Deux chiens renifleurs auraient détecté la présence d’un animal rare que l’on croyait disparu
Auteur: Adam David
C’est une trace infime, presque un miracle. Un tas d’excréments repéré au cœur du parc national de Way Kambas, en Indonésie, pourrait bien réécrire une histoire que l’on pensait terminée. Et si c’était la preuve qu’un animal mythique, le rhinocéros de Sumatra, que les scientifiques croyaient éteint dans cette région, rôdait encore dans la forêt ?
Le flair infaillible de Yagi et Quinn
Les héros de cette histoire ne sont pas des chercheurs en blouse blanche, mais deux chiens. Leur nom ? Yagi, un labrador retriever noir, et Quinn, une femelle cocker. Ils ne sont pas des chiens comme les autres. Formés par Working Dogs for Conservation, une organisation américaine spécialisée, leur mission est de mettre leur odorat exceptionnel au service de la biodiversité.
Là où les expéditions humaines ont échoué pendant des années, il n’aura fallu que deux jours à leur flair surpuissant pour déceler une piste. Une piste qui redonne un souffle d’espoir à toute une communauté de défenseurs de l’environnement.
Plus qu'une simple intuition, une découverte tangible
Leur travail sur le terrain a été d’une précision chirurgicale. Yagi a marqué l’arrêt devant un tas de déjections, un indice concret. Quinn, de son côté, a manifesté un « changement de comportement », comme le rapporte le magazine Smithsonian, signalant la présence récente d’un rhinocéros dans les parages. C’est ce genre de micro-signal, imperceptible pour un humain, qui fait toute la différence.
Un coup de chance ? pas vraiment
Ce succès n’est pas le fruit du hasard. Avant d’arpenter la jungle, Yagi et Quinn se sont entraînés des mois durant. Leur matériel pédagogique ? Les excréments des dix rhinocéros captifs du Sanctuaire qui se trouve au sein même du parc. Ils ont mémorisé cette odeur si particulière pour pouvoir la traquer en milieu sauvage.
« Les chiens ont été dressés sur des excréments de rhinocéros. Ils ont trouvé ce que tout le monde croit être des excréments de rhinocéros. Nous pensons que c’est une excellente nouvelle », résume sobrement Jeremy Hance, de l’International Rhino Foundation, l’un des partenaires du projet.
La science appelée à la rescousse
Le flair a fait son œuvre, place maintenant au laboratoire. Les premiers tests ADN réalisés sur les échantillons sont formels : il s’agit bien de déjections d’un rhinocéros de Sumatra. Une première victoire immense. Mais les scientifiques restent prudents. D’autres analyses sont en cours pour tenter de prouver de manière irréfutable qu’un individu vivant se cache bel et bien dans le parc.
C’est toute la différence entre trouver la trace d’un fantôme et confirmer qu’il est toujours bien vivant.
Le rhinocéros de Sumatra, une espèce au bord du gouffre
Il faut dire que la nouvelle a de quoi surprendre. Cela faisait des années que les experts avaient pratiquement baissé les bras, persuadés que l’espèce avait été rayée de la carte à Way Kambas. Le rhinocéros de Sumatra est une créature aussi discrète que fragile. C’est le plus petit de son espèce, et le seul rhinocéros asiatique à posséder deux cornes.
Son existence est un combat de tous les instants. La déforestation et le braconnage ont décimé sa population, au point que l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) l’a classé en danger critique d’extinction. On estime qu’il ne resterait qu’entre 34 et 47 individus à l’état sauvage. Un chiffre terriblement bas.
une lueur dans la jungle
Cette découverte, si elle est confirmée, serait donc bien plus qu’une simple ligne dans un rapport scientifique. Pour les équipes qui se battent au quotidien pour la survie de l’espèce, c’est le signe qu’il ne faut jamais abandonner. C’est l’espoir fragile, mais bien réel, qu’il n’est peut-être pas trop tard. Une lueur d’espoir au plus profond de la jungle de Sumatra.
Selon la source : science-et-vie.com