Cette école a confisqué les portables, et ce qui s’est passé a surpris tout le monde
Auteur: Mathieu Gagnon
On les voit partout, n’est-ce pas ? La tête baissée, les doigts qui glissent sur un écran. Même dans les cours d’école, le bruit des rires est parfois remplacé par le silence des réseaux sociaux. On se dit que c’est l’époque, que c’est comme ça. Mais au Chili, une école a décidé de dire stop. Pas juste pour faire joli, mais pour voir ce qui se passerait si on débranchait les enfants. Et franchement, le résultat est assez incroyable.
L'idée un peu folle d'une école de Santiago
À Santiago, la capitale du Chili, le lycée Lo Barnechea Bicentenario a lancé une expérience unique dans le pays. Le principe est simple : bloquer le signal des téléphones portables de tous les élèves. Fini Instagram, fini TikTok pendant les heures de cours et les pauses. Au lieu de ça, l’école a mis le paquet pour que les jeunes se reconnectent… mais entre eux. Pensez à des tables de ping-pong, des terrains de volley, des jeux de société à la bibliothèque. Des choses simples, en fait.
Le directeur, Humberto Garrido, l’a bien vu : « Les pauses sont beaucoup plus vivantes maintenant ». L’idée, c’est de créer un plan complet pour que les jeunes aient envie de lever la tête de leur écran.
Comment ça marche, cette détox numérique ?
Alors, comment on fait pour que les ados lâchent leur précieux téléphone ? L’école n’a pas choisi de les confisquer, ce qui aurait pu créer de l’angoisse. Non, la solution est plus maligne. Chaque matin, les élèves placent leur portable dans une pochette spéciale. Cette pochette contient un aimant qui bloque le signal. Ils gardent leur téléphone sur eux, mais impossible de s’en servir. Seuls les surveillants de l’école peuvent désactiver le système à la fin de la journée.
Une élève de 13 ans, Francisca, explique que ça la rassure : « Avec ces pochettes, je suis plus à l’aise parce que je l’ai toujours sur moi et j’en prends soin ». Une façon douce de couper le cordon, en quelque sorte.
Les premiers à en parler ? les élèves eux-mêmes
On pourrait croire que ça a été la crise. Eh bien, pas vraiment. Après quelques jours pour s’habituer, les retours des élèves, des profs et même des parents sont très bons. C’est peut-être ça, la plus grande surprise.
José David, 14 ans, le dit lui-même : « Je me sens plus libre, je passe plus de temps en récréation, je parle plus avec mes camarades. Je joue beaucoup plus au sport. » Avant, il passait son temps sur TikTok et Instagram. Maintenant, il redécouvre le plaisir simple de taper dans un ballon ou de discuter avec ses amis. Un changement de vie, ni plus ni moins.
Un problème de santé publique bien réel
Si l’école a pris cette décision, ce n’est pas par hasard. Les chiffres sont là et ils font un peu peur. Au Chili, comme ailleurs, les études montrent que les enfants passent beaucoup trop de temps devant les écrans. Le maire du quartier, Felipe Alessandri, est très clair : « Aujourd’hui, on a des enfants qui ont toutes sortes de problèmes : dépression, anxiété et obésité ». Et quand on leur enlève leur portable, c’est parfois l’hystérie.
Une étude britannique a même montré que les jeunes qui se sentent accros à leur téléphone ont trois fois plus de risques de souffrir de dépression. Carolina Pérez, une spécialiste de l’éducation, résume bien le problème : « Ces appareils ont été conçus pour créer une dépendance ».
Une distraction qui coûte cher à l'école
Au-delà de la santé, il y a aussi l’apprentissage. Une grande étude internationale (l’OCDE) a montré que plus de la moitié des élèves chiliens se disent distraits en classe par leurs appareils numériques. C’est bien plus que la moyenne des autres pays. Les résultats aux examens nationaux ne sont pas bons, notamment en maths et en lecture. La situation s’est même aggravée avec les cours à distance pendant la pandémie.
Le portable en classe, ce n’est pas juste un manque de politesse, ça affecte directement la concentration et la capacité à apprendre. Difficile de retenir une leçon d’histoire quand on reçoit des notifications toutes les deux minutes.
Et si c'était le début d'un grand changement ?
L’initiative de cette école n’est pour l’instant qu’un test, appliqué aux élèves de 4ème. Mais face au succès, elle va bientôt être étendue à toutes les classes et à d’autres écoles du quartier. Et ça ne s’arrête pas là. Le sujet est devenu si important qu’au niveau national, le Sénat chilien discute d’une loi pour interdire ou réguler l’usage des portables dans tous les établissements scolaires du pays.
Ce qui se passe à Santiago pourrait bien faire des petits, au Chili et peut-être même ailleurs. Une simple pochette pour bloquer les ondes, et c’est toute une génération qui réapprend à se regarder dans les yeux.
Conclusion : plus qu'une interdiction, une invitation
Finalement, cette histoire n’est pas seulement celle d’une interdiction. C’est plutôt une invitation. Une invitation à lever les yeux, à parler à son voisin, à courir dans la cour de récré. C’est un rappel que les connexions les plus importantes ne passent pas par le Wi-Fi. Bien sûr, la technologie a ses bons côtés, personne ne dit le contraire. Mais cette expérience chilienne nous pose une question simple : et si on essayait, de temps en temps, de se déconnecter pour mieux se retrouver ? Ça vaut le coup d’y penser, non ?
Selon la source : apnews.com