La planète brûle, et les populations migrent vers le nord, à l’image des hirondelles
Auteur: Mathieu Gagnon
On a tous en tête l’image d’un temps maussade quand on pense à l’Écosse. Et pourtant… Ma propre nièce, qui vit dans le Pays Basque, vient de subir sa deuxième alerte canicule avec des températures frôlant les 39°C. Un vrai cauchemar. Ironie du sort, quelques semaines plus tôt, elle était bloquée sur une île écossaise par une tempête. Son message était clair : « Je veux venir vivre dans le vent et la pluie de la belle et fraîche Écosse. » Ce qui ressemblait à une blague il y a quelques années est en train de devenir un souhait bien réel pour beaucoup de gens.
L'été écossais : une histoire de polaires, pas de degrés
Pendant des années, les Écossais ont regardé avec un mélange d’envie et d’agacement les bulletins météo annonçant des vagues de chaleur dans le sud. 15°C chez eux, 30°C à Londres, c’était la norme. En Écosse, l’été se mesure rarement en degrés mais plutôt en nombre de pulls ou de polaires qu’on doit enfiler. On parle d’un été « une polaire » ou, pour les plus frileux, « deux polaires ». Un été sans polaire du tout ? Impensable, une véritable légende.
Même au moment où j’écris ces lignes, il fait 29°C à Londres, mais ici, à peine 14°C. Et oui, j’ai ma petite polaire sur le dos. Ce froid, autrefois moqué, devient aujourd’hui un luxe.
Un changement de cap pour les vacances d'été
Ce qui est vraiment nouveau, c’est de voir des gens choisir délibérément l’Écosse pour leurs vacances, non pas pour ses châteaux, mais pour sa fraîcheur ! J’ai été stupéfait de voir des amis préférer les paysages écossais à la Toscane ou à la Grèce cet été. Mon propre fils est allé en Toscane, il a cru fondre sur place. Une amie de Londres est venue ici et a pris un plaisir fou à jardiner dans la fraîcheur. Fuir la fournaise des grandes villes pour trouver le réconfort dans les Highlands de l’Ouest, où personne n’est jamais mort d’un coup de chaud, voilà la nouvelle tendance.
L'immobilier s'enflamme dans le grand nord
Et si l’Écosse devenait le nouvel eldorado pour ceux qui cherchent à fuir la chaleur ? Ce n’est plus une simple idée en l’air. Les chiffres le prouvent. Les ventes de propriétés à des étrangers, notamment des Américains, sont en hausse. J’ai des amis européens qui ont déménagé ici pour le travail et qui adorent ce temps, après avoir suffoqué sous des 35°C et plus chez eux.
Une agence immobilière de luxe a noté une augmentation de 21% des ventes de maisons de plus de 500 000 £ au dernier trimestre. On voit même arriver de plus en plus de gens qui travaillent à Londres mais qui choisissent de vivre ici, dans la fraîcheur, quitte à faire de longs trajets.
Une population qui grandit, comme les hirondelles au printemps
Ce mouvement n’est pas anecdotique. Les statistiques officielles de l’Écosse montrent une forte immigration, qui fait augmenter la population. Les prévisions estiment que la population pourrait atteindre 5,8 millions d’habitants d’ici 25 ans, soit une croissance de plus de 6%. Et l’Écosse n’est pas seule : l’Islande, la Suède, la Norvège ou l’Irlande connaissent le même phénomène.
Finalement, c’est tout à fait naturel. Les gens se déplacent vers le nord, tout comme les hirondelles qui fuient les chaleurs extrêmes. Si la moitié des espèces animales de la planète le font pour survivre, pourquoi les humains seraient-ils différents ?
Conclusion : rêver de douceur, mais pas de canicule
Moi qui n’ai pas grandi ici, j’avoue avoir parfois rêvé de ces longues et douces soirées d’été qu’on peut passer dehors dans le sud. Avec le réchauffement climatique, peut-être qu’elles finiront par arriver jusqu’en Écosse de mon vivant.
Ce serait agréable. Et puis, qui sait, peut-être même que les terribles moucherons écossais, les midges, auront disparu d’ici là. Enfin… ça, c’est sans doute un peu trop optimiste !
Selon la source : observer.co.uk