Disparu depuis 20 ans, le plus petit serpent du monde refait surface sous un caillou à la Barbade
Auteur: Adam David
On le croyait perdu, peut-être à jamais. Pas plus long qu’une allumette, si fin qu’on le prendrait pour un ver de terre, le serpent fil de la Barbade vient de refaire surface sur son île natale, près de deux décennies après sa dernière observation officielle. Une redécouverte presque miraculeuse qui redonne un mince espoir pour la biodiversité de cette île des Caraïbes.
Une trouvaille inespérée au terme d'une longue quête
Il aura fallu plus d’un an de recherches méticuleuses pour que la chance sourie enfin à l’équipe. C’est en mars 2025, en soulevant un simple caillou dans une zone boisée de l’est de l’île, que les scientifiques du ministère de l’Environnement de la Barbade et de l’ONG Re:wild ont aperçu la créature. Un moment suspendu, récompense d’un travail de fourmi pour retrouver la trace d’un animal quasi-invisible.
Pas plus épais qu'un spaghetti
Avec ses dix centimètres à l’âge adulte, le Tetracheilostoma carlae – pour les intimes de la taxonomie – détient officiellement le record du plus petit serpent de la planète. Son corps, d’une finesse déconcertante, n’est pas plus épais qu’un spaghetti cuit. C’est cette taille minuscule qui le rend si difficile à observer, le faisant passer pour un simple lombric aux yeux du promeneur non averti.
Une créature fantôme, même pour les spécialistes
Ce serpent a toujours été un fantôme. « Il n’y a eu qu’une poignée d’observations documentées depuis sa première description en 1889 », confie Connor Blades, l’un des agents du ministère impliqués dans la mission. Vivant principalement sous terre et dans la litière de feuilles, chassant des larves de fourmis et de termites, il mène une existence si secrète que chaque rencontre relève de l’exploit.
Une biologie d'une extrême fragilité
Si l’espèce est si rare, ce n’est pas uniquement dû à sa discrétion. Sa survie tient à un fil, et ce n’est pas qu’une image. Contrairement à d’autres serpents qui pondent plusieurs œufs, la femelle du serpent fil ne pond qu’un seul œuf à la fois. Un œuf unique, mais proportionnellement énorme, qui donne naissance à un juvénile déjà à la moitié de sa taille adulte. Ce faible taux de reproduction la rend incroyablement vulnérable au moindre changement dans son environnement.
Le symbole d'une forêt en sursis
Au-delà de l’animal lui-même, cette redécouverte est un rappel brutal de la situation écologique de la Barbade. Il ne subsiste aujourd’hui que 2 % de la forêt primaire de l’île, le reste ayant été rasé pour l’agriculture et l’urbanisation. « C’est un rappel, pour nous habitants de la Barbade, que nos forêts sont uniques et nécessitent d’être protégées de toute urgence », martèle Justin Springer, de l’ONG Re:wild.
Un sursis et une immense responsabilité
Selon la source : geo.fr