Un astrophysicien propose l’impensable : envoyer une sonde visiter un trou noir
Auteur: Mathieu Gagnon
Les trous noirs, c’est un peu le grand mystère de notre univers. On sait qu’ils existent, mais comme ils n’émettent aucune lumière, c’est très difficile de les étudier de loin. On doit se contenter d’observer leurs effets sur ce qui les entoure. Mais un astrophysicien, Cosimo Bambi, a eu une idée qui sort complètement de l’ordinaire.
Il s’est dit : « Et si, au lieu de les regarder de loin, on allait tout simplement en voir un de près ? » Il a réalisé qu’une mission vers le trou noir le plus proche n’était pas si irréaliste que ça. C’est une idée neuve, personne n’y avait vraiment pensé avant, mais qui pourrait changer notre vision de l’univers.
Pourquoi prendre la peine d'aller si loin ?
La question est légitime. Pourquoi un tel voyage ? Parce que les trous noirs sont les endroits où la gravité est la plus forte dans tout l’univers. Si forte que même la lumière ne peut pas s’en échapper. C’est l’endroit parfait pour mettre à l’épreuve nos théories les plus solides, comme la relativité générale d’Einstein.
En fait, on ne sait absolument pas ce qu’il y a à l’intérieur d’un trou noir, derrière ce qu’on appelle « l’horizon des événements ». Nos théories actuelles donnent des prédictions, mais elles sont probablement incomplètes. Comme le dit le professeur Bambi, les trous noirs sont des laboratoires parfaits pour trouver des failles dans nos connaissances et, peut-être, développer une nouvelle physique.
Un projet qui demande beaucoup de patience
Soyons clairs : ce n’est pas pour demain. La technologie que nous avons aujourd’hui n’est pas encore prête pour un tel voyage. Les distances sont tellement énormes que le trajet prendrait des dizaines d’années. Mais il faut bien commencer quelque part.
C’est un projet pour le très long terme. Pensez-y comme la construction d’une cathédrale : ceux qui posent la première pierre savent qu’ils ne verront jamais la fin des travaux. Mais sans cette première étape, le projet ne verrait jamais le jour.
Premier obstacle : trouver la bonne destination
Le premier gros défi, c’est de trouver un trou noir à visiter. Le plus proche que l’on connaisse aujourd’hui se trouve à environ 1 565 années-lumière. C’est beaucoup trop loin. Mais il pourrait y en avoir de bien plus proches, cachés dans notre voisinage cosmique.
Le problème, c’est qu’un trou noir tout seul, qui n’avale rien, est très difficile à repérer. Heureusement, les astronomes deviennent de plus en plus doués pour les trouver en observant comment leur immense gravité déforme l’espace autour d’eux. Pour que la mission soit réalisable, il faudrait avoir la chance d’en trouver un à une distance de 20 à 25 années-lumière. Si c’est plus loin, entre 40 et 50 années-lumière, ça devient très compliqué. Au-delà, le professeur Bambi est clair : « j’ai peur qu’on doive abandonner. »
La technologie nécessaire pour un voyage interstellaire
Une fois la destination trouvée, comment s’y rendre ? Il faudrait construire un vaisseau capable d’atteindre une vitesse vertigineuse : environ un tiers de la vitesse de la lumière. Pour le lancer, on utiliserait de puissants lasers depuis la Terre. Ensuite, pendant son long périple, il se servirait de la lumière des étoiles pour s’alimenter en énergie.
Un tel voyage, même à cette vitesse folle, durerait environ 70 ans. C’est toute une vie, mais c’est le prix à payer pour atteindre les frontières de la connaissance.
La mission une fois arrivée à bon port
Imaginons que notre sonde arrive enfin près du trou noir. Que se passerait-il ? La meilleure option serait d’avoir non pas une, mais plusieurs sondes. Le vaisseau principal, sorte de « vaisseau mère », se mettrait en orbite et libérerait plusieurs petites sondes exploratrices.
Ces petites sondes communiqueraient entre elles en s’envoyant des signaux radio. En étudiant comment ces signaux sont tordus et ralentis par l’incroyable gravité du trou noir, les scientifiques sur Terre pourraient cartographier ses effets avec une précision jamais atteinte. On pourrait enfin « voir » comment la gravité se comporte dans des conditions aussi extrêmes.
Un siècle d'attente : le jeu en vaut-il la chandelle ?
Alors, au final, est-ce que ça vaut le coup ? Faisons le calcul : 70 ans de voyage, puis il faut encore attendre 20 ans que les premières données, voyageant à la vitesse de la lumière, nous parviennent. C’est une mission qui s’étalerait sur près d’un siècle. C’est très long.
Pour le professeur Bambi, la réponse est un grand oui. L’espoir n’est pas seulement de confirmer ce que l’on sait déjà, mais de découvrir des choses que nos théories actuelles ne prévoient pas. Ce serait la clé pour une toute nouvelle physique.
Ça peut sembler de la science-fiction, c’est vrai. Mais il y a 100 ans, les gens disaient qu’on ne détecterait jamais les ondes gravitationnelles. Et on l’a fait. Il y a 50 ans, on pensait qu’on ne verrait jamais l’ombre d’un trou noir. Et aujourd’hui, on en a des images. Parfois, les rêves les plus fous sont simplement la science de demain.
Selon la source : sciencealert.com