Chikungunya : le vaccin de Valneva, espoir mondial, brutalement stoppé aux États-Unis
Auteur: Adam David
C’était une promesse immense contre un fléau qui gagne du terrain. Mais l’aventure américaine du vaccin IXCHIQ®, développé par le laboratoire franco-autrichien Valneva contre le chikungunya, vient de connaître un coup d’arrêt brutal. La décision des autorités sanitaires américaines de suspendre sa commercialisation relance un débat complexe : celui de l’équilibre, toujours précaire, entre l’urgence de protéger et l’impératif de ne pas nuire.
Le couperet américain
Tout s’est joué le 25 août 2025. Ce jour-là, la Food and Drug Administration (FDA) a sifflé la fin de la partie pour IXCHIQ® sur le sol américain, ordonnant l’arrêt immédiat des distributions. En cause : quatre nouveaux signalements d’effets indésirables graves, dont les symptômes miment étrangement ceux de la maladie elle-même. Trois des patients étaient âgés, entre 70 et 82 ans, un profil déjà identifié comme étant à risque.
Du côté de Valneva, on tente de calmer le jeu. Le directeur général, Thomas Lingelbach, a qualifié ces cas de « comparables à ceux déjà connus », tout en assurant que le vaccin restait un « outil essentiel pour la santé mondiale ». Une défense qui peine pourtant à masquer l’inquiétude grandissante.
Des signaux d'alerte qui avaient déjà retenti en Europe
Pour qui suivait le dossier, ces signaux d’alerte ont un air de déjà-vu. Au printemps 2025, en pleine épidémie sur l’île de La Réunion, une vingtaine de cas similaires avaient déjà été recensés chez des personnes âgées après vaccination. Un décès avait même été jugé *probablement* lié au vaccin, jetant un premier froid sur l’enthousiasme général.
À l’époque, les autorités françaises et européennes avaient réagi en suspendant temporairement son utilisation chez les plus de 65 ans. Une mesure levée en juillet, au motif que les bénéfices l’emportaient toujours sur les risques pour le reste de la population. Une décision qui, aujourd’hui, semble peut-être un peu hâtive.
Un vaccin révolutionnaire, mais à double tranchant
Il faut dire que le vaccin de Valneva est une petite révolution technologique. Premier du genre à être homologué contre le chikungunya, il repose sur une souche vivante atténuée du virus. Cette méthode, très efficace pour déclencher une forte réponse immunitaire (près de 99 %), comporte aussi des risques inhérents, en particulier pour les organismes les plus fragiles.
C’est la raison pour laquelle il a toujours été contre-indiqué chez les personnes immunodéprimées et les plus de 65 ans. L’Agence européenne des médicaments (EMA) elle-même, tout en validant le vaccin, avait insisté sur la nécessité d’une surveillance renforcée. Une précaution qui prend aujourd’hui tout son sens.
Le chikungunya, cette menace silencieuse qui progresse
Car derrière ce débat sur la sécurité vaccinale, il y a une urgence sanitaire bien réelle. Le chikungunya n’est pas une maladie anodine. Transmis par le fameux moustique-tigre, il provoque une fièvre foudroyante et des douleurs articulaires si intenses qu’elles peuvent clouer au lit des mois, voire des années, laissant parfois des séquelles invalidantes à vie.
Depuis le début des années 2000, le virus a conquis plus de 110 pays, touchant des millions de personnes. Sans traitement spécifique, la prévention par la vaccination est vue comme la seule véritable porte de sortie pour endiguer les épidémies futures. On comprend mieux, dès lors, l’immense espoir placé dans ce vaccin.
L'équation impossible ?
La suspension américaine place donc les autorités sanitaires mondiales face à un dilemme cornélien. Comment protéger les populations d’une maladie de plus en plus présente sans exposer les plus fragiles à des risques graves ? Pour Valneva, le coup est rude et l’avenir de son produit phare s’écrit désormais en pointillés aux États-Unis.
Le chemin vers une solution vaccinale sûre pour tous est encore long. Et pendant ce temps, le moustique, lui, continue son expansion silencieuse.
Selon la source : passeportsante.net