pour la prochaine décennie.
Seulement voilà, il y a un hic. Un gros. La plupart de ceux qui vont recevoir cet argent n’auront pas la moindre idée de quoi en faire. C’est une bénédiction, bien sûr, mais qui peut vite tourner au cauchemar si on n’est pas préparé.
Le choc des émotions : le premier obstacle à surmonter
Recevoir un héritage, ce n’est pas comme gagner au loto. C’est un moment profondément lié à la perte d’un être cher. Et les émotions, on le sait, ne sont pas toujours bonnes conseillères en matière d’argent. Ashley Rittershaus, une planificatrice financière, le résume très bien : « Recevoir un héritage peut être une période très émotive. »
Le risque ? Prendre des décisions à la hâte, sous le coup de l’émotion. Certains vont s’empresser d’acheter la maison de leurs rêves ou une voiture de luxe sans vraiment y réfléchir. D’autres, paralysés par le chagrin ou la peur de mal faire, ne feront… rien du tout. Dans les deux cas, le résultat est rarement idéal. L’idéal serait de prendre le temps de faire son deuil, puis d’aborder la question de l’argent avec pragmatisme. Mais c’est plus facile à dire qu’à faire quand on est submergé.
La fièvre des dépenses : le piège de la richesse soudaine
Tom Scanlon, un autre expert financier, parle de la « fièvre Lamborghini ». Une expression imagée pour décrire cette envie irrépressible de flamber son argent frais dans des objets de luxe. Et c’est un vrai danger. « Selon le montant, une nouvelle richesse peut assurer l’avenir d’un héritier pour très longtemps », explique-t-il. « Mais elle peut aussi disparaître très vite si le bénéficiaire est atteint de cette fameuse fièvre. »
Plutôt que de céder aux sirènes de la consommation, les héritiers les plus sages intègrent cet argent à leurs projets de vie à long terme. C’est un moment clé pour prendre du recul, se demander ce que l’argent représente vraiment pour soi et quelles sont ses valeurs. C’est la meilleure façon de prendre le contrôle de la situation, au lieu de se laisser contrôler par elle.
L'inaction, un choix lourd de conséquences
À l’opposé de la fièvre acheteuse, il y a l’inertie. Beaucoup d’héritiers, ne sachant que faire, laissent l’argent là où il est. Parfois même sur le compte en banque ou le compte-titres du parent décédé. C’est une erreur que l’on voit souvent.
« Beaucoup de gens ne savent pas ce qu’ils devraient faire, alors il est plus simple de ne prendre aucune décision », rappelle Ashley Rittershaus. Le problème, c’est que cet argent était probablement investi en fonction de la situation financière d’une personne plus âgée, avec des objectifs différents. Les placements ne sont donc absolument pas adaptés à votre propre situation. Il se peut même que l’argent ne soit pas du tout investi et dorme sur un compte qui ne rapporte rien, se faisant grignoter par l’inflation.
Les premiers pas : comment bien placer son héritage (et gérer les impôts)
Alors, que faire concrètement ? Les conseillers recommandent souvent d’attendre un an avant de prendre des décisions financières majeures. Mais pendant cette période, il ne faut pas laisser l’argent dormir. Une solution simple et sans risque est de placer l’argent liquide sur un compte d’épargne à haut rendement ou un fonds monétaire. Ça rapporte bien plus qu’un compte courant.
Ensuite, il y a la question des impôts, qui peut faire peur. Mais il y a de bonnes nouvelles. Pour les biens qui ont pris de la valeur (une maison, des actions), il existe une règle fiscale très avantageuse. En gros, lorsque vous héritez, la valeur de départ du bien est réévaluée au jour du décès. Concrètement : si vos parents ont acheté une maison 50 000 € qui en vaut 300 000 € aujourd’hui, votre base de calcul pour l’impôt sur la plus-value devient 300 000 €. Si vous la vendez rapidement à ce prix, vous n’aurez quasiment pas d’impôt à payer ! Attention cependant, pour les comptes de retraite comme les assurances-vie, les règles sont différentes et plus complexes. Il est alors très judicieux de se faire aider par un conseiller financier ou un comptable.
Le défi de la jeunesse : penser à demain quand on veut vivre aujourd'hui
La plus grande erreur des jeunes héritiers, c’est peut-être… leur jeunesse. Quand on a 20 ou 30 ans, l’avenir paraît si loin. L’envie de profiter de la vie maintenant est plus forte que tout. « Il serait naïf de croire qu’ils vont être raisonnables avec leur argent », confie Marilou Davido, une autre conseillère. « Ils veulent vivre leur vie. Ils ne pensent pas si loin. »
Sa méthode est très intelligente. Plutôt que d’interdire, elle dialogue. Elle leur pose une simple question : « À quel âge pensez-vous vouloir prendre votre retraite ? ». À partir de leur réponse, elle calcule à l’envers ce qu’il faut mettre de côté aujourd’hui pour atteindre cet objectif. « Il s’agit de les faire travailler à rebours », dit-elle. Il faut trouver un compromis, un équilibre entre le plaisir de dépenser maintenant et la sagesse d’épargner pour plus tard. C’est bien plus efficace que de simplement dire : « Tu n’as pas le droit de toucher à cet argent. »
Selon la source : marketwatch.com