L’empreinte de main vieille de 4000 ans : la touche personnelle d’un artisan de l’Égypte ancienne
Auteur: Simon Kabbaj
Un artisan, il y a 4 000 ans, dans l’Égypte ancienne. Il fabrique un objet en argile, et sans le savoir, il y laisse une trace de son passage, une empreinte de sa main. Cette empreinte, c’est comme une poignée de main à travers le temps, un message personnel qui nous parvient aujourd’hui. Des chercheurs de l’Université de Cambridge viennent de faire cette découverte incroyable, qui nous rapproche comme jamais de ces artisans oubliés de l’histoire.
Une découverte faite par hasard
C’est une histoire qui commence un peu par hasard, comme souvent avec les grandes découvertes. C’est en préparant une nouvelle exposition, « Fabriqué en Égypte ancienne », que les conservateurs du musée Fitzwilliam de Cambridge ont examiné un objet sous différentes lumières. Et là, surprise ! Cachée sous une « maison de l’âme » en argile, une empreinte de main complète est apparue, parfaitement conservée. L’objet lui-même daterait d’environ 2055-1650 avant notre ère.
C'est quoi, une 'maison de l'âme' ?
Alors, c’est quoi exactement, une « maison de l’âme » ? C’est un objet culturel et religieux très important à cette époque. Il s’agit d’un modèle de maison en argile, parfois avec plusieurs étages, qui avait un double rôle. D’un côté, c’était une sorte de petite demeure pour l’âme du défunt, pour qu’elle ait un endroit où habiter dans l’au-delà. De l’autre, son espace ouvert servait de plateau pour y déposer de vraies offrandes, comme du pain, pour nourrir le défunt dans son voyage éternel.
La main du potier : un geste figé dans le temps
Comment cette empreinte est-elle arrivée là ? Les experts pensent qu’elle s’est formée tout simplement lorsque le potier a déplacé l’objet alors que l’argile était encore molle. Ce qui rend cette découverte si spéciale, c’est sa rareté. Helen Strudwick, égyptologue au musée, explique : « Nous avons déjà repéré des traces de doigts laissées dans du vernis humide ou sur la décoration d’un cercueil, mais il est rare et passionnant de trouver une empreinte de main complète ». C’est même la première qu’elle voit sur un artefact égyptien.
Les techniques de fabrication de l'époque
Cette découverte nous en dit aussi plus sur la façon dont ces artisans travaillaient. Pour fabriquer ces maisons de l’âme, les potiers construisaient d’abord une armature avec des bâtons de bois. Ils recouvraient ensuite cette structure d’argile. Au moment de la cuisson, les bâtons de bois brûlaient, laissant l’intérieur de la maison vide et servant en même temps de combustible pour le processus. C’était une technique ingénieuse et efficace.
L'origine de l'objet : le site de Deir Rifa
Cette maison de l’âme ne sort pas de nulle part. Elle a été découverte à l’origine sur le site de Deir Rifa, en Égypte. C’est un célèbre archéologue, Flinders Petrie, qui a mené les premières fouilles systématiques sur ce site en 1906. Il y a découvert de nombreuses tombes où ces maisons en argile étaient placées au-dessus des sépultures, agissant comme des marqueurs de tombe et des portails entre le monde des vivants et celui des morts.
La croyance en l'au-delà : pourquoi c'était si important
Pour les anciens Égyptiens, la mort n’était pas une fin, mais une transformation. Leurs croyances reposaient sur trois grandes idées : l’existence d’un monde souterrain, la vie éternelle et la renaissance de l’âme. C’est pour cela qu’il était si important de préserver le corps physique et les biens du défunt. Les maisons de l’âme étaient donc un élément essentiel des rituels funéraires, un rappel pour la famille de son devoir de subvenir aux besoins de ses proches, même après la mort.
Une exposition pour rendre hommage aux anonymes
Cette découverte s’inscrit parfaitement dans le thème de l’exposition « Fabriqué en Égypte ancienne », qui ouvrira ses portes en octobre 2025. Le but est de raconter l’histoire de l’Égypte à travers ceux qui l’ont construite : ses artisans, ces créateurs anonymes dont l’histoire a rarement retenu les noms. L’exposition présentera des prêts exceptionnels, notamment du Louvre à Paris et du Musée égyptien de Berlin, dont certaines pièces n’ont jamais été vues au Royaume-Uni.
Conclusion : une connexion humaine à travers l'histoire
Selon la source : cam.ac.uk