Une querelle familiale, une soirée qui dérape, et l’impensable. À Acton Vale, en Montérégie, une jeune femme de 30 ans est aujourd’hui plongée dans le coma, après avoir été violemment percutée par le conjoint de sa mère. Un drame d’une brutalité folle, qui s’est noué sous les yeux de ses proches, impuissants.
Une dispute, puis le chaos
Tout a basculé samedi soir, aux alentours de 22 heures. La famille était réunie dans un bar de la région quand une dispute a éclaté entre la mère de famille et son compagnon des onze dernières années, Daniel Delisle. Voulant quitter les lieux, l’homme de 50 ans a pris le volant de son véhicule. C’est à ce moment que le drame s’est produit.
Pour une raison que l’enquête devra éclaircir, il aurait alors happé sa belle-fille, Mylainka Jacob. Sous les yeux des siens, horrifiés, la jeune femme a été traînée sur une cinquantaine de mètres. « Tout a basculé d’une minute à l’autre », souffle Hélaina Tremblay, la sœur de la victime, encore sous le choc.
La fuite et l'arrestation
Plutôt que de s’arrêter et de porter secours à la jeune femme gisant au sol, Daniel Delisle a pris la fuite. Un geste qui défie l’entendement pour les proches. « C’est lâche, très lâche de blesser quelqu’un et le laisser par terre, mais en plus, quand c’est ta belle-fille », lâche Hélaina.
Le fuyard n’est pas allé bien loin. Il a été interpellé le lendemain par la Sûreté du Québec, et son véhicule a été saisi pour analyse. Libéré sous promesse de comparaître, il pourrait faire face à de lourdes accusations, notamment délit de fuite et agression armée causant des lésions.
Entre la vie et la mort
Pendant ce temps, Mylainka Jacob lutte pour sa vie. Admise dans un hôpital montréalais, elle est toujours maintenue dans le coma. Le diagnostic est terrible : traumatisme crânien, vertèbres brisées, fractures au nez et à la mâchoire. Sa peau porte aussi les stigmates de la collision, brûlée par le frottement sur l’asphalte.
« On prend ça une journée à la fois. On essaie de ne pas trop regarder loin en avant parce que ça fait peur », confie sa sœur, à son chevet. La famille est suspendue au verdict des médecins, oscillant entre espoir et angoisse.
Le choc de la trahison
Au-delà de la violence de l’acte, c’est le sentiment de trahison qui domine. Daniel Delisle faisait partie de leur vie. « C’était quasiment mon père. C’est bouleversant. On ne comprend pas trop ce qu’on vit », explique Hélaina. L’incompréhension est totale, d’autant que quelques heures avant le drame, les deux sœurs avaient aidé leur beau-père.
« Elle était toujours prête à l’aider. Et des heures après, il lui passe dessus avec son char. C’est troublant », poursuit-elle, la voix brisée. Une proximité qui rend l’agression encore plus insoutenable.
Les « drapeaux rouges » ignorés
Avec le recul, Hélaina Tremblay admet que la relation entre sa mère et son conjoint était devenue « houleuse » ces derniers mois. Aujourd’hui, elle lance un appel à la vigilance, pour que ce drame serve au moins à quelque chose. Elle invite les gens à ne pas ignorer les signaux d’alarme, ces fameux « drapeaux rouges ».
« Si on avait su que ça allait virer en drame comme ça, on n’aurait pas attendu que ma sœur soit sur son lit de mort avant d’agir », regrette-t-elle amèrement. « Cette petite voix qui vous parle, écoutez-la. En tant que famille, on aurait dû agir… et ça aurait peut-être permis d’éviter ce drame ».
Un profil qui interroge
L’homme ne serait d’ailleurs pas un inconnu des services de police, du moins sur la route. Selon nos informations, Daniel Delisle accumule les infractions au Code de la sécurité routière. Depuis le début de l’année seulement, il aurait reçu une dizaine de contraventions.
Le mois dernier encore, il aurait été intercepté à 127 km/h dans une zone de 80. Un profil de conducteur qui semble mépriser les règles et qui, ce soir-là, aurait transformé son véhicule en arme.
une famille en éclats
Aujourd’hui, une famille est en éclats. D’un côté, une jeune femme se bat pour survivre à ses terribles blessures. De l’autre, un homme qui a partagé leur vie pendant plus d’une décennie devra répondre de ses actes devant la justice. Reste une question, lancinante : comment une soirée ordinaire a-t-elle pu s’achever dans un tel bain de sang ?
Selon la source : journaldemontreal.com