Le chant secret des phoques léopards : une mélodie qui nous est étonnamment familière
Auteur: Mathieu Gagnon
Vous ne le croiriez peut-être pas, mais au fin fond des eaux glacées de l’Antarctique, un animal que l’on pensait solitaire et redoutable passe ses journées à chanter. Et pas n’importe comment ! Des chercheurs viennent de faire une découverte assez touchante : les chants des phoques léopards, ces grands prédateurs, ressemblent de manière frappante aux comptines que nous chantons à nos enfants. Une trouvaille qui nous rappelle que, même dans les endroits les plus reculés du monde, la nature a des secrets bien gardés et pleins de poésie.
Le secret des chants sous-marins enfin révélé
Tout a commencé grâce à des scientifiques de l’université de Nouvelle-Galles du Sud, en Australie. Ils se sont penchés sur de vieux enregistrements des sons émis par ces phoques. Et là, surprise. Lucinda Chambers, qui a mené cette étude, explique que ces chants ne sont pas du tout un bruit au hasard. Au contraire, ils suivent une structure, un rythme très prévisible. En fait, quand on analyse le niveau de répétition et de simplicité de leurs mélodies, on se rend compte que c’est quasiment la même structure que nos propres comptines. C’est assez fascinant, vous ne trouvez pas ? On dirait presque qu’ils suivent une partition.
Mais alors, pourquoi chantent-ils ?
Attention, il ne faut pas s’imaginer que ces gros phoques chantent pour endormir leurs petits. La réalité est un peu moins… poétique. Ce sont principalement les mâles qui chantent, et ils ne le font pas pour bercer qui que ce soit. Leurs raisons sont bien plus terre à terre : il s’agit de compétition et de séduction. C’est un peu leur façon de se faire remarquer dans l’immensité glacée, pour attirer les femelles et, en même temps, pour dire aux autres mâles : « attention, ici c’est chez moi ! ».
Le grand rituel du printemps
Les phoques léopards vivent la plupart du temps seuls. Mais chaque année, au printemps, entre fin octobre et début janvier, tout change. Les mâles se lancent dans un véritable marathon de chant. Imaginez un peu : ils passent des heures, parfois jusqu’à 13 heures par jour, à plonger sous la banquise pour chanter pendant deux minutes, puis à remonter pour respirer, avant de recommencer. C’est un effort énorme ! Le professeur Tracey Rogers, qui a commencé à les enregistrer dans les années 90, les compare aux oiseaux chanteurs de l’océan Austral. Pendant la saison des amours, où que vous soyez, leur chant emplit l’océan.
Des chansons conçues pour aller loin
Leurs chants sont tous composés à partir des cinq mêmes sons de base. Ce qui rend chaque chanson unique, ce n’est pas le son lui-même, mais la façon dont le phoque organise ces sons. C’est l’ordre et la structure qui comptent. D’après les chercheurs, cette simplicité est voulue. En rendant la mélodie très structurée, presque répétitive, ils s’assurent que le message peut voyager sur de très longues distances sous la glace sans se perdre. C’est essentiel quand on sait que les femelles ne sont prêtes à s’accoupler que quelques jours par an. Il ne faut pas rater l’occasion !
Un message à double sens pour les autres phoques
Finalement, ce chant est un peu comme une annonce publique avec deux objectifs. D’un côté, il s’adresse aux femelles, comme pour leur dire : « Regardez comme je suis fort et beau, et écoutez comme je chante longtemps ». De l’autre, c’est un avertissement très clair pour les mâles concurrents, du genre : « Ceci est mon territoire, ne vous approchez pas ». C’est une sorte de démonstration de force. Le mâle qui chante le plus fort et le plus longtemps est probablement perçu comme le plus dominant et le plus apte à se reproduire. C’est la loi de la nature.
Chaque phoque a sa propre signature musicale
L’une des choses les plus incroyables, c’est que même s’ils utilisent tous les cinq mêmes « notes », chaque mâle les arrange dans un ordre qui lui est propre. C’est sa chanson, sa signature. C’est un peu comme si chaque phoque avait son propre nom, reconnaissable par les autres. Pour découvrir cela, le professeur Rogers a dû, à l’époque, marquer les phoques avec de la teinture pendant la journée, puis retourner les voir la nuit pour enregistrer leurs chants individuels. Un travail de patience qui nous permet aujourd’hui de mieux comprendre ces fascinants animaux.
Conclusion : Une histoire qui ne fait que commencer
Cette découverte est déjà extraordinaire, mais les chercheurs ne comptent pas s’arrêter là. Avec les outils modernes, ils veulent retourner en Antarctique pour voir si les choses ont changé depuis les années 90. Est-ce que les chants ont évolué ? Est-ce que de nouvelles « notes » sont apparues dans leur alphabet musical ? On dirait bien que même dans les endroits les plus froids et silencieux de la planète, il y a toujours une voix qui se fait entendre, une histoire qui se chante et qui attend d’être écoutée. Et c’est une belle leçon, non ?
Selon la source : earth.com