Un fragment de Mars à prix d’or : la vente qui divise scientifiques et collectionneurs
Auteur: Adam David
C’est une histoire comme seul le marché de l’art et des objets d’exception en produit. Un caillou venu de Mars, le plus gros jamais découvert sur notre planète, s’est retrouvé sous le feu des projecteurs chez Sotheby’s, pulvérisant les estimations. Mais derrière le record se cache une polémique qui agite le monde scientifique.
NWA 16788, une roche pas comme les autres
Son petit nom, c’est NWA 16788. Imaginez une roche de 25 kilos, aux teintes bigarrées de rouge, de brun et de gris, dont la forme témoigne d’une histoire cosmique mouvementée. Ce n’est pas juste un gros caillou : il est 70 % plus massif que le précédent détenteur du titre. Un spécimen unique en son genre, qui fait rêver les collectionneurs du monde entier.
Derrière les chiffres, une vente historique
La bataille s’est jouée ce mercredi 16 juillet chez Sotheby’s à New York. Estimée entre 2 et 4 millions de dollars, la météorite a vite fait de déjouer les pronostics. C’était sans compter sur la fièvre des enchères. Un acheteur, resté anonyme, a finalement remporté la mise pour 4,3 millions de dollars. Une fois les frais ajoutés, la facture finale grimpe à 5,3 millions de dollars, soit environ 4,6 millions d’euros. Un record absolu pour une roche martienne.
Un voyage de 225 millions de kilomètres
Avant d’atterrir sous le marteau du commissaire-priseur, cette roche a connu un périple que l’on peine à imaginer. Selon les analyses, elle aurait été arrachée à la planète Mars lors de l’impact colossal d’un astéroïde. Un choc si violent que certains de ses minéraux ont été instantanément vitrifiés. Après un voyage de 225 millions de kilomètres à travers le vide spatial, elle a fini sa course dans le désert du Sahara, où elle a été découverte.
Le regret de la communauté scientifique
Cette vente record a pourtant un goût amer pour le monde de la recherche. La crainte, à peine voilée, est que ce trésor géologique disparaisse dans le coffre-fort d’un collectionneur privé, le rendant inaccessible à l’étude. « Ce serait dommage qu’il disparaisse dans le coffre-fort d’un oligarque », a confié à CNN Steve Brusatte, paléontologue à l’université d’Édimbourg. Pour lui, comme pour beaucoup de ses confrères, la place de NWA 16788 est « dans un musée, où il pourra être étudié et où les enfants, les familles et le grand public pourront l’admirer ».
Quand les dinosaures volent la vedette
Aussi spectaculaire soit-il, ce record a pourtant été éclipsé le même jour. Car dans le petit monde des enchères hors normes, il y a toujours plus cher. Un squelette de dinosaure, un jeune Ceratosaurus nasicornis vieux de 150 millions d’années, a trouvé preneur pour la somme de 26 millions de dollars. Un chiffre qui rappelle que si une roche martienne est rare, les monstres du Jurassique continuent de fasciner et de faire flamber les portefeuilles. Le record absolu reste d’ailleurs détenu par un stégosaure, vendu 44,6 millions de dollars l’an passé.
Entre patrimoine universel et bien privé
Au-delà des chiffres vertigineux, la vente de NWA 16788 pose une question fondamentale qui dépasse le simple cadre de cette enchère. À qui appartient un fragment d’une autre planète ? Doit-il être considéré comme un bien privé, soumis aux lois du marché, ou comme une part du patrimoine universel, accessible à la science et au public ? Le débat, lui, n’est pas près d’être tranché.
Selon la source : demotivateur.fr