Perte de poids : cinq points essentiels à connaître entre biologie, calories, volonté, sport et maladies
Auteur: Mathieu Gagnon
On nous le répète sans arrêt : pour maigrir, il faut « mieux manger » et « bouger plus ». Simple, non ? Pourtant, beaucoup d’entre nous savent que la réalité est bien plus compliquée. On se lance dans des régimes, on transpire à la salle de sport, et pourtant, les kilos s’accrochent ou reviennent au galop. On finit par se sentir coupable, en pensant que c’est un manque de volonté. Mais si je vous disais que le problème n’est peut-être pas vous, mais tout ce qu’on vous a raconté ?
Après des années à étudier la question, je peux vous assurer que le poids est une affaire bien plus complexe qu’une simple addition de calories. C’est une histoire de biologie, d’environnement et même de société. Oublions les idées reçues et regardons ensemble ce que la science nous dit vraiment.
Notre corps, cet allié qui nous met des bâtons dans les roues
C’est peut-être la chose la plus frustrante à accepter : perdre du poids va à l’encontre de notre propre biologie. Notre corps n’aime pas maigrir. Il est programmé depuis la nuit des temps pour stocker de l’énergie en prévision des périodes de disette. Quand vous commencez à manger moins, il ne se dit pas « Super, on va avoir la ligne pour l’été ! ». Non, il panique et active son mode survie.
Ce mécanisme s’appelle l’« adaptation métabolique ». En gros, quand vous perdez du poids, votre corps ralentit la dépense d’énergie pour économiser le peu que vous lui donnez. Pire encore, il augmente la production d’hormones de la faim, comme la fameuse ghréline (pensez-y comme l’hormone qui crie « J’ai faim ! » dans votre estomac). Résultat : vous avez plus faim, vous brûlez moins de calories, et la reprise de poids devient presque inévitable. Ce n’est donc pas un échec personnel, mais une réponse tout à fait normale et prévisible de votre organisme.
Et si ce n'était pas un manque de volonté ?
On connaît tous quelqu’un qui semble pouvoir manger n’importe quoi sans prendre un gramme, tandis que d’autres ont l’impression de grossir rien qu’en regardant une pâtisserie. Est-ce que cette personne a plus de volonté ? Pas du tout. La génétique joue un rôle énorme. Certains d’entre nous sont simplement prédisposés à avoir plus faim ou à stocker les graisses plus facilement.
Mais ce n’est pas tout. Notre environnement compte énormément. Avoir le temps de cuisiner des repas sains, l’argent pour acheter des produits frais, un parc sécurisé près de chez soi pour marcher, ou simplement des journées de travail moins stressantes… tout ça fait une différence gigantesque. Mettre la responsabilité du poids uniquement sur les épaules des gens, c’est ignorer complètement ces inégalités. C’est facile de dire à quelqu’un de « mieux manger » quand on a les moyens et le temps de le faire.
L'arnaque du comptage des calories
Compter les calories, quelle corvée ! Et pour quoi, au final ? C’est une méthode très approximative. D’abord, les étiquettes ne sont que des estimations. Ensuite, notre corps n’absorbe pas l’énergie de la même manière selon les aliments. L’idée qu’« une calorie est une calorie » est complètement dépassée.
Imaginez : 100 calories de biscuits industriels et 100 calories d’un œuf dur. Pour le corps, ce n’est absolument pas la même chose. Le biscuit va faire grimper votre sucre en flèche, puis le faire chuter, vous laissant affamé une heure plus tard. L’œuf, lui, est plein de protéines et de bons nutriments. Il va vous rassasier pour longtemps. La leçon à retenir est simple : la qualité de ce que vous mangez est bien plus importante que la quantité de calories. Mieux vaut se concentrer sur des aliments complets et naturels plutôt que de se torturer avec une calculatrice.
Le sport, un ami pour la santé, pas un ennemi des kilos
On pense souvent qu’il suffit de suer des heures à la salle de sport pour voir les kilos fondre. Malheureusement, là encore, notre corps est malin. Quand on fait une grosse séance d’exercice, il a tendance à compenser. Soit on bouge moins le reste de la journée sans s’en rendre compte, soit on a plus faim et on mange un peu plus. Au final, l’impact sur la perte de poids est souvent bien moins important qu’on ne l’imagine.
Alors, faut-il arrêter le sport ? Surtout pas ! L’activité physique est un véritable cadeau pour votre santé, même si la balance ne bouge pas. Elle est excellente pour le cœur, le moral, la solidité des os, la force musculaire… La liste des bienfaits est infinie. Le plus important est de trouver une activité que vous aimez, que ce soit la marche, le jardinage, la danse ou la natation. Faites-le pour vous sentir bien, pas pour vous punir.
La santé, bien plus qu'un chiffre sur la balance
Et si on arrêtait cette obsession du poids ? On peut être en parfaite santé sans correspondre à un poids dit « idéal ». Se concentrer uniquement sur ce chiffre peut être décourageant et nous faire oublier l’essentiel.
Des études montrent que l’on peut considérablement améliorer sa santé sans perdre un seul kilo. En mangeant un peu mieux et en bougeant un peu plus, vous pouvez faire baisser votre tension artérielle, votre cholestérol ou votre glycémie. N’est-ce pas ça, le plus important ? Se sentir plus énergique, mieux dormir, avoir moins de douleurs… Voilà de vrais objectifs qui changent la vie, bien plus qu’un nombre affiché sur un écran.
Conclusion : et si on se fichait la paix ?
La perte de poids est un parcours semé d’embûches, souvent injuste, et dicté par bien plus que notre seule volonté. Plutôt que de vous lancer dans un énième régime restrictif qui vous rendra malheureux, pourquoi ne pas essayer une autre approche ? Soyez bienveillant avec vous-même. Célébrez chaque petite victoire : cette promenade que vous avez appréciée, ce repas maison que vous avez savouré, cette nuit où vous avez bien dormi.
La santé, c’est un tout. C’est prendre soin de son corps et de son esprit, à son propre rythme. Alors, la prochaine fois que vous vous sentirez coupable, souvenez-vous que votre corps fait de son mieux. Et que le plus important, c’est de vivre une vie saine et heureuse, peu importe le chiffre sur la balance.
Selon la source : slate.fr