Qui n’a jamais rêvé de percer à jour un mensonge ? Oubliez le nez qui s’allonge ou le regard fuyant : la clé se trouverait moins dans les gestes que dans les mots. C’est la conclusion d’une étude suédoise qui a sondé une cinquantaine des meilleurs experts en la matière, et leurs conclusions bousculent bien des idées reçues.
Le grand mythe du langage corporel
La première idée à déconstruire est celle du langage corporel. Bras croisés, démangeaisons suspectes, regard qui fuit… nous avons tous en tête cette panoplie du parfait menteur. Pourtant, selon les chercheurs, c’est une piste particulièrement glissante. « Il n’existe aucun signe non verbal fiable pour détecter un mensonge », tranche Pär-Anders Granhag, professeur de psychologie et co-auteur de l’étude. Le stress d’un interrogatoire, la timidité ou simplement une personnalité anxieuse peuvent mimer à la perfection les signes que l’on attribue à tort à la malhonnêteté.
Une exception qui confirme la règle : le cercle intime
La seule véritable exception à cette règle ? Elle ne s’applique qu’à nos proches. Si vous connaissez bien une personne, un changement brutal et inhabituel dans son comportement peut effectivement mettre la puce à l’oreille. C’est la rupture avec sa « norme » qui alerte, pas le geste en lui-même. Mais face à un inconnu, cette grille de lecture est tout simplement inopérante.
Écouter plutôt que regarder : la clé est dans le récit
Alors, où chercher les indices ? Dans le discours lui-même. C’est là que tout se joue. Selon l’étude, près des trois quarts des experts s’accordent sur un point : un récit mensonger est souvent moins détaillé, plus vague qu’une histoire vraie. Le menteur tend à rester en surface, car « il préfère éviter les détails précis, qui sont plus difficiles à maintenir cohérents sur la durée », explique le chercheur Timothy Luke. La parade est donc simple : poser des questions précises et observer si votre interlocuteur peine à fournir des réponses claires et circonstanciées.
La preuve par les faits, l'arme la plus sûre
Au fond, la méthode la plus efficace est aussi la plus évidente : vérifier les faits. « Pensez à la dernière fois que vous avez surpris quelqu’un en train de mentir. Comment l’avez-vous su ? », interroge Timothy Luke. La réponse est rarement dans une intuition fulgurante sur son langage corporel. Le plus souvent, c’est parce qu’on détient une preuve : un message, un document, le témoignage d’un tiers. C’est cette confrontation au réel qui fait s’effondrer les constructions les plus élaborées.
La technique du « shift-of-strategy » : déstabiliser en douceur
Pour les situations plus subtiles, les experts recommandent une technique issue des interrogatoires de police, mais parfaitement adaptable. Baptisée « Shift-of-Strategy », elle consiste à ne pas accuser frontalement. Introduisez plutôt une information qui contredit le récit de votre interlocuteur et observez sa réaction. Par exemple, à quelqu’un qui assure avoir envoyé un document lundi, glissez : « Ah c’est curieux, on m’a dit qu’il n’était arrivé que vendredi. » Si la personne cherche immédiatement à rafistoler son histoire pour l’adapter à cette nouvelle donnée, c’est un signal d’alerte. Si elle le fait à plusieurs reprises, le doute n’est plus vraiment permis.
réapprendre à douter
Finalement, démasquer un menteur relève moins de la magie que d’une forme d’enquête patiente. Il s’agit d’écouter attentivement, de questionner intelligemment et de confronter les dires à la réalité. Mais attention, préviennent les auteurs de l’étude, une simple erreur de mémoire ou une incohérence ne font pas de quelqu’un un manipulateur. L’art de la détection du mensonge, c’est aussi savoir faire la part des choses entre une petite faiblesse et une véritable intention de tromper.
Selon la source : aufeminin.com