Et si la menace ne venait pas de là où on l’attend ? Loin des facteurs de risque bien identifiés, certaines de nos habitudes les plus banales, presque des rituels, pourraient lentement paver la voie à la maladie d’Alzheimer. Manger tard, s’endormir devant un écran… Ces gestes, en apparence inoffensifs, s’avèrent être de potentiels saboteurs de notre santé cérébrale, comme le souligne le neuroscientifique Robert Love.
Le piège nocturne : quand la chambre devient une zone à risque
Le premier coupable se trouve souvent là où l’on cherche le repos : la chambre à coucher. Selon Robert Love, y installer une télévision est l’une des pires décisions pour notre sommeil. La lumière bleue émise par les écrans, qu’il s’agisse de la télé ou du smartphone consulté pour un dernier mail, perturbe directement notre production de mélatonine. L’endormissement devient plus difficile, et le sommeil, moins profond, perd son pouvoir réparateur si essentiel au cerveau.
Ce n’est pas tout. Cette habitude de vérifier ses messages avant de fermer les yeux combine le pire des deux mondes : la lumière bleue et une stimulation intellectuelle qui génère du stress. Difficile, dans ces conditions, de laisser le cerveau se mettre en mode « nettoyage ». Le conseil du spécialiste est simple : bannir les écrans de la chambre, ou a minima les éteindre une à deux heures avant de se coucher.
L'assiette du soir, un enjeu pour la mémoire
L’autre piège de nos soirées se joue dans la cuisine. Dîner puis s’allonger moins de deux heures après est une autre habitude pointée du doigt. Le processus de digestion est complexe et demande une énergie considérable. Lorsque le corps est en position horizontale, ce travail est non seulement moins efficace, mais il monopolise des ressources qui devraient être allouées à d’autres fonctions vitales durant la nuit.
Pendant que notre système digestif s’échine, le cerveau, lui, est privé d’une partie de l’énergie nécessaire à ses propres opérations de maintenance. « Si vous mangez juste avant de dormir, cela altère le sommeil », résume Robert Love. Laisser un intervalle de deux à trois heures entre le dernier repas et le coucher permettrait au corps de se consacrer pleinement à sa régénération nocturne.
Le jour aussi, le cerveau sous pression
Mais les risques ne se nichent pas uniquement dans les heures qui précèdent le sommeil. Notre rythme de vie diurne a aussi son mot à dire. Le multitâche, par exemple, glorifié dans le monde professionnel, est en réalité un fardeau pour notre cerveau. En le forçant à jongler constamment entre plusieurs sollicitations, on surcharge ses capacités, on diminue notre concentration et, à terme, on pourrait fragiliser notre mémoire.
L’idée n’est pas de devenir moins productif, mais de travailler différemment. Privilégier une tâche à la fois, la mener à bien avant de passer à la suivante, permettrait de préserver nos ressources cognitives sur le long terme. C’est un changement de philosophie plus qu’une contrainte.
Stress et mauvais sommeil : le cocktail toxique
Au fond, toutes ces mauvaises habitudes convergent vers deux ennemis majeurs de notre cerveau : le stress chronique et un sommeil de mauvaise qualité. Un niveau de cortisol (l’hormone du stress) constamment élevé peut endommager l’hippocampe, cette structure cérébrale si cruciale pour la mémoire et l’apprentissage. On parle de véritable toxicité pour les neurones.
Quant au sommeil, son rôle est fondamental. C’est durant la nuit que le cerveau active son système de nettoyage interne pour éliminer les déchets métaboliques, notamment les fameuses plaques bêta-amyloïdes associées à Alzheimer. Un sommeil fragmenté ou insuffisant, c’est comme laisser les poubelles s’accumuler dans les rues de notre esprit. Prioriser des nuits complètes et régulières est donc bien plus qu’une question de confort : c’est un acte de prévention majeur.
reprendre le contrôle par de petits gestes
La bonne nouvelle, c’est que ces facteurs de risque sont modifiables. Il ne s’agit pas d’une fatalité génétique contre laquelle on ne peut rien, mais d’une somme de petits ajustements à notre portée. Éteindre son téléphone plus tôt, dîner plus léger, marcher quelques minutes pour décompresser après le travail… Chaque geste compte.
Loin d’être une sentence, ces avertissements sont une invitation à prendre soin de soi, à écouter les besoins de notre corps et de notre esprit. La santé de notre cerveau se cultive au quotidien, et il n’est jamais trop tard pour commencer à semer les bonnes graines.
Selon la source : aufeminin.com