Une étude révèle un lien entre la structure du cerveau et le risque génétique de dépression majeure
Auteur: Mathieu Gagnon
La dépression, ce n’est pas juste un coup de blues. C’est une vraie maladie qui touche énormément de monde, près de 4 personnes sur 100 sur la planète. On se sent triste en permanence, on perd le goût des choses qu’on aimait… Ça peut même nous empêcher de dormir ou de manger correctement. Quand c’est très fort, on parle de dépression majeure, et ça peut vraiment nous mettre à l’arrêt.
On sait depuis longtemps que ça vient d’un mélange de choses : ce qu’on vit, notre environnement, mais aussi nos gènes. Et c’est sur cette partie-là, la partie génétique, que des chercheurs viennent de faire une découverte assez fascinante.
Le 'score de risque' génétique, c'est quoi au juste ?
Imaginez que nos gènes sont un immense livre d’instructions. Pour certaines maladies, les scientifiques peuvent lire ce livre et calculer un ‘score’. C’est ce qu’ils appellent le score de risque polygénique (SRP). C’est un peu comme une note qui estime notre prédisposition à développer une maladie, comme la dépression, en se basant sur des milliers de petites variations dans nos gènes.
Attention, ce n’est pas une boule de cristal ! Avoir un score élevé ne veut pas dire qu’on sera forcément malade. C’est juste une indication, un facteur de risque parmi d’autres.
Une enquête scientifique d'une ampleur inédite
Pour y voir plus clair, des chercheurs de plusieurs grandes universités dans le monde se sont regroupés. Ils ont mené une étude gigantesque, vraiment. Ils ont analysé les données de plus de 50 000 personnes, provenant de 11 études différentes. C’est un travail colossal.
Leur objectif ? Voir s’il y avait un lien entre ce fameux score de risque génétique pour la dépression et la forme, la structure même du cerveau des gens.
Quand les gènes se voient sur un scanner cérébral
Et ils ont trouvé quelque chose. En comparant les scores de risque génétique avec les images des cerveaux (les scanners), ils ont remarqué un schéma qui se répétait. C’est assez troublant, en fait. Les personnes qui avaient un risque génétique plus élevé de développer une dépression majeure avaient tendance à avoir un cerveau légèrement différent.
Concrètement, le volume total à l’intérieur du crâne était un peu plus petit, et la surface de certaines zones du cerveau, qu’on appelle le cortex, était aussi réduite.
Quelles sont les zones du cerveau qui semblent affectées ?
Les chercheurs ont pu identifier des zones bien précises. C’est comme s’ils avaient une carte du cerveau et qu’ils pointaient du doigt les régions concernées. Chez les personnes avec un risque génétique plus élevé, ils ont observé une taille réduite dans plusieurs zones clés :
- Le lobe frontal, surtout une petite partie appelée le gyrus orbito-frontal médian gauche. C’est une zone importante pour réguler nos émotions.
- Des régions plus profondes du cerveau comme le thalamus, l’hippocampe (très lié à la mémoire et à l’humeur) et le pallidum.
C’est un peu technique, mais l’idée à retenir, c’est que le risque n’est pas une idée vague. Il semble laisser une signature physique, mesurable, dans notre cerveau.
Ce lien existe-t-il aussi chez les plus jeunes ?
Une question importante était de savoir si ces différences étaient visibles dès le plus jeune âge. La réponse est oui. Même chez les participants de moins de 25 ans, les chercheurs ont retrouvé les mêmes schémas. Les différences étaient un peu moins marquées que chez les adultes plus âgés, mais bien présentes.
Ça suggère que cette vulnérabilité pourrait être là très tôt, bien avant que la maladie ne se déclare pour de bon.
Et si un cerveau plus petit était une cause, et non une conséquence ?
C’est la question à un million. Est-ce que la dépression abîme le cerveau, ou est-ce qu’une certaine structure du cerveau nous rend plus fragile à la dépression ? Grâce à des méthodes d’analyse très poussées, l’étude penche pour la deuxième option.
Il semblerait, en particulier, qu’un hippocampe gauche plus petit pourrait être une cause directe qui augmente le risque de dépression. C’est une piste énorme, car ça change notre façon de voir les choses. Ce n’est pas seulement ‘dans la tête’, c’est aussi dans la structure même de notre biologie.
Conclusion : vers une meilleure prévention à l'avenir ?
Alors, à quoi ça sert de savoir tout ça ? Eh bien, c’est un grand pas en avant. Comprendre les racines biologiques de la dépression, c’est se donner les moyens d’agir plus tôt. On peut imaginer qu’un jour, on pourra identifier les personnes à haut risque bien avant qu’elles ne tombent malades et leur proposer des aides, un soutien, des interventions personnalisées pour renforcer leur résilience.
Ça ne va pas tout changer du jour au lendemain, bien sûr. Mais c’est une lueur d’espoir. Une preuve de plus que la recherche avance et qu’on comprend de mieux en mieux cette maladie complexe pour, un jour, mieux la combattre.
Selon la source : medicalxpress.com