On n’y pense pas toujours, mais ce qu’on met dans notre assiette peut parfois jouer de sacrés tours à nos médicaments. C’est une réalité un peu surprenante. Prenez l’histoire de cet homme en Inde. Après avoir pris du sildénafil, plus connu sous le nom de Viagra, il a aussi bu une bonne rasade de jus de grenade. Résultat ? Une situation disons… persistante et plutôt gênante, qui l’a conduit aux urgences. Les médecins ont fini par comprendre : le jus avait décuplé la puissance du médicament. C’est un exemple frappant, mais loin d’être isolé. De plus en plus de chercheurs se penchent sur ces drôles de mariages entre aliments et pilules, pour nous aider à éviter les mauvaises surprises, et même, qui sait, pour en tirer profit.
Le pamplemousse, un ami qui ne vous veut pas toujours du bien
C’est sans doute l’exemple le plus célèbre. Le pamplemousse, qu’on aime tant au petit-déjeuner, peut être un véritable problème avec de nombreux médicaments. Pourquoi ? Imaginez que votre corps a une petite équipe de ‘nettoyage’ pour éliminer les médicaments une fois qu’ils ont fait leur travail. Eh bien, le pamplemousse met cette équipe en pause. Le médicament reste donc plus longtemps dans le corps, et sa concentration peut grimper jusqu’à devenir toxique. Cela concerne beaucoup de traitements courants, comme certaines statines (pour le cholestérol), des médicaments pour la tension artérielle, et même des traitements donnés après une greffe d’organe. Et attention, les jus sont souvent plus concentrés que le fruit lui-même, donc l’effet peut être encore plus fort.
Quand les fibres et le lait jouent les trouble-fêtes
Parfois, au lieu d’augmenter l’effet d’un médicament, la nourriture peut au contraire l’empêcher de fonctionner correctement. C’est le cas avec certains produits laitiers comme le lait, les yaourts ou le fromage. Le calcium qu’ils contiennent peut s’accrocher à certains antibiotiques (comme la ciprofloxacine) dans l’intestin. C’est un peu comme si le laitage faisait un ‘câlin’ au médicament et l’empêchait de passer dans le sang. Les aliments très riches en fibres, comme les céréales complètes, peuvent avoir un effet similaire. Heureusement, la solution est toute simple : il suffit de ne pas les consommer en même temps. Un décalage de deux à quatre heures avant ou après la prise du médicament suffit généralement à régler le problème. Vous pouvez donc garder votre verre de lait, mais pas avec votre pilule !
Les légumes verts et les anticoagulants, une affaire d'équilibre
Voilà une interaction qui préoccupe beaucoup de gens sous traitement anticoagulant, comme la warfarine. Les légumes à feuilles vertes (épinards, choux, brocolis…) sont riches en vitamine K, une vitamine qui aide le sang à coaguler. L’anticoagulant, lui, fait le contraire. Alors, faut-il arrêter d’en manger ? Surtout pas ! Ces légumes sont excellents pour la santé. La clé, c’est la régularité. Si vous avez l’habitude de manger une salade tous les jours, continuez. Votre médecin ajustera la dose de votre médicament en fonction de votre régime alimentaire habituel. Ce qu’il faut éviter, ce sont les changements brutaux : passer d’aucun légume vert à une énorme portion tous les jours, par exemple. C’est cet équilibre qui compte.
Fromage, réglisse et autres aliments à surveiller
D’autres aliments peuvent aussi causer des soucis avec des médicaments bien spécifiques. Par exemple, on conseille souvent aux personnes qui prennent une ancienne classe d’antidépresseurs (les IMAO) d’éviter les aliments fermentés ou les fromages très affinés. Ces aliments contiennent de la tyramine, une substance qui, mal éliminée par le corps à cause du médicament, peut provoquer de dangereuses montées de tension. La réglisse, elle aussi, peut interagir avec certains médicaments pour le cœur ou des antidépresseurs. Heureusement, ces cas sont moins fréquents, mais ils nous rappellent que même des aliments qui semblent anodins peuvent avoir un rôle à jouer.
Les plantes et compléments ne sont pas si inoffensifs
On a tendance à penser que tout ce qui est ‘naturel’ est sans danger. C’est une erreur ! Les plantes, tisanes et compléments alimentaires peuvent être très puissants et interagir fortement avec vos traitements. Des chercheurs ont rapporté le cas d’un patient dont le foie a été gravement atteint après avoir bu une tisane d’artichaut en même temps que son traitement pour l’arthrite. Le curcuma, très à la mode, peut renforcer l’effet des anticoagulants. Le millepertuis, utilisé contre la déprime, est connu pour annuler l’effet de certaines pilules contraceptives ou de traitements contre le cancer. La règle d’or est donc simple : parlez absolument de TOUT ce que vous prenez à votre médecin ou pharmacien, même si ça vous semble anodin.
Et si l'alimentation devenait une alliée du traitement ?
Après toutes ces mises en garde, voilà une bonne nouvelle. Des scientifiques explorent maintenant comment utiliser ces interactions de manière positive ! L’idée est de trouver des régimes alimentaires qui pourraient rendre les médicaments plus efficaces. C’est une piste très sérieuse en cancérologie. Par exemple, des chercheurs ont découvert que certains traitements contre le cancer fonctionnent mieux lorsque les patients suivent un régime pauvre en sucres. En gros, le régime ‘affame’ les cellules cancéreuses, les rendant plus vulnérables à l’attaque du médicament. Ce n’est que le début, mais imaginer qu’un jour votre médecin vous prescrive non seulement des pilules, mais aussi un menu adapté pour les accompagner, c’est plutôt prometteur, non ?
Conclusion : Le mot d'ordre, c'est le dialogue
Alors, que faut-il retenir de tout ça ? Surtout, pas de panique. La plupart des médicaments ne sont pas affectés par la nourriture. Mais pour ceux qui le sont, être informé peut tout changer. Vous n’avez pas besoin de devenir un expert en biochimie. Le réflexe le plus important est simple : la communication. Parlez à votre médecin et à votre pharmacien. Posez-leur la question directement : ‘Y a-t-il des aliments à éviter avec ce traitement ?’. Lisez la notice. C’est ce simple dialogue qui est votre meilleure protection contre les mauvaises surprises. C’est la meilleure façon de s’assurer que votre traitement fonctionne comme il le doit, en toute sécurité. Et bon, par précaution, on évitera peut-être le mélange jus de grenade et Viagra.
Selon la source : bbc.com