Il aura suffi d’un court message de Donald Trump pour faire trembler l’un des géants américains de la tech. Jeudi, l’action d’Intel a chuté brutalement en Bourse, entraînée par un appel virulent de l’ancien président à la démission immédiate de son PDG, sur fond de tensions géopolitiques avec la Chine.
L'offensive sur Truth Social
C’est sur son réseau social, Truth Social, que l’ancien locataire de la Maison-Blanche a lancé l’offensive. Lip-Bu Tan, le dirigeant d’Intel, « est en situation de conflit d’intérêts majeur et doit démissionner, immédiatement. Il n’y a pas d’autre solution », a-t-il écrit, dans son style direct et sans appel. La réaction des marchés ne s’est pas fait attendre : le titre a rapidement perdu 5 % dans les échanges d’avant-Bourse, signant une journée pour le moins agitée pour le fabricant de puces.
Une pression politique qui ne date pas d'hier
Cette charge de Donald Trump n’arrive pas de nulle part. Elle fait écho aux préoccupations exprimées quelques jours plus tôt par le sénateur républicain de l’Arkansas, Tom Cotton, une voix influente sur les questions de sécurité nationale. Dans une lettre adressée à la présidence d’Intel, ce dernier s’inquiétait ouvertement des liens de Lip-Bu Tan avec des entreprises chinoises et de leur impact potentiel sur la sécurité nationale américaine.
Au cœur des accusations : les liaisons chinoises
Qu’est-ce qui est reproché exactement à Lip-Bu Tan ? Selon une enquête de l’agence Reuters publiée en avril, le dirigeant aurait, directement ou via des fonds de capital-risque, investi dans plusieurs sociétés chinoises, dont certaines seraient liées à l’armée populaire de libération. Le sénateur Cotton a également exhumé une ancienne affaire pénale impliquant Cadence Design, une entreprise que Tan a dirigée jusqu’en 2021, semant un peu plus le doute sur la capacité d’Intel à être un « gardien responsable des dollars du contribuable américain ».
Une polémique au pire moment pour Intel
Pour le géant des semi-conducteurs, cette polémique éclate au plus mal. Nommé en mars dernier pour redresser la barre après des ventes en berne sous son prédécesseur, Pat Gelsinger, Lip-Bu Tan avait déjà engagé un plan de réduction des coûts drastique. La division des fonderies, qui fabrique des puces pour d’autres entreprises et affichait une perte opérationnelle de plus de 3 milliards de dollars, a été touchée de plein fouet. Plusieurs projets d’usines, notamment en Allemagne et en Pologne, ont été annulés, et même le chantier très attendu d’une usine dans l’Ohio a été ralenti.
entre tensions géopolitiques et fragilité financière
L’affaire dépasse la simple personne de Lip-Bu Tan. Elle illustre la tension croissante entre les impératifs économiques des multinationales de la tech et les exigences de sécurité nationale, sur fond de guerre technologique entre Washington et Pékin. Sollicité par plusieurs médias, Intel n’a pour l’instant pas réagi. Un silence qui en dit long sur la complexité du dossier, pris en étau entre les pressions politiques et la fragilité de sa propre situation financière.
Selon la source : cnbc.com