La promesse d’un corps sculpté, de performances sportives qui forcent l’admiration… Pour beaucoup d’adolescents, l’attrait est puissant. Mais derrière cette quête, une réalité médicale bien plus sombre se dessine, comme le révèle une enquête menée dans le cadre du Programme canadien de surveillance pédiatrique. Des médecins tirent la sonnette d’alarme sur les dangers de ces substances, parfois consommées dès le plus jeune âge.
Un phénomène plus visible qu'on ne le pense
Les chiffres sont là, et ils interpellent. Sur plus de 800 pédiatres canadiens interrogés, 17 % – soit près d’un sur six – ont déclaré avoir traité des adolescents pour des problèmes de santé directement liés à la prise de suppléments ou de médicaments visant à améliorer la performance. Et ce, juste au cours de la dernière année. Au total, ce sont 55 cas concrets qui ont été rapportés par les 857 spécialistes ayant répondu.
Des patients de plus en plus jeunes
Le profil type ? Majoritairement des garçons, ce qui n’est guère une surprise. Ce qui l’est beaucoup plus, en revanche, c’est leur âge. Plus de la moitié des jeunes patients avaient entre 13 et 15 ans. Fait encore plus troublant, près d’un tiers d’entre eux étaient encore des enfants, âgés de 10 à 12 ans à peine. Une précocité qui inquiète fortement les professionnels de santé.
Du shaker de protéines aux stéroïdes
De quoi parle-t-on exactement ? Selon Kyle Ganson, professeur à l’Université de Toronto et cochercheur de l’étude, le spectre est large. Il va des suppléments légaux, comme les célèbres protéines de lactosérum (whey), la créatine ou les « pre-workouts », jusqu’aux produits illégaux et bien plus dangereux comme les stéroïdes anabolisants. Les conséquences observées par les pédiatres ne sont pas anodines : elles incluent notamment des troubles rénaux et gastro-intestinaux.
Un angle mort dans le suivi médical
Le problème, c’est que cette consommation passe souvent sous les radars du corps médical. L’enquête révèle une faille préoccupante : plus de la moitié des pédiatres interrogés admettent ne jamais dépister l’usage de ces substances dans leur pratique quotidienne. Pire encore, plus d’un quart d’entre eux avouent tout simplement ne pas bien connaître ces produits. Un manque d’information qui laisse les jeunes et leurs parents bien seuls face à ce marché.
un appel à la vigilance
La plupart des 55 patients recensés se sont heureusement complètement rétablis. Mais pour une vingtaine d’entre eux, des séquelles persistent ou l’issue reste incertaine. Face à ce constat, le message de Kyle Ganson est clair : il est urgent que les médecins et les parents s’informent. D’autant que ces poudres et gélules ne se cachent plus dans des boutiques spécialisées. On les trouve désormais en libre accès à l’épicerie, en pharmacie ou à portée de clic sur internet, rendant la vigilance de tous d’autant plus cruciale.
Selon la source : noovo.info