Alzheimer : ce signe précoce méconnu peut apparaître bien avant les troubles de la mémoire
Auteur: Adam David
Quand on pense à Alzheimer, l’image qui vient quasi systématiquement est celle de la mémoire qui s’efface, des souvenirs qui se dérobent. Pourtant, la réalité clinique pourrait être bien plus subtile. Et si le premier signal d’alarme n’était pas l’oubli, mais une tristesse persistante, une apathie qui s’installe ?
Un signal d'alarme méconnu
La maladie d’Alzheimer, forme la plus courante de démence, s’installerait souvent à bas bruit, des années avant que les troubles cognitifs ne deviennent évidents pour l’entourage. Si un diagnostic précoce ne permet pas encore de guérir, il est essentiel pour ralentir la progression et préserver une qualité de vie. C’est là que le repérage des tout premiers signes prend toute son importance.
Or, une vaste revue de la littérature scientifique, publiée en 2017, a jeté un pavé dans la mare. En épluchant des décennies de données, de 1937 à 2016, les chercheurs ont mis en lumière un symptôme précoce aussi fréquent que sous-estimé.
Quand la dépression s'invite avant l'oubli
Les chiffres sont pour le moins saisissants. Dans les études portant sur la forme tardive de la maladie, la plus courante, des symptômes dépressifs et des troubles cognitifs légers étaient présents chez respectivement 98,5 % et 99,1 % des personnes bien avant le diagnostic officiel. Ces signes ne sont donc pas anecdotiques, ils apparaissent comme la norme.
Fait encore plus marquant, la perte de mémoire, bien que perçue comme un signe précoce par les patients eux-mêmes, pouvait se manifester jusqu’à douze ans avant que la maladie ne soit cliniquement confirmée à un stade avancé. C’est dire le temps qui s’écoule entre les premiers signaux faibles et la prise en charge.
Une prudence scientifique de mise
Les auteurs de l’étude appellent eux-mêmes à une certaine prudence. Si leurs conclusions sont fortes, ils précisent que leur analyse repose sur un nombre limité d’études pour chaque symptôme. Il ne s’agit donc pas d’une certitude absolue, mais d’une piste extrêmement sérieuse qui invite à changer notre regard sur les premiers signes de la maladie. Une invitation à la vigilance, plus qu’une vérité gravée dans le marbre.
Le casse-tête du diagnostic
Identifier la dépression est déjà un défi en soi. Alors, la distinguer comme un symptôme précurseur d’Alzheimer relève du véritable casse-tête pour les médecins et les proches. L’Alzheimer’s Association américaine pointe d’ailleurs les nombreux symptômes qui se chevauchent : l’apathie, cette perte d’élan généralisée, le désintérêt pour des activités autrefois appréciées, ou encore le repli sur soi. Des difficultés de concentration peuvent aussi brouiller les pistes, s’apparentant à la fois à un trouble de l’humeur et à un déficit cognitif naissant.
Des nuances cliniques importantes
Toutefois, des nuances existent, et elles sont cruciales. Selon la même association, la dépression liée à Alzheimer est souvent moins sévère et plus fluctuante. La personne peut connaître des jours « avec » et des jours « sans », contrairement à l’état dépressif plus constant d’une pathologie psychiatrique classique. Autre point notable : les patients atteints d’Alzheimer à un stade précoce ont moins tendance à verbaliser leur tristesse ou à exprimer des idées suicidaires. Un silence qui peut rendre le diagnostic encore plus complexe.
Conclusion
Loin de la conclusion hâtive qu’il suffirait d’éviter la solitude pour parer la maladie, cette découverte pousse à une réflexion plus profonde. Surveiller la santé mentale de nos aînés n’est pas seulement un acte de bienveillance, c’est aussi un enjeu de santé publique et de détection précoce. Car derrière une dépression ou une apathie qui s’installe, peut parfois se cacher le début d’un long chemin avec la maladie d’Alzheimer.
Selon la source : aufeminin.com