La « maladie du baiser », transmise par une punaise, s’est installée pour de bon aux États-Unis
Auteur: Simon Kabbaj
C’est une nouvelle qui a de quoi nous rendre un peu nerveux. Une maladie dangereuse, parfois mortelle, transmise par un insecte au nom trompeusement mignon, la ‘punaise qui embrasse’, est en train de s’installer durablement dans le sud des États-Unis. Des chercheurs affirment dans une nouvelle étude que la maladie de Chagas, jusqu’ici associée à l’Amérique latine, est maintenant présente de manière permanente dans cette région. C’est un avertissement important qui nous montre que les maladies ne connaissent pas de frontières.
La 'maladie du baiser', c'est quoi exactement ?
La maladie de Chagas est causée par un parasite microscopique appelé Trypanosoma cruzi. Ce parasite est transporté par différentes espèces de ‘punaises qui embrassent’. On les appelle comme ça parce qu’elles ont la fâcheuse habitude de nous piquer près de la bouche ou des yeux pendant notre sommeil pour se nourrir de notre sang. Mais ce n’est pas la piqûre qui nous infecte. C’est le fait que l’insecte, en se nourrissant, fait ses besoins juste à côté. C’est dans ses excréments que se trouve le parasite. En nous grattant, nous faisons entrer le parasite dans la plaie.
Une maladie silencieuse aux conséquences graves
Le plus grand danger de cette maladie, c’est qu’elle est souvent silencieuse. Au début, on peut avoir des symptômes qui ressemblent à une grippe, puis plus rien pendant des années, voire des décennies. Mais pendant ce temps, le parasite travaille en silence. Chez environ un tiers des personnes infectées, la maladie finit par provoquer de graves problèmes cardiaques, comme une augmentation de la taille du cœur. Cela peut entraîner une insuffisance cardiaque et même la mort. On estime qu’environ 8 millions de personnes dans le monde sont infectées.
La preuve que la maladie est bien installée aux États-Unis
Jusqu’à présent, on pensait que les cas de maladie de Chagas aux États-Unis étaient des personnes qui l’avaient attrapée en voyageant en Amérique du Sud ou Centrale. Mais les chercheurs, dans leur article publié dans la revue *Emerging Infectious Diseases*, ont rassemblé de nombreuses preuves qui montrent que ce n’est plus le cas. Ils ont identifié des cas de personnes qui ont été infectées localement, dans au moins huit États du sud comme le Texas, la Californie et la Floride, sans jamais avoir voyagé.
Les punaises et les animaux locaux sont aussi infectés
Pour qu’une maladie s’installe durablement, il faut trois choses : le parasite, l’insecte qui le transporte, et des animaux qui servent de ‘réservoir’. Et aux États-Unis, les trois sont maintenant présents. Les chercheurs ont montré que :
- Plusieurs espèces de ‘punaises qui embrassent’ capables de transmettre le parasite vivent dans le sud du pays.
- Des études ont montré qu’un grand nombre de ces punaises locales sont déjà infectées.
- Le parasite a été retrouvé chez de nombreux animaux sauvages locaux, mais aussi chez des animaux domestiques, notamment les chiens.
Le cycle de la maladie est donc complet et peut se maintenir sur place.
Un danger présent, mais encore faible
La seule petite lueur d’espoir dans cette histoire, c’est que pour l’instant, le niveau de transmission aux humains reste faible. Mais le problème, c’est qu’on se bat un peu à l’aveugle. Comme la maladie de Chagas n’est pas une ‘maladie à déclaration obligatoire’ dans la plupart des États, les médecins ne sont pas tenus de signaler les cas qu’ils diagnostiquent. On a donc une vision très floue de l’ampleur réelle du problème.
Pourquoi il est si important de reconnaître le problème
Les chercheurs insistent sur un point : il est crucial de reconnaître officiellement que la maladie de Chagas est maintenant ‘endémique’ aux États-Unis, c’est-à-dire installée durablement. Cela permettrait de mieux suivre sa progression, de mieux informer les médecins et le public, et surtout, de permettre aux personnes infectées d’être diagnostiquées et traitées à temps, avant que les graves problèmes cardiaques n’apparaissent. Un traitement précoce peut en effet empêcher la maladie d’évoluer.
Conclusion : une nouvelle réalité sanitaire à prendre en compte
Selon la source : gizmodo.com