Un petit tour de tête, et puis crac. Ce bruit sec, presque satisfaisant, qui donne l’impression de libérer une tension accumulée après des heures passées devant un écran. Pour beaucoup, faire craquer son cou est devenu un réflexe, une ponctuation dans la journée de travail.
Mais ce geste, en apparence anodin, est-il vraiment sans conséquence pour cette zone si fragile qui soutient notre tête ? On a posé la question à des spécialistes.
L'avis de la spécialiste : une question de mesure
Faut-il s’en inquiéter ? Pas forcément, si l’on en croit la neurochirurgienne Deborah Benzil, qui officie à la prestigieuse Cleveland Clinic. Pour elle, tout est une question de mesure. « Se faire craquer le cou n’est pas problématique tant que cela reste peu fréquent et que ce n’est pas fait avec trop de force », explique-t-elle.
En somme, un craquement occasionnel, réalisé en douceur et sans douleur, ne présente pas de danger immédiat. Elle résume sa pensée d’une formule simple : « C’est un peu comme pour tout dans la vie : un peu, ça va, mais trop peut devenir nocif.”
La ligne rouge à ne pas franchir
Car si le craquement occasionnel est toléré, la répétition quasi obsessionnelle ou les manipulations brutales changent la donne. Lorsque le geste devient trop fréquent ou trop énergique, les risques ne sont plus négligeables. On parle alors de possibles conséquences assez sérieuses.
Le principal danger ? User prématurément les articulations, pincer un nerf, voire provoquer sur le long terme une instabilité chronique de la zone cervicale. C’est à ce moment que le petit soulagement passager peut se transformer en problème bien réel.
Derrière le tic, la tension de nos vies modernes
Ce besoin de se faire craquer le cou n’est souvent que le symptôme d’un mal plus profond : la tension musculaire. Comme le rappelle l’ostéopathe Adrien Ezine, la grande majorité des douleurs de la nuque sont d’origine « mécanique ». En cause, nos postures, souvent inadaptées et prolongées.
Le coupable est tout trouvé : le travail de bureau. « Si vous travaillez sur un clavier qui est trop bas, vous vous forcez à vous pencher vers l’avant”, illustre la Dre Benzil. Une chaise mal réglée, un écran mal positionné, et les muscles trapèzes et cervicaux finissent par se contracter en permanence, créant ce besoin de « déblocage ».
Comment soulager son cou sans le faire craquer ?
Plutôt que de compter sur ce *crac* libérateur, les spécialistes s’accordent sur des solutions de fond, bien plus efficaces. La première étape consiste à corriger sa posture au quotidien, en s’assurant que le regard soit bien à l’horizontale face à son écran. La nuit, le choix de l’oreiller n’est pas un détail : il doit être adapté à votre position de sommeil pour bien aligner la colonne.
En complément, des exercices réguliers de renforcement et d’étirement doux peuvent faire des merveilles. Pensez aussi à des gestes simples en fin de journée : un massage avec une pommade chauffante ou l’utilisation d’un tour de cou thermique peuvent aider à détendre les muscles en profondeur.
Les signaux d'alerte à ne jamais ignorer
Même si la plupart des douleurs sont bénignes, il faut savoir rester à l’écoute de son corps. Si une douleur au cou persiste plus d’une semaine malgré vos efforts, s’aggrave, ou irradie dans le bras, il est temps de consulter son médecin traitant.
Certains symptômes doivent même vous amener à prendre rendez-vous dans la journée : des fourmillements, une perte de sensibilité ou de mobilité, ou une douleur apparue juste après une chute. Enfin, un drapeau rouge absolu doit déclencher un appel d’urgence : une douleur violente et soudaine, accompagnée de fièvre, de maux de tête intenses ou de difficultés à respirer. Dans ce cas, pas d’hésitation, on contacte le 15 ou le 112.
écouter le message derrière le bruit
Finalement, faire craquer son cou n’est pas le véritable problème. C’est surtout un signal, l’indicateur d’une tension qui cherche à s’exprimer. Le geste apporte un soulagement éphémère à un inconfort qui, lui, est bien réel et souvent lié à nos modes de vie.
L’enjeu n’est donc pas tant de bannir ce réflexe à tout prix que d’apprendre à écouter ce que notre corps essaie de nous dire. Et, le plus souvent, il nous demande simplement un peu plus de mouvement et une meilleure posture.
Selon la source : femmeactuelle.fr